La Fifa est ébranlée depuis mai dernier par de nombreuses affaires de corruption qui ont fait tomber les têtes les plus couronnées. Ce qui se passe à la Fifa en ce moment est loin d’être anodin. En 111 ans d’existence, le siège du football mondial n’avait jamais connu de tempête aussi violente. Un véritable tsunami.
Dieu seul sait pourtant que ce sont les scandales qui manquent le moins du côté de Zurich. Mais, la boutique a toujours tenu bon. Mais jusqu’à quand ? Depuis mai 2015 et l’arrestation de plusieurs hauts cadres suite à une enquête initiée par les justices américaine et suisse pour des faits de corruption, les déboires s’enchaînent.
Sepp Blatter, élu dans ce cafouillage, a annoncé qu’il démissionnerait au lendemain d’une nouvelle élection programmée pour le 26 février 2016. Entre-temps, Jérôme Valcke, son secrétaire général, est mis en cause, entre autres, dans une affaire de billetterie au noir pendant le Mondial 2014 et suspendu de ses fonctions.
La goutte d’eau qui fera déborder le vase c’est cette procédure pénale ouverte à l’encontre du président pour des « soupçons de gestion déloyale et, subsidiairement, abus de confiance». Une affaire qui éclabousse au passage Michel Platini, candidat à la présidence de la Fifa. Les deux hommes seront d’ailleurs suspendus, pour 90 jours, dans la foulée par le Comité d’éthique de la fédération internationale.
Réformes
C’est là que Issa Hayatou intervient puisqu’il va falloir poursuivre les réformes annoncées par Sepp Blatter en mai dernier. Un comité dédié avait été créé en juillet dernier.
Parmi ces réformes en réflexion, il y a la limitation du nombre de mandats (trois pour une présidence de quatre ans chacune) ; l’élection des membres du Comité exécutif qui pourrait s’élargir (les 24 membres actuels sont désignés par les six confédérations), la publication des rémunérations de tous les dirigeants de la Fifa, la création d’un Comité de direction, etc. Ces mesures seront présentées pour validation lors du congrès du 26 février prochain.
Si son travail s’inscrit clairement dans la continuité, Issa Hayatou devra également gérer la patate chaude que constitue la suspension de Blatter et Platini. Les deux hommes ont décidé de faire appel de cette décision et derrière le président de l’UEFA, les soutiens s’organisent. La Fédération française de football, par exemple, menace de saisir le Tribunal arbitral du sport pour défendre un Platini qui passait jusqu’ici pour un chevalier sans peur ni reproches.
Pour résumer, la Fifa que trouve Issa Hayatou est en bien mauvaise posture, que ce soit au niveau de ses institutions que de son image. Le commun des mortels est convaincu d’avoir à faire à une mafia moderne dont les ramifications s’étendent dans des zones insoupçonnées. Mais le président par intérim a été clair : « On suspend le président de la Fifa, on suspend le président de l'Uefa ; n'importe qui, qui ''déconnera'', sera suspendu».