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LE DOSSIER ETO’O : L’OMBRE ET LA LUMIÈRE (Part 1)

Dossier Eto'o Samuel Eto'o

Mon, 23 Jun 2025 Source: www.camerounweb.com

Il a cru prendre le pouvoir. C’est le pouvoir qui le rattrape. Samuel Eto’o, légende du football et président de la FECAFOOT, pensait déclarer la guerre aux dysfonctionnements. Mais c’est une contre-offensive bien plus redoutable qui se lève contre lui. Entre calculs politiques, règlements de comptes médiatiques et résistance d’un système qui refuse de mourir, cette première partie plonge dans l’engrenage invisible qui menace le patron du football camerounais. Parce qu’au Cameroun, quand on touche aux intérêts des uns, on réveille toujours l’instinct des autres.



LE DOSSIER ETO’O : L’OMBRE ET LA LUMIÈRE (Part 1)

Quand un roi dérange, on ne le détrône pas toujours avec une armée. Parfois, un murmure suffit.

Yaoundé. Une nuit calme. Les rues sont paisibles, mais dans les hauteurs de la ville, certains immeubles ne dorment jamais. Là où les couloirs sentent la moquette neuve, le whisky importé et la sueur des stratégies nocturnes. Dans ces endroits feutrés, on ne parle pas football. On parle pouvoir. Influence. Contrôle. Et depuis un certain 11 décembre 2021, un nom revient dans chaque conversation : Samuel Eto’o.

Il ne porte plus de crampons, mais il continue de faire trembler les lignes. Il n’est plus sur la pelouse, mais il est devenu l’arbitre d’un nouveau jeu. Un jeu où l’on n’a pas besoin de ballon pour marquer. Un jeu dangereux, où chaque mot pèse plus qu’un but en finale.

Depuis son accession à la tête de la FECAFOOT, quelque chose a changé. Une vitesse, une franchise, une méthode qui tranche avec l’habitude. Des comptes exigés. Des privilèges coupés. Des réformes lancées. Et surtout, des murs qui tombent. Là où certains voyaient une fédération, Eto’o a vu une mission. Là où d’autres s’accommodaient de l’ancien monde, lui a voulu faire table rase.

Mais ce que beaucoup n’ont pas compris, c’est que ce geste, aussi noble soit-il, allait déclencher une riposte. Silencieuse au départ. Sourde. Invisible. Puis de plus en plus structurée. De plus en plus frontale.

Car Eto’o n’a pas touché à une institution. Il a bousculé un système. Et ce système, lui, ne pardonne pas.

Dans les couloirs du pouvoir, les premiers à froncer les sourcils ont été ceux qu’on ne voit jamais. Ces hommes de l’ombre, ces stratèges de salon, ces conseillers sans visage qui manipulent les équilibres depuis des décennies. Ils ont vu arriver Eto’o comme un OVNI. Il parlait au chef de l’État sans intermédiaire. Il imposait son tempo. Il ne faisait pas allégeance. Ils ont tout de suite compris : cet homme ne jouerait pas le jeu.

Alors ils ont enclenché le leur.

Très vite, d’autres figures sont entrées dans la danse. Des anciens responsables du football local, déchus, frustrés, effacés. Ceux-là avaient porté l’écusson fédéral comme une rente. Et maintenant qu’ils étaient priés de rendre des comptes, ils criaient à la dictature. Ils se sont rués sur les micros. Ont retrouvé les plateaux. Se sont remis à parler avec passion… et surtout, avec rancune.

Mais le plus dangereux n’est pas dans les souvenirs blessés. Il est dans l’instant. Dans l’agitation organisée de certains médias. Dans l’étrange simultanéité de révélations, d’articles à charge, de dossiers qui sortent pile au bon moment. Comme si une main invisible coordonnait les coups. Comme si la chute d’Eto’o était devenue un objectif collectif.

Et plus le temps passe, plus les attaques deviennent précises. Des enquêtes. Des accusations. Des suspensions. Des fuites ciblées. Des verdicts tombés d’on ne sait où. La stratégie est claire : isoler Eto’o. L’affaiblir. L’user jusqu’à l’épuisement.

Mais alors, que veulent-ils vraiment ? Son départ ? Son humiliation ? Sa disparition de la scène ? Ou veulent-ils simplement envoyer un message plus large : personne ne peut venir bouleverser l’ordre établi sans conséquences ?

Ce qui se joue ici dépasse le football. Ce n’est pas un président de fédération qu’on tente d’abattre. C’est une figure qui dérange. Une incarnation du mérite, de l’indépendance, et de l’audace. Eto’o n’est pas parfait. Mais il est libre. Et dans un système construit sur la soumission, c’est peut-être son plus grand péché.

Aujourd’hui, la pression monte. Les murs se resserrent. Les langues se délient. Et la question, la vraie, est là : jusqu’où iront-ils ?

Iront-ils jusqu’à salir l’homme jusqu’à ce que le peuple l’abandonne ? Iront-ils jusqu’à organiser sa chute comme on orchestre une sortie de route ? Ou iront-ils plus loin, dans l’ombre de la justice, là où les pions bien placés peuvent tout faire basculer ?

Ce scénario n’a peut-être pas encore révélé tous ses rebondissements. Mais une chose est sûre : la bataille ne se joue plus seulement sur un terrain administratif. Elle se joue dans les cœurs. Dans l’opinion. Dans le récit qu’on veut écrire de ce moment.

Et si demain, Eto’o tombait… qui sera le prochain ? Parce qu’en vérité, ce qu’ils veulent faire tomber, ce n’est pas un homme.

C’est l’idée même du changement.

Source: RSI

Source: www.camerounweb.com