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La FIFA accusée de faire du chantage à l’Etat du Cameroun

Fifa Fecafoot La FIFA a prorogé le mandat du Comité de normalisation pour 6 mois

Sat, 3 Mar 2018 Source: africatopsports.com

L’annonce de la prorogation du mandat du Comité de normalisation de la fédération camerounaise de football version Dieudonné Happi le 27 février 2018 a été l’occasion pour les émissaires de la Fédération internationale de football de réitérer une exigence faite au gouvernement camerounais. Celle qui consistait à modifier la loi de la Charte des sports en rapport avec le règlement des litiges opposant les membres de la Fédération. Pas du goût de certains Camerounais qui crient au scandale tandis que d’autres applaudissent. Revue des réactions.

En tout et sauf nouvelle prorogation, le deuxième comité de normalisation de l’histoire de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) vivra un an. Son premier mandat de 6 mois prévue pour s’achever le 28 février 2018 a été renouvelé la veille par la Fédération internationale de football (Fifa). L’équipe que conduit l’avocat Dieudonné Happi a encore jusqu’au 31 août 2018 pour rendre sa copie. Elle devra gérer les affaire courantes, faire adopter et vulgariser les textes, organiser les élections. Avant d’en arriver aux deux derniers points cités, les « normalisateurs » devront s’assurer que les nouveaux textes comprennent la version modifiée de la loi sur les prérogatives de la chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun.

Il est question ici de la loi N°2011/018 issue de la Charte des sports adoptée en 2011. La Fifa exige qu’elle s’arrime à ses textes à elle. Elle voudrait que les litiges entre membres de la Fédération camerounaise soient réglés au sein de l’association et que l’on ne fasse plus appel à la Chambre de conciliation et d’arbitrage, plus haute instance juridique du sport au Cameroun. C’est que Fatma Samoura la secrétaire générale de la Fifa réclamait au ministre camerounais en charge des Sports et de l’Education physique le 30 octobre 2017 dans les termes suivants : « la question spécifique des prérogatives de la Chambre de conciliation et d’arbitrage (Cca) du Comité national olympique et sportif du Cameroun. Ladite loi lui permet en l’état de prendre des décisions contraignantes sur requête d’une seule partie et ceci est une raison centrale des problèmes auxquels la Fecafoot a fait face pendant trop longtemps ».

La Fifa ne lâche pas prise

Le chef de la délégation de la Fifa arrivée à Yaoundé cette semaine a remis sur la table cette exigence au cours de la conférence de presse qui sanctionnait son séjour au Cameroun. « Nous savons tous que la finalité ou l’épilogue du comité de normalisation est de revoir les statuts et d’organiser des élections libres, transparentes dans le respect des statuts de la FIFA et ceux de la CAF. Mais pour cela certains préalables doivent être exécutés. Notamment l’audit fiduciaire et surtout attendre la modification de la loi nationale sur le sport de 2011», a déclaré Veron Monsengo –Omba. Ses mots ont suscité une polémique vive au sein des milieux du sport camerounais.

Il s’en est trouvé pour estimer que la Fifa faisait du chantage à l’Etat camerounais, qu’elle méprisait sa souveraineté. Par contre, d’autres soutenaient qu’il fallait juste respecter le mode de fonctionnement dune association à laquelle on a librement adhéré ou en sortir… Parmi ceux qui critiquent la Fifa il y en a qui disent que l’instance faîtière du football mondial n’arien compris. Et qu’elle mer en conflit le Cameroun et le Comité international olympique.

« Ne croyez pas que parce qu’on est fonctionnaire à la FIFA, on maîtrise tout. La FIFA même ne comprend pas que la loi camerounaise n’est pas créée par les Camerounais. C’est parce qu’on est membre du CIO qu’on a une charte des sports qui respectent les canons du CIO. Ce que la FIFA nous demande aujourd’hui, c’est d’aller à l’encontre du CIO. C’est ce que la FIFA nous demande, ce qu’on n’a jamais demandé à aucun pays au monde ! C’est-à-dire aller à l’encontre de l’article querellé qui dit que chaque fédération s’organise pour résoudre ses litiges est indépendante pour la résolution des litiges en son sein. Et en dernier ressort, au cas où l’une des parties n’est pas satisfaite de la résolution des litiges, elle peut solliciter la CCA. Ça existe partout. Allez en France, aux Etats-Unis, en Belgique, partout cette procédure existe », argumente l’analyste de sport Serge Pensy. Selon lui, dans le litige sportif,il existe les deux procédures que sont la conciliation et l’arbitrage. Il croit que Fifa « ne cherche pas à nous en imposer car elle ne sait pas ! » Il l’accuse de vouloir « dessaisir le Comité national olympique et sportif de son pouvoir ». Raison pour laquelle le consultant foot rappelle les stature et rôle du CIO et du TAS (Tribunal arbitral du sport) dans le mouvement sportif mondial. « Est-ce que vous savez que le TAS est mis en place par le CIO ? Il y a une hiérarchisation telle qu’au niveau international il y a le TAS et au niveau national la Chambre de conciliation et d’arbitrage ? Après elle tu ne peux qu’aller au TAS ».

Martin Camus Mimb : « personne n’oblige le Cameroun à jouer au football »

Pour sa part, Charles Mongue Mouyeme, un autre analyste de sport camerounais pointe une volonté de faire chanter les autorités camerounaises. « J’ai honte que des juristes camerounais offrent une tribune à une association de droit privé Suisse pour venir jouer au législateur au Cameroun en faisant du chantage en mondovision à l’Etat du Cameroun. Je pense qu’un gros scandale financier existe à la Fécafoot avec lequel la Fifa est très mal à l’aise, et elle essaye maladroitement de s’en sortir sans trop de dommages. Malheureusement, les complicités au Cameroun sont à un niveau très élevé, d’où le cinéma auquel nous assistons. J’ai honte que le peuple camerounais se laisse encore mener en bateau par une mafia bien organisée qui est quasiment éventrée à la Fécafoot et qui tente de se tirer d’affaire en essayant de salir notre pays », s’indigne-t-il, choqué « qu’une Fifa pourrie jusqu’à la moelle ose menacer le Cameroun, à cause d’une bande de cupides qui vendraient notre pays pour quelques subsides. »

Ce n’est pas l’avis du journaliste sportif Martin Camus Mimb. Voici ce que déclarait le directeur général de l’antenne Radio sport info dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le matin du 28 février 2018 : « personne n’oblige le Cameroun à jouer au football. Personne !Si on estime que la Fifa est un problème pour nous on décide d’annuler notre affiliation et on ne joue plus au football ! Mais tant qu’on s’affilie à la Fédération internationale de football association, je suis désolé pour nous mais on est obligés de s’aligner à sa réglementation. Il faut que ce soit clair. C’est la même chose avec la Coupe d’Afrique des nations. Personne n’a obligé le Cameroun à organiser la Can. Mais si on a décidé d’organiser la Can, la Caf a le droit de s’arrêter et de dire : « montrez-moi ce que vous avez fait », de faire le gendarme, de faire à la limite des remontrances. C’est son produit. On ne peut pas être dans sa boutique entrain de vendre ses habits et on estime du dehors qu’on n’a pas le droit de dire comment on doit vendre ses habits. Non ! (…) le traité sur le football nous lie à d’autres choses qu’on doit respecter. Peut-être d’autres organisations ne veillent pas au respect de ces traités mais la Fifa malheureusement pour nous veille au respect de son traité football. Alors on est obligés de s’arrimer ».

Serge Pensy croit connaître le sort définitif qui sera réservé à la demande de la Fifa. Pour lui il ne se passera rien. «Ce que la Fifa nous demande est chose impossible. C’est même pour cela que le gouvernement ne regarde même pas ça. C’est-à-dire qu’il ne va même pas bouger d’un pouce », affirme ce fin connaisseur de l’administration du foot.

Source: africatopsports.com