Appelez-le Monsieur un but par match ! Contre Strasbourg, alors que ses partenaires se cassaient les dents sur les gants d'Alexandre Oukidja, la lumière est venue de Clinton Njie. Cela faisait une éternité qu'il ne l'avait plus vue en championnat. Quatre mois exactement et un doublé à Amiens (0-2) qui érigeait alors le Camerounais en fer de lance principal de l'OM.
Valère Germain y avait mis du sien, étant incapable de prolonger en Ligue 1 les promesses estivales étalées lors des tours préliminaires de Ligue Europa (5 buts). Quant à Kostas Mitroglou, il n'était encore qu'une ombre, freiné par une blessure contractée avant même de poser sa carcasse courbée en Provence. Le Lion était vraiment indomptable, marquant dans toutes les positions et de toutes les parties du corps. Il avait semé cinq réalisations lors des six premières journées, laissant présager une saison record.
Payet : "Il est revenu affûté"
Ses jambes sont restées aussi rapides, ses extérieurs du pied droit toujours aussi aléatoires et approximatifs, mais la précision devant le but adverse s'est étiolée. Avant qu'un retard lors d'un retour de sélection, en octobre, ne vienne plomber son excellent démarrage et qu'il ne soit pas sanctionné en interne. Depuis ce problème administratif, le statut de l'ancien Lyonnais a sacrément évolué. Le voilà remplaçant, appelé à sortir du banc pour apporter de la profondeur et martyriser les défenses adverses par sa vitesse, façon Bip Bip. La recette a payé contre le PSG (2-2) avec une offrande pour Thauvin ; mais aussi contre Konyaspor où il provoque le but de l'égalisation (1-1).
Njie, décrit dans l'entourage du club comme "un bon gamin doté d'un gros potentiel", est devenu au fil du temps une sorte de super remplaçant, fort de stats implacables. Avec six réalisations, il pointe au deuxième rang des meilleurs buteurs de la maison bleue et blanche aux côtés de Morgan Sanson et Lucas Ocampos. Seul Florian Thauvin fait mieux (9).
L'ancien Lyonnais, qui s'est perdu à Tottenham pendant une saison, fait plus fort : il est l'Olympien qui possède le meilleur ratio but marqué-temps de jeu, avec un but toutes les 82 minutes en L1. Et ce, malgré un important déchet et une ribambelle de mauvais choix.
Mardi, il a également profité de la venue de Strasbourg pour ajouter une offrande à sa panoplie de joueur décisif, au moment même où le milieu du ballon rond bruisse de rumeurs à son sujet. Il se murmure qu'il ne serait pas retenu en cas d'offre juteuse. C'était déjà le cas l'été dernier. Njie n'en a cure. Il court, il court sans y prêter attention. Il va tellement vite qu'il a même pris de vitesse les journalistes qui voulaient recueillir les - bonnes - impressions de celui qui a attaqué 2018 pied au plancher avec une prestation remarquable contre Valenciennes (1-0) en coupe de France.
De nouveau indomptable, le Lion est également devenu insondable ; Zorro sur les terrains, Bernardo devant les micros, l'anglophone est rattrapé par une réserve naturelle. "Il a démarré fort cette saison. Au niveau des statistiques, il est bien placé. Il est revenu affûté de vacances, il avait du jus. Contre Strasbourg, il est arrivé à débloquer la situation. On dit souvent que tout le monde est important et que la décision peut venir du banc ; ça a été le cas pour lui contre Strasbourg. On aura besoin de tout le monde", conclut Dimitri Payet. Dans la course au podium, tous les atouts vont compter. Même les plus inattendus.