Patrick Mboma : 'Marc Brys a manqué d’intelligence, il ne faut pas lui donner d’importance'

Depuis la nomination de Marc Brys en tant que sélectionneur des Lions Indomptables en avril 2024, une crise persistante oppose la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et le ministère des Sports. Cette situation a pris un nouveau tournant en août, lorsque Brys, dans une interview accordée au quotidien belge "La Dernière Heure", a critiqué ouvertement deux icônes du football camerounais et africain : Samuel Eto’o et Rigobert Song.

Contrairement à la vive réaction du monde du football français lorsque Noël Le Graët avait attaqué Zinédine Zidane en janvier 2023, la sortie de Brys n'a pas suscité de levée de boucliers immédiate au Cameroun. Patrick Mboma, ancien coéquipier d’Eto’o et Song en sélection, a finalement pris la parole pour réagir à cette situation dans une interview exclusive accordée à "Afrik-Foot".

“Je pense que la défense de Samuel Eto’o et Song a existé, mais elle n’a pas été aussi énergique que celle de Mbappé et d’autres pour défendre Zidane. Au départ, les gens pensaient que les propos attribués à Brys étaient peut-être des fake news. Après vérification, on a compris que c’était bien lui qui les avait tenus. Certains ont alors réagi. Mais soyons clairs, tout le monde sait qui est Samuel Eto’o au Cameroun, en Afrique et dans le monde. En revanche, qui connaît vraiment Marc Brys ?” a déclaré Mboma.

L’ancien Ballon d'Or africain 2000 a rappelé que Marc Brys n’avait gagné en visibilité qu’en prenant les commandes de la sélection camerounaise, soulignant ainsi le fossé qui sépare le palmarès et la reconnaissance internationale d’Eto’o et celui du technicien belge.

“Le monde a découvert Marc Brys lorsqu’il a pris la sélection camerounaise. Avant cela, il n'était connu que dans des cercles restreints. Il est donc inutile de perdre du temps à le comparer à Eto’o. Ce manque de respect, d’où vient-il ? Je ne sais pas. Peut-être est-ce un manque d’éducation ou l’héritage d’un certain colonialisme qui laisse penser que les Africains ne sont toujours pas capables de penser et de s’émanciper. Il pourrait y avoir des raisons sociologiques à cela. Mais ce qui est sûr, c’est que Brys a manqué de tact et d’intelligence. Il ne faut pas lui accorder plus d’importance que ça”, a-t-il tranché.

Des tensions persistantes au sein de la sélection

Depuis juin, la sélection camerounaise fonctionne avec deux staffs distincts, créant une situation de double commandement. Marc Brys avait assuré que cette anomalie serait résolue avant le prochain rassemblement en octobre. Cependant, les tensions entre la Fecafoot et le ministère des Sports restent palpables, et les anciens du football camerounais, comme Patrick Mboma, ne se sont pas véritablement impliqués pour tenter de désamorcer la crise.

Mboma a expliqué ce manque de médiation par des désaccords internes. “Je comprends votre logique, mais vous ne savez pas qui s’entend avec qui. Dans cette situation, il y a un patron et quelqu’un qui doit accepter une relation de subordination, mais qui refuse de le faire. Il y a une forme de rébellion parce que cette personne se sent protégée et entre dans une querelle qui n’a pas lieu d’être. Il aurait fallu clarifier les rôles depuis longtemps”, a-t-il déclaré, tout en soulignant que l’idée d’une médiation n’était pas farfelue, mais qu’elle n’avait simplement pas été envisagée.

Alors que Samuel Eto’o semble avoir pris les choses en main, annonçant une réunion préparatoire pour le match contre le Kenya comptant pour la 3e journée des éliminatoires de la CAN 2025, il reste à voir comment cette crise évoluera. Mboma reste prudent : “Les choses semblent s’être calmées, mais je pense que d’autres troubles pourraient encore survenir dans les prochaines heures.”