Un décret du Premier Ministre prescrit exactement le contraire.
Marginalisation ! C’est ce que croient les populations du Canton Bakoko à Douala. En effet, c’est sur leurs terres que s’élèvera dans moins de deux ans, le complexe sportif de Japoma.
Construite par l’entreprise turque Yenigun Construction Industry & Comm Inc., l’infrastructure sera constituée d’un stade de 50 000 places, deux terrains d’entraînement, une annexe de l’Académie nationale de football, une piscine olympique, des courts de tennis etc. Le coût des travaux est estimé à 165 milliards de FCFA.
Si jusqu’ici, les travaux avancent normalement sur le site, l’inquiétude vient de la place accordée aux Camerounais. La Nouvelle Expression (LNE) parue le 31 mars 2017 renseigne que 400 camerounais seulement y seront employés sur 1200 travailleurs au total. Les 800 autres seront des expatriés turcs, souligne notre confrère.
Une situation qui met en colère les populations du Canton Bakoko. « On ne peut pas faire venir 1000 ou 800 employés turcs qui seront bien payés alors que les Camerounais sont au chômage. Il y a une grande complicité entre certaines structures camerounaises et les Turcs pour opérer une sorte de surfacturation sur le salaire à la base des employés », s’indigne une élite locale.
Le 24 mars 2014, le Premier Ministre a signé un décret fixant les modalités de recours et d’application des approches à haute intensité de main d’œuvre (Himo) au Cameroun. LNE publie l’alinéa 1 de l’article 9 qui dispose que : « la priorité d’embauche est accordée aux populations locales de la zone géographique dans laquelle les projets utilisant les approches Himo sont exécutés ». L’alinéa 2 du même texte ajoute que « l’embauche est basée sur une étude préalable du Maître d’ouvrage permettant de déterminer si la main d’œuvre locale est suffisamment disponible ou pas ».
Or, parmi les jeunes de la localité, il y a des ingénieurs et de nombreuses personnes qualifiées pour faire le travail. Mais, comme ils dénoncent, les recrutements s’opèrent dans le secret. Le journal a tenté en vain de mettre la main sur les responsables de la société turque ou ceux d’Ortho-Services, en charge du recrutement pour le chantier.