Les sélections nationales et la malédiction.L’affaire de primes qui continue de secouer, en ce moment, l’équipe nationale de basket-ball féminine ne semble étonner personne. Elle n’ébranle pas l’opinion parce que les personnes véreuses qui ont la charge de gérer le sport au Cameroun ont habitué le peu de personnes qui continuent à s’intéresser aux jeux à ce type d’entourloupes, au termes des compétitions sportives.
Qu’à la fin d’une compétition, des athlètes qui ont fourni tous les efforts possibles pour vaincre l’adversité – très souvent farouche – de leurs antagonistes n’obtiennent pas de gratifications est devenu une affaire banale au Cameroun. Pis, les icônes sont méprisées, piétinées, très souvent insultées par des gens qui, à cause d’un décret, ont la charge de gérer le sport.
Le plus souvent, ces ventrus n’ont, dans leur passé, rien eu à voir avec le sport.
Depuis la fin de l’Afrobasket dames le 4 septembre dernier donc, l’équipe nationale de basket-ball est engluée dans une affaire de primes, parce que les joueuses ne veulent pas de l’argent que leur a proposé le gouvernement camerounais.
Au début, après qu’elles se sont classées deuxième de cette compétition (de l’inédit au Cameroun), des responsables du ministère des sports avaient fait savoir aux joueuses qu’elles avaient droit à deux millions de Fcfa chacune. Les joueuses ont énergiquement refusé de prendre cette somme et ont demandé à percevoir 15 millions de Fcfa chacune.
Les négociations se sont poursuivies, le nouveau ministre des Sports et de l’Education physique, le Dr Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt a même reçu les joueuses et leur a proposé cinq millions de Fcfa chacune. Une fois de plus, elles ont catégoriquement refusé de prendre cet argent. Mais, au lieu de poursuivre les négociations, certains membres du gouvernement se sont senti l’obligation d’intimider les basketteuses.
Mais, même face à ces pressions, les joueuses sont restées stoïques.
16 %
Avant les basketteuses, Lions et Lionnes du football ont eu besoin de ce même stoïcisme pour faire plier le gouvernement, dont les membres avaient décidé de retrancher 16% de leurs primes après la Coupe du Monde féminine où elles ont terminé quart de finalistes.
Sur les 21 millions de FCfa que devaient recevoir chaque joueuse, un prélèvement devait être effectué. Ce que les footballeuses avaient catégoriquement refusé. Adoum Garoua, alors ministre des Sports, avait alors mollement réagit à travers le communiqué qu’il a fait publier à l’époque par le secrétaire général de son ministère, Emmanuel Samuel Wonyu, rassurant l’opinion de la disposition du gouvernement à payer « ce qui revient aux joueuses ».
Rien n’y avait fait : les Lionnes étaient parvenues à faire plier le gouvernement, qui leur remis la totalité de leurs primes, étant donné que les dispositions prises n’avaient pas été communiquées aux joueuses d’avance.
Les Lionnes avaient alors compris qu’au Cameroun, il faut revendiquer à cor et à cri pour obtenir ce pourquoi on a versé de la sueur, voire du sang.
Au Cameroun, il est difficile de parler des affaire des primes aux sportifs sans évoquer ce que beaucoup ont appelé le Marakechgate.
A Marrakech au Maroc, au cours d’une compétition dénommée Lg Cup remportée par le Cameroun, les Lions avaient fait annuler un match amical contre l’Algérie, parce qu’ils demandaient à voir clair sur la question de leurs primes.
Samuel Eto’o était la tête de file de cette fronde organisée contre la Fédération camerounaise de football et le ministère des Sports et de l’Education physique. Dès le lendemain de leur victoire contre le Soudan (3-1) lors de la finale de la Lg Cup, dernier, les Lions menaçaient de ne pas se rendre en Algérie, faute d’avoir perçu leur prime de présence pour le tournoi marocain.
Les joueurs voulaient du cash, mais la somme globale (30 000 dollars). Informé et inquiet, Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne de football (FAF) s’est même proposé d’avancer l’argent à la Fecafoot.
Entre temps, Denis Lavagne, sélectionneur des Lions, se déclarait "confiant" concernant le règlement du litige. Finalement, le ministre des Sports camerounais, Michel Zoah, avait fait débloquer la somme. Les questions de primes semblent être encrées dans les gênes de tous ceux qui gèrent le sport au Cameroun. C’est affaire remontent d’ailleurs à de longues années. Ça ne date pas d’aujourd’hui Les Lions sont habitués des frasques burlesques et antipatriotiques.
Ce fut le cas en 1992 à la Coupe d’Afrique au Sénégal.
Les Lions du Cameroun organisèrent la fronde au sein de l’équipe. II ont récidivé deux ans après à la Coupe du Monde des Etats-Unis où ils sortirent la queue entre les jambes. En 2002 lors de la Coupe du monde Corée/Japon, le désordre s’installa encore pour des problèmes de primes.
Il est évident, comme le reconnaissait hier un responsable du ministère des Sports, que ces affaires deb primes sont toutes dues à deux faits : les équipes nationales sont gérées par des amateurs et le décret signé par Paul Biya sur ces questions n’est pas toujours appliqué.