Benjamin Moukandjo et ses coéquipiers ont déjoué tous les pronostics pour remporter la Can. Certains avaient prédit que les Pharaons les momifieraient dans cette finale où on voyait mal le Cameroun surmonter la traversée du Nil. C’était sans compter sur l’engagement à tout rompre de cette équipe miraculée à qui beaucoup prédisaient un flop des plus retentissants en raison des faits divers qui ont alimenté la tanière, non sans en rajouter à la polémique autour de la défection d’une dizaine de joueurs clés à la veille du coup d’envoi. C’est donc cette jeune génération de « no name » pour la plupart qui a brillé de mille feux lors de la finale de la plus prestigieuse compétition africaine en terre gabonaise. Les poulains d’Hugo Broos ont surpris tout le monde pour se hisser sur le toit du continent.
Mais ce résultat qui porte l’estampille du technicien belge a démarré depuis la préparation de ce rendez-vous. Hanté par le désir de faire une bonne Can, Broos a voulu bâtir son équipe autour des joueurs ayant un potentiel certain. Sa liste des 23 joueurs retenus est arrivée avec son lot de surprises. Outre la convocation de Joël Matip qui s’apparentait déjà à un combat perdu d’avance, il y’avait le sort de Stéphane Mbia qui n’est plus sujet à débat. Pour la cinquième fois consécutive, le désormais ex capitaine n’y figurait pas. Lui qui a vécu son dernier match avec les Lions contre l’Afrique du sud le 29 mars 2016 depuis le banc de touche. Pas d’Idris Carlos Kameni non plus. Idem pour Aurélien Chedjou, prié de retourner au quartier alors qu’il venait à peine de déposer ses valises pour le stage. C’était le garage assuré pour les trois cadres. Broos est resté fidèle à sa méthode forte et parfois brusque.
Spécialiste du contre-pied
Sous le feu des critiques, en panne de victoires et pourtant condamné à produire des résultats, l’ancien défenseur d’Anderlecht a préféré convoquer de nouveaux hommes, la plupart évoluant à l’étranger, un peu comme s’il voulait sonner la révolution souvent réclamée par les fans des quadruples champions d’Afrique, mais que les différents entraîneurs ne parvenaient pas souvent à implémenter. A la Can, ses choix tactiques ont été souvent l’objet de polémiques.
Un coup c’est Vincent Aboubakar ou Jacques Zoua qui vivent sur le banc de touche une rencontre où ils auraient pu apporter une plus-value à la ligne d’attaque ; un coup c’est Nkoulou, auteur d’un super match face au Gabon (0-0) qu’il envoie paître sous son chasuble de remplaçant pour titulariser le duo Ngadeu-Teikeu en défense centrale. Quand certains tacticiens estiment que la titularisation de Ndip Tambe à la pointe de l’attaque est une méthode improductive, Broos au fond de lui se moque d’eux en silence et impose le jeune joueur qu’il présente comme son meilleur artificier. Des choix, le technicien Belge en a fait et les assume pleinement. Il s’en fout de tout et vit avec ses idées. Le roi Belge est un spécialiste du contre-pied.
Un groupe sans stars mais affamé
Et ça a payé puisque c’est avec des soi-disant « seconds couteaux » que les « Lions indomptables » ont abordé cette Can 2017. Avec moins de singularité mais un groupe plus uni, ils ont remporté un cinquième trophée de Coupe d’Afrique des nations. L’attente a été longue et les péripéties éternelles depuis leur dernier match de finale de Can, mais Broos, sans star mais avec un groupe de jeunes joueurs « disciplinés », à l’image des buteurs Michael Ngadeu et Christian Bassogog, a permis au pays de Samuel Eto’o de retrouver son rang de nation majeure du continent africain.