Un certain nombre de Camerounais, du fait de leur talent, sont reconnus dans le monde entier. Le Cameroun en tire-t-il suffisamment profit, en termes d’image ?
Le Cameroun tire plus profit de ses footballeurs que de ses musiciens; écrivains ou autres inventeurs et créateurs de richesse. Le profit, les rares fois qu'il existe ne sont même pas évalués à 10% du potentiel exploitable.
Richard Bona, qui ne s’est pas rendu à une cérémonie en son honneur a rappelé le fait qu’on lui demandait chaque fois un visa pour venir au Cameroun. Avant lui, Ndedi Eyango avait posé le problème de la double nationalité. Manu Dibango, Yannick Noah… se sont quelquefois plaint. De telles situations ne sont-elles pas de nature à nous couper d’une richesse qu’on pourrait exploiter ?
Vous citez Richard Bona qui aurait décliné une invitation pour une médaille; avant lui d'autres musiciens de renom avaient créé l'émoi dans leur pays en leur temps pour des refus similaires. Berlioz, Ravel, Brassens etc... Et si cette occasion manquée de Bona marquait un début de réparation? Avouons que tout le monde a dégammé dans cette affaire.
Comment ?
Je ne vais pas revenir sur l'impression d'impréparation des uns ni la transgression et l'impertinence, voir l'imposture des autres, mais, il m'est souvent arrivé de solliciter les services de la DGSN pour des visas de courtoisies délivrés dans nos aéroports, à des visiteurs étrangers, quand ce service, qui plus est gratuit, se justifiait. Le dernier souvenir que j'ai en tête est le visa que j'ai sollicité et immédiatement obtenu (sans condition) pour M. Pape Diouf, qui était l'invité d'honneur de nos universités en décembre 2014 à Yaoundé. Il y a des règles et des dérogations. Je pense qu'on doit s'y conformer, stars, pouvoirs publics ou organisateurs d'événements. Petit rappel, le weekend dernier, nous avons aperçu un certain Manu Dibango dans une posture altruiste à l' EEC de Nlongkack, non loin de vos bureaux. Il chantait pour les fidèles de l'église et les enfants qu'on baptisait. À t-il reçu une lettre de félicitation?
Que peut gagner le Cameroun de ses icônes ?
Dernièrement le ministre Bidoung Mkpatt a associé Roger Milla et Sarah Etondé à l'hommage rendu au Président Issa Hayatou, mais on doit pouvoir aller plus loin lorsque d'autres occasions se présenteront. Souvenez-vous du judoka Teddy Riner ou le basketteur Tony Parker, Manuel Valls et Mme Hidalgo hurlant la chanson "j'irai au bout de mes rêves" de J.J. Goldman dans le cadre de la candidature de Paris pour les JO 2024 camer.be! Ces éléments que je cite indiquent clairement qu'en matière de Célébrity Marketing, les marques ne sont pas les seules à pouvoir profiter du pouvoir des stars. Les nations sont aussi des marques, et on a plus d'atouts pour convaincre les stars que les marques commerciales. Plus que n’importe quelle marque, le pays a les moyens financiers, le carnet d’adresses le mieux fourni, de quoi donner la légitimité à ceux qui veulent s’associer à eux…Car les célébrités s’impliquent davantage dans des projets qui on un sens en adéquation avec leurs image.
On s’apprête à organiser des compétitions importantes (CAN 2016 et 2019). Les stars camerounaises réputées dans le monde entier peuvent-elles nous être d’un certain apport ?
Dans le cadre des CAN 2016 et 2019, il y a vraiment du grain à moudre ; notre pays regorge de stars dans de nombreux domaines, à travers le monde. Ces célébrités sont susceptibles de participer efficacement à une campagne « d’endossement », mais, avant tout, il s’agit de définir les objectifs souhaités, le type de résultats attendus. Est-ce de l’image, la preuve de la capacité du pays à réussir une telle organisation, la volonté de créer du lien social, la quête de victoires sportives etc. Une stratégie naîtra. Le choix de l’association à des icônes camerounaises dépendra de tous ces éléments, et permettra d’obtenir des résultats mesurables après les événements. D’autres éléments tels que la cible, les messages à transmettre ainsi que les actions mises en scène ont également un rôle déterminant, mais seront mieux énoncées en fonction de tout ce qui aura été fait en amont.