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LFPC: Le calvaire des entraîneurs camerounais

Kunde Emmanuel Tkc Coach Emmanuel Kunde, ex entraineur de Bamboutos de Mbouda

Wed, 20 Apr 2016 Source: camer-sport.be

Après 10 journées de championnat de première division, des équipes comme Bamboutos de Mbouda Ums de Loum, Cosmos de Bafia ou encore Eding Sport ont consommé au moins trois entraîneurs principaux et assistants

Le tableau est triste et désolant. Prenons les cas les plus patents. Voici les entraîneurs que le président Kuemo de Ums de Loum a limogé depuis le début de la saison 2016: Olivier Nankam, Augustin Kamga, Anicet Mbarga Foe. La raison évoquée est l’incompatibilité d’humeurs et l’insuffisance de résultats.

Du côté de Bamboutos de Mbouda, Souleymanou Aboubacar et Laurent Djam ont pris la place de Emmanuel Kunde et Yerima. Entre temps, Djam est remplacé dans Eding sport par Nicolas Tonye. Dans la même lancée, Adolphe Eke est parti du Tonnerre de Yaoundé à Cosmos du Mbam pour enfin poser ses valises aujourd’hui à Ums de Loum. Et aujourd’hui, l’actuel coach de Cosmos vient lui-même de Canon de Yaoundé.

Interrogés sur cet état de choses, certains présidents estiment que les clubs sont à l’image de leur sélection nationale, les Lions indomptables fanion, qui en 25 ans ont changé déjà 24 entraîneurs. Mais ce n’est pas partout. Les dirigeants de clubs évoquent la malhonnêteté des entraîneurs.

Chacun se baladent avec au moins cinq joueurs, revendent le matériel didactique, monnayent des places pour le onze des rétro commissions sur les salaires ou les primes de signature des joueurs acquis à leur cause. «Certains entraîneurs se découvrent même agent de joueur et négocient avec les familles pour faire voyager ces joueurs-là», indique un président de club à Douala.

Pour cet autre dirigeant d’un club de la région de l’Ouest, les entraîneurs sont eux-mêmes responsables de leurs propres turpitudes. Ils évoluent dans des associations parallèles qui en réalité sont des coquilles vides.

On devait avoir par exemple, poursuit notre interlocuteur, une association pour les entraîneurs de Ligue 1 et Ligue 2, une association pour les entraîneurs de clubs de division régionale, une association des éducateurs, le tout chapeauté par l’Association nationale des entraineurs et éducateurs.

Mais que voit-on aujourd’hui ? Des individus dispersés, aigris et incapables de défendre leurs droits devant les instances compétentes. En réalité, ce président de club conclut que, «pendant que vous avez un entraîneur en place qui travaille avec vous, vous avez d’autres entraîneurs qui vous appellent pour vous demander de limoger son collègue afin qu’il prenne sa place parfois à vil salaire. Voilà la situation. »

Les entraîneurs de leur côté crient au scandale. «Je vous jure que le contexte camerounais clochardise les entraineurs de facto. Car, il existe des contrats d’adhésion avec les clubs, des contrats synallagmatiques, et dans la plupart des cas, la direction technique nationale qui dresse la liste des entraîneurs habilités à officier triche avec les dirigeants de clubs», affirme un entraîneur de ligue 1.

Accusation Pour les entraîneurs, ce sont les présidents de clubs qui prostituent la profession d’entraineur. «Les équipes s’entrainent sur des terrains en mauvais état, il manque du matériel de travail, les conditions financières sont exécrables.

Tous les présidents de clubs ne pensent jamais à la prochaine saison sportive mais, au prochain joueur à vendre, ce sont de véritables négriers des temps modernes, ils nous proposent toujours des contrats taillés sur mesure et favorables à leur caprices.»

Un autre entraîneur approché estime que «ce sont les entraîneurs qui sont en même temps enseignants d’Education physique et sportive (EPS) qui nous mettent les bâtons dans les roues. Eux, ils ont déjà leur salaire ou leur pension en plus de ce que le club peut leur octroyer. Vous voyez que c’est difficile pour nous qui ne sommes pas passés par l’INJS avant de devenir entraineur».

Concernant l’immixtion des dirigeants dans le travail des entraîneurs, il ressort de notre enquête que ces dirigeants de clubs qui n’assistent jamais aux entraînements ni aux réunions techniques, se plaisent à prendre place sur le banc de touche à l’occasion des matchs pour imposer des joueurs et des remplacements au coach. «Et lorsque vous me faites cela, je claque la porte» affirme un ex-entraîneur de Ums de Loum.

Il existe actuellement au Cameroun, selon nos sources, un semblant de statut d’entraîneur de football qui, non seulement clochardise ceux qui sont en fonction, mais permet aux dirigeants de club de mener à leur bon gré et sans engagement contractuel préalable de ceux-ci (entraineurs).

Conséquence, seul le football paye la sale note d’être sacrifié à l’autel des dirigeants de clubs nombreux et véreux au mépris de la réglementation en vigueur.

Source: camer-sport.be