Sa nomination à la tête de la sélection avait déjà surpris. Tombi A Roko, l’usurpateur, l’avait coopté alors qu’il ne faisait pas partie de ceux retenus dans la première partie de sélection et dont les noms étaient consignés dans la short-list des prétendants au poste. Sous le feu des critiques, en panne de victoire depuis le sacre à la CAN2017, et désigné comme le principal responsable de l’élimination précoce du Cameroun pour le Mondial 2018, le Belge dont les choix tactiques ont été souvent l’objet de polémiques, est depuis lors, sur le gril.
Pendant quelques semaines, soit entre le match des quarts de finale et le premier match amical préparatoire à la Coupe des Confédérations, il a été célébré et porté en triomphe. La tête de Hugo Broos est désormais mise à prix. Surtout au lendemain du naufrage des Lions indomptables à Uyo (4-0) doublé du maigre match nul (1-1) arraché sur le fil face aux Super Eagles lors du match retour à Mfandena le 04 septembre dernier, consacrant l’élimination des champions d’Afrique en titre, condamnés à regarder la Coupe du monde 2018 devant leur petit écran. Depuis lors, l’ancien défenseur d’Anderlecht a perdu le peu de crédit que lui vouaient encore certains supporters des Lions chez qui la Can 2017 a attisé la flamme de la sympathie vis-à-vis du patron de l’encadrement technique des fauves. On le vilipende, on le traite désormais de tous les noms d’oiseau au motif qu’il n’a jamais été un coach charismatique et n’a même jamais été objectif dans sa démarche.
Disciple de Ponce Pilate
Adepte des schémas tactiques brouillons et des classements improvisés, Broos c’est aussi le roi de l’esquive. Ne l’avait-il pas démontré lorsqu’il s’est défait de sa responsabilité au sujet de la défaite en match amical en Belgique, sa terre natale, contre la Guinée ? En disciple de Ponce Pilate, il avait jeté en pâtures les administrateurs de l’équipe nationale, prétextant que ces derniers géraient la sélection nationale comme on tient une épicerie. Résultat des courses, la prise de repas des joueurs avait été retardé. Du pain béni pour la presse obligée d’ouvrir le feu sur le management des Lions Indomptables plutôt que faire l’autopsie des choix tactiques du coach largement discutables.
« Tueur de talents »
Incapable de convaincre et de conserver des talents, Broos a choisi de les passer à la potence, les poussant vers une retraite internationale précoce. Idriss Carlos Kameni, Joël Matip, Amadou Ibrahim et plus récemment encore André Onana, Choupo-Moting, Nyom, Gaetan Bong, en sont quelques spécimens. Quel crédit accorder aujourd’hui au « sorcier blanc » quand on sait qu’au lendemain du flop à la dernière Coupe des Confédérations, il s’est offert le luxe, d’attribuer à ses joueurs, une attitude d’enfants gâtés alors que lui, le père n’avait pas été suffisamment sévère envers eux comme ce fut à la CAN au Gabon ? Comment continuer de faire confiance à cet apôtre de la politique du bouc émissaire ? qui s’est moqué en pleine conférence de presse, du jeu stéréotypé de Christian Bassogog, sacré meilleur joueur de la CAN 2017. Pire, il a tiré à boulets rouge et en mondovision sur Vincent Aboubakar au motif qu’il perd beaucoup de ballons parce qu’il croît qu’il lui revient à chaque fois de faire la différence. En fait, il critique ses propres choix puisqu’il est le seul responsable de la sélection des joueurs en équipe nationale comme il l’a souvent assuré. Il est tout autant responsable de la venue de Bassogog que de celle de Ndip També ou de tous ceux qui jouent en cinquième division dans les championnats tout aussi ténébreux. Comment fait-il pour repérer ces joueurs dans de miteux championnats ? A t-il une agence de gestion de joueurs et veut-il s’assurer de mettre "ses joueurs" en évidence pour pouvoir tirer une forte plus-value ?
Partira, partira pas ?
Suffisant pour comprendre qu’Hugo Broos est devenu le mal aimé d’une foule de footeux jaloux de leur sélection nationale fanion. Avec la déchéance de son mentor Tombi à Roko, n’eût été de l’état délabré de la structure footballistique du football du Cameroun, l’homme serait certainement déjà loin de cette équipe. Mais, en a-t-il seulement conscience ?
Si certains réclament son départ à cor et à cri, le technicien Belge qui se défausse sur certains de ses joueurs, lui, entend continuer l’aventure à la tête de la sélection jusqu’à la CAN2019. « On peut être content de la prestation des nouveaux joueurs. Ça nous donne aussi des possibilités pour l’avenir. Moi je n’ai aucune raison de partir maintenant. On va se mettre à table et voir si c’est encore possible de continuer. Mais pour l’instant, il n’y a aucune raison, mais aucune raison de démissionner. Dommage pour les gens qui espèrent peut-être que je m’enfuis maintenant », confiait-t-il il y a trois semaines.