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Lions indomptables: Et si Samuel Eto’o Fils revenait

Samuel Etoo With Guard Samuel Eto'o Fils

Mon, 21 Sep 2015 Source: Mutations

L’information faisant état d’une mission dépêchée en Turquie pour obtenir le retour du joueur en sélection ne laisse pas grand monde indifférent.

Avec cinq buts au compteur en quatre matches joués sous les couleurs de Antalyaspor, Samuel Eto’o Fils signe un début tonitruant dans le championnat turc, sans doute le meilleur de sa riche carrière. Après quatre journées, le « 9 » domine provisoirement le classement des buteurs de ce championnat.

Aujourd’hui âgé de 34 ans, l’ancien sociétaire du Fc Barcelone, Chelsea et Anzhi, que l’on croyait sur les rotules, a encore manifestement de beaux restes.

Pas de quoi laisser de marbre les nombreux supporters des Lions indomptables. Ils sont d’ailleurs nombreux à n’avoir pas fait le deuil du capitaine d’Antalyaspor depuis le 27 août 2014, date à laquelle ce dernier annonçait sur ses comptes Instagram et Facebook la fin de sa carrière internationale. Quelques jours auparavant, le sélectionneur Volker Finke avait rendu publique la liste des joueurs retenus pour l’entame de la campagne de qualification pour la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2015. Eto’o Fils y brillait par son absence.

Le 14 juin dernier au Stade Ahmadou Ahidjo, au terme du premier match des éliminatoires de la Can Gabon 2017, remporté à la césarienne par le Cameroun face à la Mauritanie (1-0), une nuée de spectateurs déçus avaient réclamé à tue-tête le retour en sélection du meilleur buteur de l’histoire des Lions indomptables et partant, le limogeage du coach Volker Finke. On ignore si ces footeux ont été instrumentalisés ou s’ils poussaient-là un cri de cœur.

Il n’empêche. Le cas Eto’o Fils continue de hanter la sélection nationale de football du Cameroun, un peu plus d’un an après son retrait forcé ou volontaire. La victoire pénible de Aboubakar Vincent et ses coéquipiers face aux Gambiens le 6 septembre dernier à Banjul ne laisse ni les supporters, ni le sérail indifférent. Il y a quelques semaines, la presse sportive signalait qu’une mission a été dépêchée auprès du quadruple ballon d’or africain en vue de le convaincre de revenir en sélection. La composition et la moisson de cette mission restent un mystère.

Le capitaine de Antalyaspor ne souhaite pas s’exprimer, pour le moment, sur cette affaire. Du côté du ministère des Sports et de l’Education physique (Minsep), on subodore une « immense rumeur », tout en indiquant que c’est possible qu’une telle démarche ait été entreprise par la présidence de la République ou les services du Premier ministre, en ignorant le ministre Adoum Garoua. « Au Minsep, la mise en route d’une telle mission n’est ni une supputation, ni une perspective », insiste notre source.

Coupe du monde 90

Joseph Owona, président du Comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) se veut encore plus cinglant sur la question : « J’entends ça ici et là. Le sujet n’est pas à l’ordre du jour à la Fecafoot. Il vous souvient quand même que c’est une commission [commission Motazé mise sur pied le 25 juin 2014, ndlr] qui a mis ces gens-là [dont Eto’o, ndlr] dehors ». Une position tranchée qui rappelle une autre, exprimée par le patron de la normalisation dans une correspondance adressée au Premier ministre à la veille de la coupe du monde Brésil 2014 : « Pour ce qui est de l’indiscipline caractérisée teintée de défiance de certains joueurs et particulièrement du capitaine Samuel Eto’o Fils, vis-à-vis de l’autorité publique et des autorités fédérales, nous suggérons que le capitanat lui soit retiré, suivi d’une radiation pure et simple de l’équipe nationale avec d’autres meneurs patents… ».

Comme quoi, même dans l’hypothèse où il est envisagé, le retour d’Eto’o en sélection nationale n’est pas du goût de tout le monde. D’ailleurs un technicien du football, qui a invoqué la délicatesse du sujet pour requérir l’anonymat, rappelle qu’ « il ne suffit pas d’afficher une forme certaine. Encore faut-il que le retour d’Eto’o ne dégrade pas le climat un peu serein qui prévaut au sein de l’équipe nationale. Qu’est ce qui est recherché à travers ce retour ? Avant son départ forcé de l’équipe nationale, il me semble que les Lions indomptables gagnaient déjà péniblement les matches, lorsqu’ils venaient à les gagner, face à des équipes moyennes », insiste l’expert.

Cependant, les différentes sources approchées par Mutations reconnaissent que le retour ou non de Samuel Eto’o en sélection est plus un problème politique que sportif. Il s’agit même d’un « dossier de souveraineté », argumente un caïman du marigot du football camerounais. En effet, la perspective d’une non qualification du Cameroun pour la Can 2017 (une hypothèse à ne plus écarter compte tenu des dernières prestations somme toute mièvres de Stéphane Mbia et ses partenaires) s’avère particulièrement fâcheuse au plan politique : candidat hyper pressenti à la présidentielle théoriquement prévue en 2018 (le chef de l’Etat a la possibilité, constitutionnelle, de l’anticiper), Paul Biya, professionnel de la récupération politique, verrait d’un très mauvais œil une élimination des Lions avant la phase finale.

Des stratèges du président de la République seraient même d’avis (ils auraient déjà plaidé dans ce sens auprès de qui de droit) qu’il faille ramener Eto’o, quels que soient les dégâts collatéraux que cela pourrait engendrer au sein du groupe, l’essentiel étant d’assouvir des desseins politiques.

Surtout, Paul Biya n’a pas oublié qu’en 1990, l’épopée des Lions indomptables en Italie a grandement contribué à désamorcer la bombe sociale alimentée par les revendications d’une opposition alors mordante. Avant la belle aventure italienne, il y a eu une décision politique forte, millimétrée. Mal accueillie par des cadres de l’équipe nationale (y compris par feu le ministre Joseph Fofé, si l’on s’en tient au témoignage de Jules Dénis Onana dans Cameroon tribune hors série paru en juin 2014), l’instruction présidentielle de sélectionner Roger Milla est certainement, avec des années de recul, ce qui pouvait arriver de mieux au groupe de Valérie Nepomniachi.

Reste, comme le précise un technicien, que Samuel Eto’o accepte le choix de l’entraîneur de l’utiliser comme titulaire sur l’aire de jeu ou officier de réserve (remplaçant de luxe). Ou encore comme un assistant dans le vestiaire.

Source: Mutations