Le football féminin camerounais traverse une crise profonde. En 2019, Seidou Mbombo Njoya avait initié un projet visionnaire avec la Guinness Super League, portant l'ambition de hisser les Lionnes Indomptables au sommet du football mondial à l'horizon 2030. Trois ans plus tard, sous la nouvelle administration de Samuel Eto'o, ce rêve s'effrite progressivement. D'un championnat prometteur, structuré autour d'objectifs de développement à long terme et soutenu par un partenariat quinquennal avec Guinness, la compétition s'est muée en une "coquille vide". La médiatisation s'est estompée, les initiatives de promotion ont disparu, et le projet de co-sponsoring est resté lettre morte. Ce déclin marqué illustre une rupture brutale avec la vision initiale, laissant un goût amer aux supporteurs qui avaient célébré le changement de gouvernance en décembre 2021.
GUINNESS SUPER LEAGUE: COMMENT ETO’O A PROFANÉ LE RÊVE ET L’HÉRITAGE DE MBOMBO NJOYA !
Toute l’histoire !
En 2019, lorsque le président Seidou Mbombo Njoya accompagné du vice président Joshua ont approché les entreprises locales, ils portaient une vision claire : trouver des partenaires pour accompagner, (et non sponsoriser), le football féminin. Son objectif ? Utiliser le championnat local comme tremplin pour construire une équipe de Lionnes Indomptables capable de remporter la Coupe du Monde de football féminin d’ici 2030. Pour lui, ce rêve semblait plus accessible avec les Lionnes qu’avec les Lions.
Pour concrétiser cette ambition, il recherchait des partenaires prêts à s’engager sur au moins dix ans. C’est dans cet esprit que le contrat de cinq saisons avec la marque Guinness pour la #GuinnessSuperLeague a été signé sous l’égide du président Seidou Mbombo Njoya.
Ce projet quinquennal se structurait autour de quatre objectifs principaux :
1. Populariser le football féminin en structurant le championnat pour qu’il inspire les parents à encourager leurs filles à envisager une carrière dans ce sport. Permettre également aux joueuses d’être plus indépendantes financièrement - d’où le paiement des perdiems mensuels;
2. Transformer les joueuses en véritables célébrités : la diffusion des “Guinnessico” et d’autres émissions dédiée à la #GuinnessSuperLeague en prime time sur la CrTV permettaient de revenir sur les matchs marquants de la semaine. D’autres initiatives, comme le titre de “Woman of Guinnessico” et une prestigieuse cérémonie de récompenses, les Awards de la #GuinnessSuperLeague, etaient également prévues pour mettre les joueuses à l’honneur;
3. Faire émerger des talents capables de performer au plus haut niveau. L’équipe d’Eclair de Sa’a, par exemple, a choisi de privilégier la formation plutôt que de se battre pour le titre de champion de la #GuinnessSuperLeague, expliquant ainsi pourquoi tant de joueuses prometteuses des dernières années viennent de ce club;
4. Enfin, l’expérience de Guinness en tant que partenaire sert également à attirer d’autres sponsors en leur montrant les retombées possibles de leur implication dans le football féminin. C’est dans ce cadre que la campagne de co-sponsoring a été lancée lors de la troisième saison de la Guinness Super League.
À l’heure des comptes : Qu’en est-il aujourd’hui ?
La Guinness Super League aujourd’hui n’est plus qu’une coquille vide. Le nouvel exécutif de la Fédération, en seulement 3 ans, a bousillé l’héritage de ses prédécesseurs, et surtout compromis le rêve d’un football féminin qui flambe. Aucun nouveau sponsor n’a été ramené au football féminin par Samuel Eto’o. Ce vendredi par exemple, le trophée des champions va se disputer à Yaoundé dans une "quasi-catimini". Sur les plates-formes digitales de la fédération, on ne ressent pas l’ombre d’un grand événement. Le rêve de starification des joueuses est complètement réduit à néant. Les espoirs placés sur la CRTV pour la diffusion des matchs ont été annihilés par un exécutif fédéral épineux. Le projet de Co-sponsoring est resté lettre morte du fait de l’inertie de la fédération. Le cliché est affreux, la note est salée, le football féminin se meurt à grand feu.
Ils étaient pourtant venus « redonner au football camerounais toute sa grandeur », mais on en est loin, très loin. Dans leur immense majorité, les camerounais regrettent le cris de joie qu’ils ont poussés au soir du 11 décembre 2021. Ce jour reste aujourd’hui un funeste souvenir, le jour où le football camerounais a basculé dans la déchéance, les clivages d’un autre genre et surtout où il s’est vu confié aux incompétents pour qui le plus important est le contrôle des Lions indomptables. On a juste envie de dire à Seidou: « Toutes nos excuses».
Alain Denis Ikoul