Le président du Conseil d’Administration d’Etoile Filante de Garoua fait le bilan sans complaisance des deux ans du comité de normalisation à la tête du football camerounais. Avec la verve qu’on lui connait, l’ancien patron de la communication de la Fecafoot revient sur les « incohérences » du comité que dirige l’ancien Sgpr.
Abdouraman Hamadou bonjour
Bonjour Thierry Ndoh
Cela fait exactement 24 mois que le comité de normalisation de la Fecafoot préside aux destinés du football camerounais. S’il vous était donné de dresser un bilan de manière ramassé, que pouvez-vous dire après deux ans de bail ?
C’est un constat d’échec ! Ça ne change pas. C’est le même constat qui a été fait il y a quelques mois quand il fallait proroger leur mandat. Et puis malheureusement nous constatons que ce comité de normalisation n’a pas la capacité, les compétences pour mener à bien les missions qui lui ont été assignées. C’est une réalité aujourd’hui que personne ne peut réfuter. Ils n’ont pas l’étoffe, ils n’ont pas les compétences parce qu’il fallait beaucoup de choses pour mener à bien ces missions. Il fallait connaitre le football, il fallait être honnête, être au dessus de tout soupçon, être d’une moralité sans faille, etc. Aujourd’hui on constate que tout çà a manqué. Et puis, globalement, ils ont échoué parce que tout simplement ils n’ont jamais été à la hauteur de cette mission qui leur a été assignée.
On est un peu surpris car au début vous faisiez partie de cette frange de l’opinion publique qui pensait que c’était une bonne chose que ces messieurs soient à la tête de ce comité de normalisation. Qu’est ce qui a changé entre temps ?
Le mâcon, c’est au pied du mur qu’on le juge. Il y avait une certaine unanimité autour des personnes qui avaient été choisies car quand vous voyez les gens de loin, c’est différent de quand vous les voyez à l’œuvre, surtout dans un domaine que vous maitrisez plus ou moins. Heureusement ou malheureusement, c’est selon, l’ensemble des Camerounais a vu que le professeur Owona et les autres membres du comité de normalisation n’ont jamais été à la hauteur. Ça a été une erreur de casting. Malheureusement, cette erreur est en train de couter très cher à notre football et on va passer des années et des années pour surmonter les dégâts causés par ceux-là en qui on a cru au départ. J’espère que le moment venu, ils vont rendre compte, pas seulement aux acteurs du football, mais à l’ensemble des Camerounais, de ce qu’ils ont fait de ce football, de ce qu’ils ont fait du patrimoine de ce football, parce qu’aujourd’hui, la Fecafoot est ruinée.
Un mot sur les trois missions qui leur avait été dévolues. Est ce qu’on peut tout de même trouver les zones de satisfaction dans ces trois missions ?
La principale qui les a amenés en réalité, c’est les statuts de la Fédération camerounaise de football. Mais quand vous regardez les statuts qu’ils ont élaborés, ce sont pratiquement les mêmes statuts que ceux qui étaient là avant et qui avaient été adoptés le 16 mai 2012. On nous dit que c’est les meilleurs et qu’on les aurait recommandés à d’autres pays. C’est une grosse blague ! Nous, nous voulons des statuts qui collent aux réalités de notre football. L’organisation de notre football connait des limites, des insuffisances et on devait corriger tout cela dans les statuts. Mais çà n’a pas été fait. Ils ont gardé les mêmes schémas anciens, tout simplement pour pouvoir amener facilement des gens à la tête de la Fédération. Alors qu’une période de normalisation, on devrait en profiter pour restructurer profondément l’organisation de notre football.
Je vous prends un exemple. Pourquoi vous voulez gardez les ligues régionales alors que cette structuration est à l’origine du mauvais état de notre football ? Quand vous prenez la région du Centre qui a 10 départements, il y en a neuf qui sont pratiquement exclus de notre football. Tout çà parce que vous avez une ligue régionale. Il faut d’abord organiser les départements avant d’arriver au niveau régional car quand vous donnez 15 millions de FCFA à la ligue régionale pour organiser le football sur 10 départements, à la fin on n’organisera rien du tout et on essayera de faire quelque chose dans le département du Mfoundi. Il faut réorganiser tout cela. Nous avons une vision du football qui colle plus aux réalités de notre pays et puisse permettre à ce football de vraiment décoller parce que nous avons une certaine expérience du fonctionnement de ce football. Mais nous avons en face des gens qui sont arrivés, qui n’ont écouté personne, qui n’ont écouté que leurs intérêts. Et on voit aujourd’hui où leurs intérêts les mènent. Ils ne sont pas compétents pour faire le travail et pourtant Dieu seul sait qu’ils revendiquent des références en matière de droit. Je ne voudrais pas juger, mais en ce qui concerne le football, ils ne sont pas à la hauteur et en même temps ils ont faillit moralement parce qu’ils ont dilapidé les fonds de la Fédération camerounaise de football. Le professeur Owona a géré la Fecafoot pendant deux ans, deux exercices, sans présenter son bilan devant l’assemblée générale. Encore plus grave, sans même faire valider les dépenses. S’il n’y a pas de budget, ça veut dire que le professeur Owona avec les postes qu’il a occupés dans ce pays, ne sait même pas qu’on doit valider un budget avant de dépenser de l’argent. Je ne sais pas comment on essaye de corriger çà, mais on ne peut pas corriger le fait que le président du comité de normalisation n’a jamais pensé faire valider un projet de budget à l’assemblée générale de la Fecafoot. C’est une faute de gestion grave et qui doit avoir des suites à tous les niveaux. J’espère que le professeur Owona sera là le moment venu pour rendre compte et peut être rendre gorge.
« Maintenant je voudrais lui dire que oui on le surveille ! On l’a a l’œil parce qu’il s’agit tout simplement de la survie de notre football, du football camerounais. Pour beaucoup de gens, c’est ce football qui est leur raison de vivre. Lui c’est un politicien, il est venu un jour comme çà. Il est venu détruire ce football et il va repartir. Il a déjà fait sa vie. Il a déjà fait sa carrière »
Que dites vous a ceux qui pensent que vous jouez le jeu du professeur Joseph Owona parce que chaque fois, il fait tout pour ne pas respecter les textes, sachant que vous allez contester et il va continuer à trôner à la tête de la Fecafoot ?
Ce sont les gens de l’autre bord. Les partisans de monsieur Tombi pensent aujourd’hui que le seul obstacle à « l’intronisation » de leur champion, c’est les procédures que nous menons devant les juridictions compétentes.
Qu’ils se détrompent parce que le professeur Owona a changé de projet depuis longtemps. Si au départ il avait pour projet d’installer monsieur Tombi, depuis quelques déjà mois, ce n’est plus çà ! Le professeur Owona est en train de créer sa propre Fecafoot. Il a créé des clubs et il prétend avoir crée les ligues régionales et départementales. Il a créé sa Fédération et il va en faire ce qu’il veut si on le laisse faire. Que les partisans de Monsieur Tombi se détrompent car ceux qui pensent que Joseph Owona travaillent encore pour eux font fausse route. il a changé de fusil d’épaule et si on le laisse faire, il va changer l’ensemble des acteurs du football de ce pays. Il ne va garder uniquement que ceux qui vont être à ses pieds et qui vont exécuter sa bonne volonté. Et là, notre football va plonger pour des décennies.
De toutes les façons, nous n’allons pas le laisser faire. Le but que nous poursuivons, ce n’est pas de pouvoir forcement mettre quelqu’un à la tête de notre football de façon arbitraire, mais c’est de ramener le pouvoir au sein de la famille du football camerounais, permettre aux vrais acteurs de notre football, ceux là qui ont toujours cru en ce football et qui se sont ruinés et qui travaillent tous les jours, de designer leurs dirigeants, de prendre leur destin en main, d’organiser leurs activités. C’est ce que nous voulons. Si monsieur Tombi aime le football, si les autres que j’entends parler, tous ces partisans-là, s’ils aiment le football, ils n’ont qu’à venir se reconcentrer autour de ces objectifs.
Maintenant pour ce qui concerne les élections, on verra. Si nous mettons en place les conditions d’une vraie élection, on va choisir des dirigeants et à la fin tout le monde sera gagnant. Tous ceux tous ceux qui veulent travailler autour du football seront gagnants. Tous ceux qui veulent vivre du football seront gagnants. On peut vivre du football. On vit du football ailleurs car c’est un secteur économique à part entière. Nous pouvons développer notre football, le rendre prospère et puis rendre tous ceux qui travaillent à l’intérieur prospères, y compris même les professionnels des medias. On peut travailler honnêtement autour de ce football s’il est bien organisé. Au lieu de le laisser aujourd’hui devenir l’objet d’utilisation d’un groupe de personnes. Le professeur est venu créer sa Fédération pour s’approprier le football camerounais. Je dis à l’ensemble des amoureux du football camerounais, si on ne fait pas attention, tout le monde sera à la rue et ce seront 50 ans de l’histoire de notre football qui seront effacés.
Le professeur Joseph Owona a parlé de vous hier au cours de sa conférence de presse sans vous nommer en estimant que partout où il va il vous voit. Il va au Brésil, il vous voit, à Lisbonne il vous voit, en Suisse au TAS il vous trouve. Il se demande d’où vous viennent tous ces moyens pour lui mettre les bâtons dans les roues. Un commentaire ?
(Rire) Le professeur dit qu’il a le renseignement avec lui. Il n’a qu’à trouver d’ou viennent ces moyens. Maintenant je voudrais lui dire que oui on le surveille ! On l’a a l’œil parce qu’il s’agit tout simplement de la survie de notre football, du football camerounais. Pour beaucoup de gens, c’est ce football qui est leur raison de vivre. Lui c’est un politicien, il est venu un jour comme çà. Il est venu détruire ce football et il va repartir. Il a déjà fait sa vie. Il a déjà fait sa carrière. Il attend encore peut être des choses, mais il n’a rien à voir avec ce football.
Mais ce football ne lui appartient pas et si on n’avait pas été là, il aurait pris en otage ce football. Qu’il sache que, que ce soit à Sao Paulo, que ce soit à Yaoundé, que ce soit même à Mvengue, on l’aura a l’œil. Ce football ne lui appartient pas. Il n’a pas le droit d’en faire ce qu’il veut, on lui a donné une mission et il a faillit à cette mission. Nous avons attaqué la FIFA devant le TAS et d’ici le 18 septembre 2015, le TAS va dire le droit et vraiment nous avons très grand espoir que le professeur soit renvoyé chez lui. Aujourd’hui, il n’y a que le TAS qui peut le renvoyer chez lui, ainsi que les autres membres du comité de normalisation.
« Nous irons vers les membres de l’Assemblée générale. Nous allons nous concerter et nous allons leur montrer le danger que représente le professeur Owona. Je pense que c’est l’occasion de le renvoyer définitivement à la maison avant même que le TAS ne se prononce. Il a pris un risque énorme. Si le 5 Août ces textes sont rejetés, j’espère que pour une fois, même s’il ne démissionne pas, que le gouvernement va lui demander tout simplement de partir »
Le professeur Owona vous accuse également de corruption ?
Je voudrais dire au professeur que çà n’a jamais fait partie de mes méthodes. Ce sont leurs méthodes là-bas. Je n’ai pas à corrompre les gens. Nous, c’est la force des idées, c’est avec çà que nous allons vers les gens. Et aujourd’hui, petit à petit, tous ces gens qui au départ pensaient que nous étions là pour semer le trouble, commencent à comprendre. Y compris ceux qui sont autour de lui. Ils comprennent aujourd’hui que le problème ce n’est pas nous et que notre seul intérêt, c’est notre football. Nous ne voulons pas que ce football se retrouve comme un objet entre les mains du professeur et de sa famille, parce que là il en fait une affaire de famille. Le football appartient à tous les Camerounais. C’est le bien le plus commun aux Camerounais. Ce n’est pas une affaire de famille. Le professeur n’a pas à s’approprier notre football. Il ne connait pas ce football et il n’a jamais participé à sa construction, même comme il a été ministre des Sports. Il ne sait pas ce que c’est que le football. Il a fait de la politique et il est parti. Le football camerounais est le bien de l’ensemble des Camerounais. Nous allons veiller à ce que tous ses projets sinistres n’aboutissent pas et que demain notre football ressorte plus fort, plus conquérant. Et que ce football renaisse de ses cendres parce que ce football, le professeur est en train de l’enterrer. Mais nous allons empêcher cela et il va repartir de plus belle.
Après le point de presse du président du comité de normalisation, il y a eu un nouveau calendrier électoral et on note que l’Assemblée générale de la Fecafoot est convoquée à nouveau pour le 5 Août prochain à l’hôtel Mont Febé de Yaoundé. Une réaction?
Pour une fois je constate que le professeur est devenu sérieux et lucide. Il ne crie plus. Il ne manipule plus les Camerounais. Il n’insulte plus les gens de la CCA. Il n’insulte plus le président du comité national olympique et sportif du Cameroun. Il n’invective plus. Il est devenu sérieux. Il comprend qu’il est dans un environnement sérieux. Il a arrêté de jouer. C’est bien ! Mais malheureusement pour lui, c’est trop tard.
Là il prend un autre risque car on va se retrouver le 5 et il n’y aura pas ses fameuses enveloppes qui vont circuler. Peut être qu’il va venir avec les enveloppes, mais le peuple du football va lui parler ce 5 Août. Il faut qu’il soit encore davantage sérieux. Mais je dis bien, c’est trop tard. On verra bien. Les raisons qui ont amené les membres de l’assemblée générale à rejeter ces statuts n’ont pas disparues. Tout au contraire ! Il y a ce nouveau projet qu’il a maintenant de s’approprier notre football. Il dit qu’il a crée des ligues départementales et régionales alors que ces ligues existent depuis des dizaines d’années. Ces ligues sont dotées d’organes exécutifs, des commissions qui fonctionnent. Nous irons vers les membres de l’Assemblée générale. Nous allons nous concerter et nous allons leur montrer le danger que représente le professeur Owona. Je pense que c’est l’occasion de le renvoyer définitivement à la maison avant même que le TAS ne se prononce.
Il a pris un risque énorme. Si le 5 Août ces textes sont rejetés, j’espère que pour une fois, même s’il ne démissionne pas, que le gouvernement va lui demander tout simplement de partir. C’est une occasion vraiment de le renvoyer à la maison et qu’il laisse notre football afin que le peuple du football s’organise pour reprendre ses activités et par la suite designer librement ses dirigeants. Que ce soit monsieur Tombi ou quelqu’un d’autre, ce n’est pas là le problème. Le plus important c’est que ce soit le choix des vrais acteurs de notre football.