Le train est en marche, il vient même d’ailleurs de connaitre un sacré coup d’accélérateur. Il s’agit, comme beaucoup peuvent bien s’en douter, de celui de la normalisation.
En effet, il n’a pas échappé à plusieurs, le regain de vitalité qui semble avoir gagné le comité de normalisation au lendemain de la propagation de son bail. Désormais, les initiatives fusent et c’est à ce moment que les masques commencent à tomber, que les réels motivations et mobiles des uns tendent à se dévoiler au grand jour.
L’activité du comité de normalisation au courant de la semaine écoulée, peut se saisir à travers trois axes majeurs : la campagne de préparation du retour des « auto » exclus de la sélection nationale masculine A, le soutien de la fédération marocaine de football au Cameroun actée par une déclaration officielle et enfin l’officialisation de l’intérim du sélectionneur des lions indomptables et par conséquent l’ouverture de la candidature au recrutement du remplaçant d’Hugo Broos. Ces trois occurrence se recoupent et peuvent ainsi se combiner en une à savoir : la première.
C’est à Paris dans la capitale française, que Me Dieudonné Happi a présidé une réunion autour d’un certain nombre de joueurs en disgrâce avec la sélectionnable nationale. Une initiative qui vise, selon la fédération camerounaise de football, à rebâtir une équipe nationale compétitive en prélude à la Can 2019 que le Cameroun va abriter. C'est-à-dire que dans l’idée comme dans l’action, la page Hugo Bross et Tombi A Roko, plombée par des problèmes multiformes de gestion au sein de la tanière des lions indomptables est résolument tournée. C’est ainsi qu’il a rencontré Samuel Eto’o, Allan Nyom, Choupo Moting, Kameni Carlos, Onana André, Bahoken Stéphane, Kana Biyick Armel et le représentant d’Ibrahim Amadou. Des « bannis » dont ils croient encore capables de porter haut les couleurs nationales.
Seulement cette liste a la légitimité de susciter quelques interrogations, si ce n’est pour le moins la curiosité. Cette suspicion qui enfle au jour le jour, tient de ce que la campagne, disait le comité Happi, concerne des joueurs qui, pour des raisons autres que leurs performances sportives, ont pris la décision d’abroger leur carrière internationale ou alors de fermer la porte à la sélection. C’est dire si la liste de la fécafoot peut apparaitre comme manquante de rigueur et d’épaisseur. Toutefois, n’allons pas très vite en besogne au risque de verser dans le platonique car le penser serait faire litière de la subtilité observée dans la note d’information publiée pour l’occasion. En effet, elle faisait astucieusement mention de certains footballeurs et non tous. Comme quoi, le scénario était déjà bien pensé et huilé et la communication venait seulement légitimer et conférer à cette démarche, un caractère légal reposant sur des principes et énoncés prédéfinis. Voilà qui semble clair certes d’une part mais aussi clivant d’autre part. Et le clivage tient de ce que nombre de footballeurs absents de la sélection nationale, pour des motifs extra sportifs et par conséquent aux antipodes de leur performance, ne font pas partie de la liste du normalisateur. Autrement, comment peut-on prétendre à une campagne de réconciliation en divisant, en excluant par la même occasion ?
Et comme si cela ne suffisait pas, le casting des footballeurs appelés, laisse à désirer, avec des têtes d’affiches dont la contribution dans le pourrissement de l’atmosphère au sein des lions indomptables n’est plus à démontrer. On aperçoit alors, comme le nez au milieu du visage, une dualité maligne dans la communication de la fécafoot notamment l’aspect relatif à la retraite internationale « Ladite campagne concerne des joueurs qui, pour des raisons autres que leurs performances sportives, ont pris la décision soit de mettre un terme à leur carrière internationale, soit de ne pas intégrer cette sélection ». Une orientation bien vicieuse et viciée. Que cela s’agisse d’une opération de rachat, de rédemption, l’acte est louable mais il reste et demeure que l’équipe nationale est une institution, un label qui doit continuer sa marche inexorable vers la conquête de nouveaux lauriers. De ce fait, il est malvenu de faire fixation sur des personnages dont la contribution au rayonnement du Cameroun est et reste incontestable mais dont la pertinence et la portée de leur action dans la dynamique de construction engagée aujourd’hui, ne garantit aucune sérénité ; tellement leurs écarts d’hier, justifiés ou non, ont créé de profonds malaises, de grosses plaies qui restent encore béantes.
Le Cameroun est en marche et cette marche concerne tous les secteurs et ne saurait être assujettie à la contribution d’un individu. De grâce, le football, comme la politique est une affaire de période, d’époque. Tout comme Roger Milla a fait son temps et a cédé la place, le cycle est appelé à se perpétuer, peu importe le temps que ça prendra. Et ce ne sont pas les combines des uns avec leur marionnette, les combinaisons des autres via leur clown et les diatribes de certains avec la bénédiction de leur girouette, qui arrêterons cette dynamique sociale enclenchée, surtout par ces temps de très haute sensibilité.