• Gaëlle Enganamouit a démissionné de son poste de Team Manager de l'équipe nationale féminine
• Elle a accordé une interview à la CRTV avant sa démission
• L'intégralité de l'interview
C'est le nouveau scandale qui secoue le monde du football féminin du Cameroun depuis quelques jours. Il a volé la vedette à la démission de l'ancienne capitaine des Lionnes indomptables de son poste de Team Manager de l'équipe nationale féminine séniore du Cameroun.
En effet, des vidéos d'un sextape impliquant Gaëlle Enganamouit sont devenues virales sur les réseaux sociaux et suscitent des commentaires qui écornent l'image de la footballeuse camerounaise.
Dans sa lettre de démission adressée au président par intérim de la FECAFOOT, Séïdou Mbombo Njoya, Gaëlle Enganamouit justifie sa décision par les menaces, intimidations et humiliations publiques provenant du président de la FECAFOOT dont elle déclare avoir été objet. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est l’invective qu’elle a reçue de la part de Seidou Mbombo Njoya lors de la visite des infrastructures de la CAN avec le ministre d’Etat Secrétaire général de la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh avec à la clé une demande d’explication qu’elle a d’ailleurs répondu.
Lors de cette tournée, elle a accordé une interview à la chaine nationale camerounaise, la CRTV à Douala-Japoma. Elle est revenue sur la qualité des infrastructures et ses projets d'avenir.
Il faut souligner que Gaëlle Déborah Enganamouit n'a passé que 4 mois et demi à ce poste de Team Manager des Lionnes indomptables.
Ci-dessous l'interview accordée à la CRTV
Dans cette interview, la capitaine des Lionnes indomptables s'est aussi livrée sur ses relations avec Gaëlle Enganamouit.
La rédaction de CamerounWeb vous propose de redécouvrir quelques extraits de cette interview
Parler-nous de vos débuts de footballeuse et des difficultés rencontrées au sein de la famille en tant que jeune fille musulmane.
J’ai commencé à jouer au football dans mon village à Foumban (région de l’Ouest-Cameroun, Ndlr). Chaque fois pendant la période des vacances je participais à des championnats dénommés « inter-quartier ». En 2006, j’ai disputé la coupe top avec les garçons parce qu’à cette période, je ne savais pas qu’il existait un football féminin. Au terme de cette compétition, j’ai été retenue pour le centre de formation des Brasseries à Bafoussam. Seulement, la famille s’est opposée à cette idée parce que j’étais mineure et je ne pouvais pas aller vivre au milieu des garçons puisque à cette période il n’y avait pas une section féminine aux Brasseries. C’est ici que la famille a commencé à m’interdire la pratique du football. Mon papa avait donné des ultimatums à ma mère qu’elle ne me laisse pas jouer au football pour le bien de leur couple.
Tout le monde disait qu’une femme musulmane ne doit pas jouer au football, puisque la religion passe avant tout. Il te faut absolument des gens qui t’encourage pour t’en sortir. Heureusement que certains oncles qui ont cru en moi ont pu convaincre mes parents de me laisser vivre mon rêve.
En 2007, j’étais en vacance chez ma grand-mère à Douala, lors d’un championnat de vacance, j’ai été détecté par un certain M. Eloundou, président du club Frantz Rolisec, avec qui je me suis engagée. En 2008, j’ai été détecté par Enow Ngachou, à l’époque sélectionneur national de toutes les catégories féminine du Cameroun. En 2010, j’ai signé mon premier contrat professionnel en Russie où j’ai passé trois saisons au Fc Eningia. Et en 2014, je suis allée aux Etats-Unis pour deux saisons. En 2016, j’ai mis le cap en Suède pour deux saisons également avant de signer en Norvège où je suis actuellement au FcValerenga.
Quel est ton avis sur la polémique autour de certaines joueuses zambiennes accusées d’être des hommes ?
Sincèrement je ne sais pas si c’est des hommes oudes femmes. Je me rappelle qu’en 2018, la capitaine zambienne n’a pas joué la Coupe d’Afrique des nations (Can) féminine parce que la Confédération africaine de football (Caf) avait demandé qu’elle fasse des examens pour se rassurer qu’elle est bien une femme. A présent des gens disent qu’elle a plus d’hormones homme que femme. Mais bon, aujourd’hui cette fille joue en Europe, je ne sais pas si dans son club elle a également passé des examens ou pas. De toutes les façons, attendons le dénouement de cette affaire.
Comment fais-tu pour associer ta vie professionnelle et celle familiale ?
Je n’avais que 18 ans lorsque je suis allée professionnelle et tout ce qui m’intéressais à ce moment c’était de jouer au football. Toutefois après chaque rencontre j’essaye d’appeler la famille pour la rassurer que tout ce passe bien. Aujourd’hui j’encourage les familles à laisser leurs filles pratiquer ce beau métier. De croire en elles. Aujourd’hui, je gagne ma vie en jouant au football. Avec du travail et de la détermination, toute jeune-fille peut y arriver.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que le phénomène de « lesbiennes » est plus développé dans le monde du football féminin ?
Vous savez, dans le monde du football on pense toujours que les footballeuses sont des garçons manqués, mais je vous rappelle qu’il y a des footballeuses qui ont juste la morphologie masculine, pourtant à la maison si on te dit qu’elle joue au football tu ne vas pas croire. Je pense réellement que les gens doivent arrêter de croire que les footballeuses sont des « lesbiennes », parce que dans tous les domaines on trouve le phénomène d’homosexualité. Mais les gens se retournent sur le football féminin parce que la morphologie des filles donne cette impression. Une footballeuse n’est pas forcement homosexuelle.
Pour ce qui me concerne, je ne suis pas encore mariée. Je compte me marier et faire des enfants après ma carrière parce que j’ai encore certains objectifs à atteindre.
Parler-nous de vos relations avec Gaëlle Enganamouit
J’entretiens de bonnes relations avec Gaëlle Enganamouit. C’est ma génération, nous sommes entrées à l’équipe nationale en 2008. Avec les autres filles, aujourd’hui nous formons un bon groupe, même hors sélection, nous restons en contact parce que nous sommes désormais une famille.
Avez-vous l’impression que vous manquez de reconnaissance sur le plan internationale, en tant que footballeuse africaine ?
Je dirais simplement que j’ai encore beaucoup à prouver, parce qu’il y a aussi beaucoup de bonnes joueuses dans le monde et qui ne sont pas également récompenser comme moi. Je vais continuer de travailler, donner le meilleur de moi en espérant avoir des récompenses.