La ville de Garoua n’a pas connu une effervescence particulière, suite à la promotion d’Issa Hayatou comme président intérimaire de la Fédération internationale de football association (Fifa). A l’esplanade de la mosquée de Foulbéré, à quelques pas du lamidat de Garoua, ce samedi 10 octobre 2015, la nouvelle est pourtant partagée dans une certaine allégresse. Autour d’une tasse de thé, quelques proches devisent sur le sujet.
«Pour nous, c’est normal qu’il prenne la tête de la Fifa en cette période délicate pour faire valoir son expérience et sa sagesse. N’eut-été son état de santé comme lui-même l’a avoué, je pense pour ma part qu’il a le meilleur profil pour diriger l’institution aujourd’hui, malgré tout ce qui s’est dit sur son compte. En tout cas, je reste convaincu que son action au cours de cet intérim sera déterminante pour le rehaussement de l’image de la Fifa», souligne Issa, un proche du nouveau président de la Fifa.
Un avis que ne semble pas partager Mansour Hassan, qui savoure pourtant aussi cette promotion avec des adeptes du football à Bibéméri au lieu dit Présidentiel. «C’est bien pour le Cameroun et l’Afrique de l’avoir à ce poste, mais j’estime que le moment est mal indiqué pour lui, avec tout ce qui se trame dans cette institution.
C’est vrai que jusqu’ici, son nom n’a été évoqué dans aucun dossier louche, mais j’aurais franchement aimé qu’il soit président d’une Fifa plus sereine», confie-t-il. Issa Hayatou, lui, est attendu demain 13 octobre 2015 pour prendre fonction à Zurich en Suisse. A la faveur de la suspension pour 90 jours de Sepp Blatter par la commission d’éthique de la Fifa, il va assurer l’intérim à la tête de l’instance faitière du football mondial pendant cette durée.
Agé de 69 ans, il a déjà fait part, depuis le début du scandale qui secoue la Fifa, de son intention à ne pas être candidat à la succession de Sepp Blatter, en raison de son état de santé. Mais l’ancien président de la Fecafoot et actuel président de la Confédération africaine de football (CAF "Camer.be") est dans les hautes sphères du football depuis près de trois décennies.
En effet, il accède à la présidence de la CAF en 1988. Deux ans plus tard, il entre au comité exécutif de la Fifa où il siège jusqu’aujourd’hui. Dans cette instance, il a déjà occupé plusieurs hautes fonctions qui ont contribué à faire de ce fils du lamidat de Garoua, un personnage important de la sphère du football mondial.
En 2002, Issa Hayatou brigue la présidence de la Fifa. Il entreprend de combattre Sepp Blatter au cours d’une élection dont l’issue lui sera malheureusement défavorable. A son actif, il peut se targuer d’avoir permis à son continent d’obtenir cinq places qualificatives pour la phase finale de coupe du monde.
Et d’avoir obtenu en 2004, l’attribution du Mondial 2010 à l’Afrique du Sud. Le frère du lamido de Garoua, Alim Garga Hayatou, et de l’ancien premier ministre Sadou Hayatou, n’a pourtant pas été un grand footballeur. Grand sportif dans sa jeunesse, Issa Hayatou a pratiqué l’athlétisme et le basket-ball dans sa jeunesse. Spécialiste du 400 et du 800 m, il a notamment fait partie de l’équipe nationale d’athlétisme du Cameroun.
En 1965, il participe aux Jeux africains à Brazzaville au Congo, cette fois, avec l’équipe nationale de Basket-ball. Diplômé de l’Injs, il entame une carrière de fonctionnaire au ministère de la Jeunesse et des Sports, actuel ministère des Sports et de l’Education physique. A la faveur des nominations qui s’opéraient à l’époque dans le cadre de la gestion des fédérations sportives, il est nommé président de la Fecafoot. Il ne quittera plus le monde du ballon rond.