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Le Cameroun tient son futur Eto’o

Zobo Stephane Zobo a été l'unique buteur des Lions à la CAN U17

Wed, 31 May 2017 Source: camer-sport.be

Unique buteur des Lions U17 à la Can Gabonaise, ce jeune avant-centre combatif de 17 ans, est doué d’un talent et d’une maîtrise de ballon impressionnant.

Logique qu’il soit considéré comme l’un des grands espoirs du football camerounais. Du haut de ses 1,80 m, Stéphane Zobo avec son corps athlétique, a un physique frêle qui s’affutera avec le temps, vu son jeune âge, 17 ans. Une morphologie plutôt proche de celle de Samuel Eto’o, pour ce jeune maniaque du sport-roi, que d’aucuns qualifient déjà de futur Roger Milla, vu ses exploits sur une aire de jeux.N é le 2 août 2000, ce jeune prodige est capable d’affoler les défenses avec ses dribbles, sa vitesse, ses longues transversales, son jeu aérien ou encore sa qualité et sa puissance de frappe.

La Guinée et le Gabon en ont fait les frais lors de la Can U17 qui se déroule au Gabon. En effet, même si le Cameroun a été éliminé au premier tour, cet avant-centre amoureux de l’effort, capable de jouer aussi comme milieu de couloir, s’est une fois de plus illustré positivement. Puissant dans les duels et impeccable dans ses interceptions, Stéphane est l’unique buteur, avec deux réalisations du Cameroun à cette messe du football africain.

Avec un magnifique contrôle dos tourné, qui a laissé le portier guinéen, Ibrahima Sylla, abasourdi, ce fan de Samuel Eto’o et Cristiano Ronaldo a permis à ses coéquipiers d’éviter une deuxième défaite (1-1) face à la Guinée. C’est encore lui qui offre au Cameroun sa première et unique victoire (1-0) du tournoi devant le pays hôte, ce qui lui vaut le titre convoité de l’Homme du match.

« Je tiens à m’excuser »

« Je suis heureux d’avoir inscrit le but de la victoire et d’avoir été distingué Homme du match. Mais, nous sommes éliminés. Ce n’est pas ce à quoi nous nous attendions en arrivant au Gabon. Je pense cependant qu’il y a un groupe qui possède les ressources pour faire beaucoup mieux à l’avenir. Je tiens à m’excuser et promets aux Camerounais de faire mieux la prochaine fois. Croyez-moi, on reparlera des Camerounais », affirme modestement ce footballeur qui rêve de jouer la Can 2019 qu’accueille le Cameroun.

S’il a hérité sa passion pour le football de sa mère, Régine Mvoue, ancienne footballeuse, son talent il le perfectionne au quotidien. « J’aime les défis, quand une situation est difficile, j’aime aller jusqu’au bout. En sélection, je m’arrange à être parmi les cinq premiers quand il y a des exercices », souligne ce sociétaire d'Azur Star de Yaoundé, qui souhaite compter parmi les meilleurs joueurs d’Afrique.

Mais avant, « Je me contente de multiplier des efforts et de laisser mes agents de la Nogasport management, notamment Olivier Noah, s’occuper de ma carrière». Au-delà des statistiques flatteuses (13 matchs en sélection avec 12 buts, 15 buts en club dans la saison 2016), ses qualités physiques s’accompagnent de sa maturité, sa discipline et de son sens de responsabilité. Des atouts qui font de ce numéro 9, un véritable phénomène, digne pourquoi pas, d’être un futur Roger Milla ou Samuel Eto’o. Marie Louise MAMGUE

MICKEY ARNAURD NYObE: «On a demandé de l’argent à beaucoup de joueurs »

Agent de joueur, il revient sur la participation des Lions U17 à la Coupe d’Afrique des nations (Can U17) de football qui se déroule au Gabon. Logé dans le groupe A avec le pays hôte, la Guinée et le Ghana, le Cameroun a été précocement éliminé du tournoi avec un résultat médiocre d’une victoire, une défaite et un match nul. En tant qu’observateur de la scène sportive camerounaise, comment avez-vous apprécié la prestation des Lions U-17 à la Can ?

Pour parler du niveau du Cameroun, il faut d’abord essayer de voir quel était le niveau général de la compétition. On pourra dire que la plupart des équipes présentes ont connu des préparations sérieuses, surtout celles qui sont passées en demi-finale, à savoir le Niger, le Ghana, le Mali, la Guinée. Certaines de ces équipes ont eu à faire la mise au vert au Cameroun, Maroc et en Europe. Une préparation xxl pour nos lionceaux du côté de la Fécafoot était prévue, mais je ne sais pas si elle a été vraiment à la hauteur. Sur la durée elle a été très longue (un an), mais elle n’a pas été suivie de façon méthodique.

Les Camerounais ont été débordés sur tous les plans, physique, tactique, mental. Aucune créativité dans le jeu, l’animation des couloirs qui fait la force de cette équipe n’a pas été mise en évidence. Maintenant on peut se demander ce qu’il y avait comme contenu dans cette si longue préparation, je dirai rien du tout, malgré l’adjonction d’un sorcier blanc à deux semaines de la compétition. Je me réserve le droit de parler de la prestation personnelle des joueurs pour éviter un conflit d’intérêt.

A vous entendre, on dirait qu’un an est insuffisant pour préparer une compétition ? La durée d’un an est exagérée pour préparer une équipe. Mais qu’est-ce qu’il y avait en terme de contenu ? Pas de suivi dans l’organisation de ces entraînements, des gamins baladés d’une ville à l’autre. L’école de football des Brasseries du Cameroun par exemple avait été réticente pour libérer les joueurs de son écurie. On aurait pu laisser les joueurs dans leurs structures respectives.

Un an sans compétir, sans matches avec enjeu est long. qu’est-ce qu’il fallait à votre avis pour avoir un groupe plus compétitif ? Il y a toujours une possibilité de faire mieux. On aurait pu concentrer les moyens sur deux ou trois mois à l’approche de la compétition. Je dirai entre parenthèses que c’est toute une année scolaire perdue.

Durant ce genre de stage on devrait adjoindre des professeurs, mais rien n’a été fait. Ils se sont sacrifiés pour la pratique du sport, mais leur année scolaire qui y pense ? Personne. En 1981, une session de rattrapage au bac avait eu lieu à cause des membres de l’équipe nationale junior, candidats au bac qui participaient au Mondial en Australie.

Mais qu’est-ce qui a été fait pour ces enfants ? Après la compétition, cette équipe sera lâchée et on passera à un autre renouvellement de génération. Les performances de l’équipe reflètent la qualité des joueurs.

Sans bon joueur, une équipe ne peut pas avoir de résultats, il faut tout miser au départ dans la détection. Les talents ne manquent pas au Cameroun. C’est à partir de là que l’équipe peut se dessiner. Il faut mettre sur pied toutes les reformes qui ont été décidées, la Fécafoot ayant un très bon plan dans le cadre de l’organisation du football jeune qui sommeille dans leur tiroir. On a besoin des réalisations concrètes sur le terrain.

Les données selon vous ont-elles été faussées à la base ?

Le travail a été faussé à la base. La direction technique nationale a organisé une série de stages de détection un peu de partout dans la République. Mais quels sont les joueurs qui ont été retenus ? Toujours cette petite affaire de copinage. De l’argent demandé à ces gamins. Je dis bien pendant la détection, il fallait donner 150 000 F Cfa pour participer à une présélection et avoir l’illusion de pouvoir être membre de cette équipe. Je ne peux pas le cacher.

Je suis un agent de joueur et je côtoie ces enfants au quotidien. Pour avoir assisté personnellement à la détection au stade de la réunification de Douala, je connais beaucoup de jeunes, approchés par ces encadreurs chargés de la détection, à qui on a demandé une certaine somme d’argent afin de les inviter. Ce qui fait qu’il y a un doute qui reste sur la qualité des joueurs sélectionnés à la fin.

Ce genre de pratique existe toujours…

Des petits arrangements ne manquent jamais en équipes nationales. Des encadreurs qui demandent aux jeunes de leur verser une partie de leur prime. Ne vous étonnez pas que les primes ne soient jamais virées dans les comptes des joueurs. Les problèmes existent.

Les enfants sont muselés pour qu’ils ne puissent pas en parler. Des joueurs convoqués dans des chambres par les encadreurs qui leur brandissent des contrats d’agent de joueur à signer, ils usent de leur ascendance sur les gamins pour les influencer et leur mettre la pression, faisant ainsi l’objet de chantages à l’intérieur, impossible de rester concentré dans un tel environnement.

Un agent de joueur qui se retrouve avec 18 joueurs sur 21 possibles. Rien qu’au Cameroun cela peut arriver. Une situation de monopole se crée de telle façon que tous joueurs sollicités par un quelconque club, ce dernier devra forcément négocier avec cet agent qui n’aura fourni aucun effort, sa proximité avec la Fécafoot faisant le reste. Par conséquent, certains joueurs se sont vus écartés de la sélection parce qu’ils ont refusé de signer avec ces agents. C’est une autre forme de corruption. Voila comment l’équipe nationale est gérée à la petite semaine. Les entraîneurs essaient de faire correctement leur boulot, pendant que les encadreurs qui gravitent tout autour sabotent leurs efforts.

Est-ce que individuellement il y a des joueurs qui se sont distingués ? C’est certain qu’il y a des joueurs qui ont un fort potentiel. Je prendrai l’exemple de l’avant-centre Zobo, qui est le seul et l’unique buteur du Cameroun durant ce tournoi. Il fait un tournoi pas à la hauteur des attentes placées en lui. Je crois qu’il est l’un des rares joueurs dans cette équipe qui a pu tirer son épingle du jeu. Des joueurs sur qui on fondait de réels espoirs ont été en deçà de leur véritable performance.

Source: camer-sport.be