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Olembé : une malédiction ?

Les travaux du Grand stade Paul Biya de Yaoundé bloqués depuis 3 mois

Thu, 25 Nov 2021 Source: Info Matin

Les travaux du Grand stade Paul Biya de Yaoundé bloqués depuis 3 mois. Les infrastructures du chef-lieu du Nord à l’abandon. Le délai de mise à disposition des infrastructures à la Caf se rapproche inexorablement, laissant planer un nouveau péril sur la Can que le Cameroun accueille, en principe, du 15 janvier au 28 février de l’année prochaine. Verdun autre “glissement”…

Une réunion de crise, destinée à la relance des travaux de construction du Grand stade Paul Biya d’Olembé à Yaoundé, était programmée mercredi au ministère des Sports et de l’Éducation physique (Minsep). Sa tenue, si elle a été effective, n’avait donné lieu à aucune communication jusqu’au moment où nous mettions sous presse. Hier, toujours, le Conseil de cabinet présidé par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, n’a point évoqué les derniers développements autour de la réalisation des infrastructures devant accueillir le tournoi final de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football, que le Cameroun accueille du 15 janvier au.28 février 2022.

Le 3 décembre 2019, l’entreprise canadienne Magil, qui avait repris le chantier en lieu et place de l’italien Piccini, promettait l’achèvement des travaux en 6 mois «dans les limites de l’enveloppe financière» de son prédécesseur. «Le stade principal est à plus de 87%; les deux annexes sont à 90%; et on pense même les livrer en avance pour que le ministère des Sports puisse en bénéficier durant l’été.

Aujourd’hui, le stade présente hère allure», confiait ainsi le vice-président des opérations internationales du nouvel opérateur, Franck Mathiere.

Las ! Magil a abandonné le site depuis 3 mois, laissant par ailleurs ses fournisseurs et sous-traitants dans le désarroi. Plus encore : selon des sources dignes de foi, le taux de réalisation de l’arène principale, d’une capacité de 60.000 places, reste bloqué à 87%.

Les réalisations annexes (terrains d’entraînement, hôtel 4 étoiles, centre commercial, gymnase, voies diverses) n’ont pas connu un meilleur sort. Le 26 juin 2020, sur la foi des engagements du canadien, le Minsep Narcisse Mouelle Kombi ne cachait pas son enthousiasme. Au terme d’une visite sur le site global, le constructeur venait de lui présenter un taux de réalisation de l’ordre de 95%. Magil évoquait juste de «quelques finition?» à réaliser, maintenant la livraison du chantier pour octobre suivant.

Serpent de mer. Au cœur du blocage, apprend-on, des exigences financières du repreneur. Le même qui, lors de son investiture à Olembé, jurait pourtant d’avoir bénéficié d’«un financement international» et n’attendait «pas des fonds publics pour démarrer».

A supposer que Magil ait changé d’avis et exigé une avance financière, l’on se souvient que, le 16 février, le président Paul Biya prenait un décret autorisant le gouvernement à signer, avec la Standard Chartered Bank de Londres et Bpi France Export, une convention de crédit de l’ordre de 55,1 milliards destinés à l’achèvement des travaux dudit complexe. Peut-on, avec le blocage actuel, penser que ces fonds ont pris d’autres destinations ?

Il y a lieu de constater qu’Olembé, plus qu’un serpent de mer, est devenu une véritable malédiction camerounaise. C’est ce même complexe qui, du fait de retards flagrants dans le cahier de charges de la Confédération africaine de football (Caf) fut à l’origine du «glissement» de la Can de 2019. Le 22 décembre 2016, lorsque le chantier est confié à Piccini, les délais de livraison sont alors attendus dans les 30 mois. Lorsque le marché lui est finalement retiré, l’opérateur a déjà consommé 113 milliards de francs, soit un solde de crédit non consommé de 50 milliards détenu par la banque italienne San Paolo.

Réclamant néanmoins 28 milliards de francs au gouvernement, au prétexte de travaux non prévus dans le contrat initial, il recevra 4 autres milliards de francs au titre des nouveaux décomptes. Mais les travaux ne seront pas pour autant pas relancés jusqu’à la résiliation du contrat par le Minsep, Narcisse Mouelle Kombi qui rejette alors la proposition d’un délai ferme pour la livraison du chantier.

Et n’y a pas que le Grand stade Paul Biya, qui préoccupe. Sur le site de Garoua, lui aussi rendu célèbre du fait des grèves à répétition, les travaux sont également à l’abandon. Dans le chef-lieu du Nord, bien que nombre de chantiers aient été retirés au constructeur principal, Prime Potomac, les nouvelles ne sont guère rassurantes. C’est en tout cas un autre flou artistique qui règne, quant au respect des délais de livraison.

Au moment où une mission d’évaluation de la Caf est annoncée, ça craint pour un nouveau «glissement» de la Can camerounaise. Il convient en effet de mentionner que le délai réglementaire de livraison des infrastructures à l’instance continentale est de 6 mois avant la tenue d’une compétition de cette envergure. Il reste donc moins de 3 mois au Cameroun, pour ne pas subir une nouvelle humiliation semblable à celle du 30 novembre 2018 à Accra (Ghana).

Source: Info Matin