Sandrine Mbumi au triple saut et Auriol Dongmo au lancer du poids n’auront pas vraiment eu le temps de profiter des championnats du monde d’athlétisme qui se déroulent actuellement en Chine (22 au 30 août).
Les deux athlètes, uniques représentantes du Cameroun à Pékin, n’ont pas passé l’étape des qualifications. Si Sandrine Mbumi n’a pas pu faire mieux que 13m06 (avec 14m16 réalisés cette année), Auriole Dongmo peut se consoler avec le nouveau record du Cameroun qui est passé de 16m84 à 16m85.
Ces résultats ne surprennent pas vraiment, quand on voit les conditions dans lesquelles les athlètes se sont préparées, même si l’espoir d’un exploit existe toujours. Mais voilà, on ne peut pas toujours penser faire des miracles quand on ne s’en donne pas les moyens.
Or, l’athlétisme camerounais est à la peine depuis des années. Il est vrai qu’on n’a pas toujours eu d’athlètes capables de remporter des médailles aux championnats du monde, en dehors de Françoise Mbango. Tout comme il est vrai que le Cameroun n’a pas souvent eu droit à une délégation plus fournie aux Mondiaux (il faut remonter aux championnats de 2003 pour voir une délégation de 12 athlètes).
Cela n’explique toutefois pas le fait que les athlètes camerounais aient du mal à s’imposer sur la scène continentale. Même s’ils dominent en Afrique centrale, comme le prouvent les derniers championnats de la sous-région à Yaoundé.
Lors des championnats d’Afrique en 2014, le Cameroun alignait 20 athlètes mais seuls trois d’entre eux ont atteint le podium. Hormis Sandrine Mbumi et Auriol Dongmo, personne n’émerge vraiment depuis 2011. Qui pour rivaliser avec le Nigeria et la Côte d’Ivoire, sur les épreuves de vitesse par exemple ? Depuis Manie Léonie, Delphine Atangana et autres Joseph Batang, la relève peine à trouver ses marques.
Une situation qui s’explique aisément par l’absence d’une véritable politique dans cette discipline, que ce soit au niveau de la détection, du suivi ou de l’encadrement des athlètes. Que deviennent les talents bruts découverts lors des Jeux Fenassco, des Jeux universitaires ou des Dixiades ? Qu’est-ce qui est mis en place pour assurer leur éclosion ?
Dans quelles conditions se préparent ceux qui doivent participer à des compétitions internationales ? Qui suit véritablement Carine Tatah, Ferdinand Djoumessi, Adam Idrissa et autres William Feumbah ? Difficile d’apporter des réponses à ces questions, tant le flou règne.
Mais, il est plus aisé de comprendre pourquoi les résultats ne suivent pas, même si certains encadreurs estiment que le niveau n’est pas mauvais. Il faut aussi dire que l’absence d’infrastructures adéquates n’aide pas beaucoup. Quand elles existent, les pistes sont trop vieilles et largement dépassées. On a ainsi assisté à des courses pratiquement dans le noir, il y a quelques semaines, au stade Omnisports de Yaoundé.
Et on peut trouver un début d’explication aux fuites d’athlètes, qui acceptent souvent de concourir sous d’autres drapeaux. Les Jeux africains de septembre prochain seront en tout cas un bon test pour jauger le niveau de l’athlétisme camerounais qui a besoin, plus que jamais, d’un bon coup dans la fourmilière pour se remettre en question.