François Omam Biyik n’en veut pas forcement à Samuel Eto’o de ne l’avoir plus reconduit dans le nouveau staff des Lions Indomptables. Il donne les clés à Rigobert Song pour réussir sa mission. Il s’est confié dans une Interview au confrère le Messager dans son N° 5968.
Quel est l’état d’esprit de François Omam Biyik quelques jours seulement après son départ de l’encadrement technique des Lions indomptables ?
(Rires) Utilisons les mots qui conviennent. Je ne suis pas parti. La Fédération a mis un terme à la collaboration. C’est de son droit. Pour répondre à votre préoccupation, comme à mon habitude, je suis un homme calme et serein. J’ai passé d’agréables moments avec les joueurs et autres membres de l’encadrement des Lions indomptables. C’est ce qui est le plus important. J’ai le moral au beau fixe. Je suis François Omam Biyik. Mon comportement au Cameroun et ailleurs travaille pour mon image. Qui sait de quoi demain est fait ? (Rires)
Pensez-vous que la sélection nationale fanion a le moral à toute épreuve après leur 3ème place lors de la dernière Can au pays ?
Ceux qui doutent sont ceux qui ne connaissent pas la dure réalité du sport. Les sportifs appelés à défendre leurs couleurs nationales sont les seuls employés pour qui on chante l’hymne national avant le début du travail. Pour avoir été joueur de haut niveau, je sais ce que cela représente pour un athlète. Je vous accorde l’expression de votre doute. Mais permettez-moi de vous dire que les confrontations se suivent et ne se ressemblent pas. Le chant de l’hymne national transfigure les athlètes lorsqu’ils sont dos au mur. Il en sera le cas pour ces Lions indomptables que je connais. Les doutes des uns et des autres seront capitalisés par ces joueurs et encadreurs.*
A quelques semaines de la double confrontation entre les Lions indomptables du Cameroun et les Fennecs d’Algérie, à quoi doit-on s’attendre ?
Il y’a un encadrement technique qui a été mis sur pied. Il travaillera avec les joueurs motivés qu’il trouvera sur place. Comme par le passé, le gouvernement de la République qui tient à la qualification des Lions indomptables à cette phase finale de la Coupe du monde, mettra tous les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif. Sur ce plan tout au moins, je n’ai aucun doute.
Le match aller se jouera à Douala. Est- ce un inconvénient ou un avantage ?
Les Lions indomptables que je connais sont déterminés à se qualifier pour la Coupe du monde Qatar 2022. Pour certains, c’est la dernière Coupe du monde de leur carrière de joueur. Ils vont aller au-delà de de tout ce qui a été vu depuis des mois. Ils vont se surpasser et jouer pour l’honneur du drapeau avec plus d’engagement et plus de hargne.
Le stade de Japoma est-il approprié ?
Il s’agit du Cameroun et des camerounais d’abord. Ce n’est pas forcement le stade qui fait le résultat mais l’ensemble des agrégats qui ont un large spectre. Tout à l’heure, je vous parlais de la détermination des pouvoirs publics à donner la logis- tique nécessaire pour une aisance des Lions et de leurs encadreurs. Ensuite, je vous ai parlé des joueurs et de leur esprit conqué- rant. En troisième position, vous aurez le public. L’année dernière, sur ce même stade, nous avons vu un public très mobilisé contre la Cote d’Ivoire lors de l’avant dernier tour de ces éliminatoires. Repartir à Douala pour jouer, c’est comme pour dire aux populations « nous sommes venus ache- ver la symphonie glorieuse pour la fête planétaire ». Le public de Douala que je connais et l’ensemble du peuple camerounais se lèveront comme un seul homme. Le Cameroun devra éviter une fausse note à Japoma. Et même s’il arrivait que les Lions indomptables trébuchent au match aller, ils ont des arguments pour faire la différence au match retour. Pour le stade comme infrastructure, il fait partie des meilleurs du monde. C’est toujours bien de jouer sur de telles surfaces
Vous semblez très optimiste…
Il ne s’agit pas de dire les choses pour plaire. Il est question, certes avec un brin de patriotisme, d’analyser la situation avec lucidité et transmettre à nos jeunes compatriotes l’énergie positive que nous avons. Les Lions indomptables vont affronter une grande équipe d’Algérie soucieuse de rebondir, elle qui, malgré son potentiel et son classement au niveau de la Fifa a fait une mauvaise Coupe d’Afrique des nations il y’a quelques mois ici même au Cameroun. Rien ne sera facile ni pour le Cameroun, ni pour l’Algérie. C’est l’équipe qui sera prête mentalement, psychologiquement, tactiquement et techniquement qui se qualifiera. N’étant pas dans le groupe, je ne peux que leur apporter des éléments sur le plan mental et psychologique. Les Lions indomptables auront besoin des supporters et non des spectateurs. Pendant les 180 minutes nous devons être présents et rassurants autour de notre sélection nationale.
Sur quels compartiments devront-ils le plus travailler ?
Vous conviendrez avec moi que je ne peux et ne dois rien dire qui soit exploitable par les Algériens. Pendant des décennies, mon cœur a vibré au chant de l’hymne national de mon pays tant au Cameroun qu’ailleurs. C’est ce que je souhaite à ces compatriotes qui ont la lourde responsabilité de défendre les couleurs nationales, mais aussi pour l’ensemble de notre pays. Le football camerounais constitue la légende de ce sport tant en Afrique que dans le monde. Une huitième participation à une phase finale de la Coupe du monde rehausserait forcement l’image de notre pays aux yeux des partenaires économiques et médiatiques. Ce qui, par ricochet, apportera indubitablement l’oxygène sur le plan financier dans les caisses de la Fédération qui se chargera d’irriguer le standing des footballeurs et celui de leurs encadreurs. C’est pour moi l’occasion d’inviter les hommes et femmes des médias à faire bloc autour des Lions indomptables. Je ne parle pas de l’union sacrée, expression chère aux camerounais. Je parle de la défense des intérêts communs : l’image et le rayonnement du Cameroun. Les points sur lesquels l’on doit travailler, c’est dans nos cœurs. Il ne s’agira pas de la victoire d’un joueur, d’un encadrement technique, d’une fédération, d’un ministère ou de toute autre entité. Il s’agit du Cameroun, de notre rayonnement international à travers le sport en général et du football en particulier. Notre unité doit être notre force.
Vous insistez sur l’unité et l’accompagnement des Lions indomptables. Croyez-vous en la sincérité des camerounais ?
Qui suis-je pour douter de l’amour que les uns et les autres portent pour ce pays ? Qui suis-je pour croire que le plus sincère c’est moi et non les autres ? J’invite tout simplement mes compatriotes à faire comme par le passé, du temps où nous autres étions joueurs. Regardons sur le rétroviseur et disons-nous qu’à tout moment où nous avons fait bloc, nous avons soulevé les montagnes. Celle qui se présente à nous à travers la double confrontation contre l’Algérie est à notre portée.
C’est quel François Omam Biyik qui nous parle ? Nous croyions avoir face à nous l’ancien entraîneur. On se trompe ?
(Rires) Vous avez plusieurs François Omam Biyik en un qui vous parlent. D’abord l’ancien footballeur de Pouma Fc qui connaît l’importance et l’impact de la mobilisation populaire lors des confrontations de grande portée. Je me souviens des confrontations à Yaoundé ou à Douala contre la Zambie, le Nigeria, le Zimbabwe etc. Je me souviens de ces clameurs des stades qui ont donné droit aux victoires retentissantes alors qu’on partait perdants. Cela peut échapper à certains. Mais lors- qu’on a été leader technique dans la sélec- tion nationale comme moi, pour dire le moins, on porte le regard et les attentes d’un peuple. Vous êtes un leader d’opinion. Ceci exige de vous prioritairement en tout temps et en tout lieu la défense des intérêts du pays. Jamais on ne doit baisser la tête face à un obstacle. Ce pays qui a fait de moi un homme et à qui je dois tout doit rester débout avec sa sélection nationale. Etre capitaine des Lions indomptables, comme je l’ai été, veut dire le défenseur des intérêts des joueurs, des dirigeants et du peuple. Je refuse qu’on parle de courroie de transmission. Alors, il faut être modéré, pondéré, juste et sincère. Enfin, je dois savoir à quel niveau se trouvent les priorités de l’Etat et du peuple. Il y’a quelques semaines, les Camerounais vibraient à l’unisson du fait de l’organisation de la Can par notre pays.
Etes-vous de ceux qui pensent que la qualification pour la Coupe du monde apportera encore plus d’apaisement dans notre pays ?
Tout à fait ! Ça fait partie des rêves et priorités du citoyen que je suis. Ce n’est pas une histoire du Cameroun, mais nouvel- le donne planétaire. Le sport contribue au développement économique, industriel et touristique. L’Etat a investi des centaines milliards pour la jeunesse à travers le football en organisant la Can. Ceci ne sera pas rentabilisé en quelques mois. Il faut une participation régulière et assidue aux compétitions majeures dont la Coupe du monde. Ce n’est pas à votre journal que je dirai que le sport aujourd’hui s’associe à la géopolitique et la géostratégie continentales et mondiales. Qui n’aimerait pas que son pays soit cité parmi les meilleurs du monde ? Qui n’aimerait pas que son pays oriente le regard de la communauté internationale ? Je vais donner le meilleur de moi-même pour mon pays.
Certains s’attendaient à ce que vous soyez amer après la fin de votre bail chez les Lions indomptables…Les comprenez-vous ?
Il faudrait sortir des fausses considérations qui voudraient qu’on ait des pensées positives pour son pays uniquement lorsqu’on est en fonction. Dans un même pays, on ne peut pas avoir en même temps plus d’un chef de l’Etat, plus d’un ministre des sports, plus d’un président de la fédération pour une discipline sportive, plus d’un entraîneur principal ou plus d’un capitaine en sélection. Ce qui importe c’est la synergie des énergies dans la défense des intérêts communs. Sans aucun poste de responsabilité, le citoyen qui oriente un étranger venu dans notre pays contribue au développement du tourisme. Cet exemple peut s’étendre sur d’autres points. Alors, unissons nos forces pour la construction de notre mouvement sportif et de notre pays. Comme disait un contemporain, ne demandons pas ce que notre pays a fait pour nous, mais demandons-nous ce que nous avons fait pour notre pays. Tous pour la qualification des Lions indomptables pour la Coupe du monde Qatar 2022.