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Si on me donne ma chance, je vais la saisir - Hugo Nyame

Hugo Ppaul Nyame1 Hugo P. Nyame

Sun, 25 Dec 2016 Source: cameroon-info.net

Ses brillantes performances dans un championnat qu’il découvrait pour sa toute première fois l’ont aidé à être élu meilleur gardien de but du championnat angolais.

Le capitaine de l’équipe nationale A’ lors du dernier championnat d’Afrique des Nations (CHAN), en début d’année au Rwanda garde les oreilles tendues vers la sélection nationale fanion qui, dans la perspective de la CAN Gabon 2017 a enregistré des défections en cascade qui ont d’ailleurs libéré deux places au poste de gardien de buts. Dans cet entretien accordé à Cameroon-info.net, il fait également le bilan de sa première saison en championnat d’Angola.

Hugo, merci d’avoir accepté cet entretien avec nous. Dites-nous, comment s’est passée votre première saison en Angola ?

Je vous dis également merci. Disons que ma première saison s’est bien terminée. Vous savez, j’arrive dans un pays où je ne connais rien, sortant de notre championnat et l’adaptation n’a pas été facile. Mais comme tout bon camerounais, tout bon sportif, il fallait y faire parce que j’ai été acheté pour venir travailler. Il fallait d’abord maitriser la langue et commencer à montrer ce que je sais faire.

Quand j’arrive, mon club est engagé dans un tournoi et sortant du CHAN, j’avais fait près de quatre jours sans m’entrainer. J’ai été directement balancé sur le stade et pour moi, c’était comme un test pour effectivement confirmer que le coach ne s’était pas trompé en sollicitant mes services.

Le match s’est plutôt bien passé, nous avons fini zéro but partout et pendant les tirs au but, j’ai grillé deux penalties et c’est comme ça que c’est parti. J’ai joué tous les matches de la phase aller et après, vous savez, les bobos, ça ne manque pas. Je reviens au Cameroun pour me faire soigner et après, je suis retourné finir mon championnat tranquillement.

Peut-on avoir une idée du classement de Progreso Zabizanga, votre club, au terme du championnat ?

Nous avons fini à la sixième position. Vous savez, à la phase aller, on a connu beaucoup de difficultés. Il y a eu beaucoup de blessés et le club s’est résumé aux juniors qui étaient surclassés, qui n’avaient pas beaucoup d’expérience.

J’ai fini la phase aller avec un junior devant moi. Ça a été difficile dans ces conditions. Vous me connaissez bien, vous savez qu’à certains matches ici même au Cameroun, j’ai toujours été décisif. Donc, c’est même cela qui m’a permis de prendre une grande ascension dans ce championnat.

Il y avait un enfant devant moi qui n’avait pas beaucoup de métier et il fallait que je montre de quoi je suis capable. A chaque fois qu’il me mettait en difficulté, il fallait que j’intervienne. Très vite, ça a fait qu’on me donne le nom : « El gato negro » qui veut dire en portugais : « le chat noir ».

Votre club a joué la finale de la Coupe d’Angola mais l’a malheureusement perdue. Est-ce que vous avez été négativement touchés par cet échec ?

Négativement ? Non. C’est vrai qu’on arrive en finale et on perd aux prolongations deux buts à un. Mais, ironie du sort, à la fin de ce match, notre président décide de nous payer les primes de victoire. Il nous a dit qu’il a été très content de notre jeu et qu’il nous paie ces primes. Tout simplement parce que nous jouions le Recreativo Libolo.

Libolo, c’est une grosse main dans le championnat anglais qui est constamment en Coupe d’Afrique. A cause de nous, ils ont perdu le championnat. En venant jouer contre nous en phase retour, ils étaient aux coudes à coudes avec le Primeiro De Agosto. Nous les avons battus sur notre stade sur le score d’un but à zéro et j’avais été désigné Homme du match.

C’est même après ce match que mon président ordonne qu’on me fasse renouveler parce qu’il savait que s’il me laissait terminer la saison, des gros calibres allaient m’arracher. On leur fait perdre le championnat déjà avec ce match, et puis, on les retrouve en finale. C’est une équipe qui fait rentrer beaucoup d’argent à la fédération parce que constamment en Coupe d’Afrique, alors que quant à nous, nous sommes un club moyen – c’est maintenant que mon président essaye de transformer son équipe en une grosse écurie en mettant les moyens, en achetant de gros joueurs.

On ne pouvait pas permettre que nous passions devant Libolo. C’est vrai, c’est malheureux de le dire, nous avons été frustrés une fois de plus par les hommes en noir. Mais c’est aussi ça le football, nous l’avons accepté. Mais j’ai joué ma finale, je l’ai perdue mais j’ai eu ma prime de match, je suis content et c’est bien pour tout le monde.

Il y a beaucoup de camerounais dans le championnat d’Angola. Pouvez-vous nous dire quels sont les rapports que vous entretenez avec d’autres compatriotes qui comme toi, sont allés chercher fortune dans ce pays ?

Déjà, j’ai trouvé Bakinde Gérard là-bas (dans le même club, NDLR). C’est lui qui a beaucoup œuvré pour que je puisse m’adapter, qui a essayé de m’informer sur la mentalité des coéquipiers angolais afin que je puisse savoir comment les prendre. Et après, il y a eu l’arrivée de Jonathan Ngwen, à mon tour aussi, j’ai essayé de l’intégrer comme j’ai pu.

Nous avons une bonne relation, nous vivons en famille parce que nous sommes en terre étrangère. Nous nous devons de nous souder les coudes parce que nous venons tous de la même terre…. Quand on se retrouve avec des équipes des autres joueurs camerounais, avant le match, on se salue dans les vestiaires mais sur le stade, ça devient une vraie bataille mais une bonne bataille. Mais pas une bataille pour ne pas se dire bonjour après ou pour ne pas se retrouver entre frères.

Selon vous, à quel niveau se situe la différence entre le championnat angolais et le championnat camerounais ?

Je l’ai toujours dit, le championnat angolais, c’est un championnat professionnel. Ici, j’étais dans un contexte où j’étais habitué à faire de longues distances pour aller disputer un match, à Bafoussam, à l’Ouest, à Garoua.

Je m’assois autre, cinq heures de temps pour aller jouer un match le lendemain, ou plus de sept heures pour Bamenda. Et il fallait donner le résultat, être performant. Je suis actuellement dans un championnat où toutes les distances sont faites en avion. Et quand je parle d’avion, ce sont vraiment de gros avions, comme des Boeings. Et là, les distances que nous parcourons ici en quatre heures de temps, peuvent se faire en 45 minutes. On est dans un contexte où quand tu arrives à l’hôtel, tu es seul dans ta chambre et tu trouves un papier avec tout le programme.

Il n’y a personne qui va te dire : on mange à midi, ou qu’il y a une réunion à x heure. Tout est écrit. J’arrive dans un championnat où tous les mois, je n’ai pas à rappeler que mon salaire n’est pas passé. Je ne sais même pas quand est-ce que ça passe. Côté infrastructurel, même le plus petit stade de la plus petite équipe est gazonné et même quand il n’y a pas match, c’est entretenu, il y a des gens qui sont payés pour ça. Là-bas, il y a toujours du monde au stade.

Chaque équipe a ses supporters. Que vous alliez à l’extérieur ou pas. Pendant que nous voyageons en avion, il y a des gros bus qui nous suivent avec plein de supporters. Tout ça te donne l’envie de jouer, te rend fier d’exercer ton métier. Notre championnat, sur le plan du jeu, il est bon. Là-bas, ils sont plus tactiques, mais ici, nous sommes plus physiques et un peu tactiques.

Nous allons aborder la deuxième partie de cet entretien qui tourne autour de l’équipe nationale fanion du Cameroun. La dernière actualité des Lions Indomptables est dominée par les défections de sept joueurs qui disent ne pas être prêts à aller à la Coupe d’Afrique des Nations avec l’équipe nationale. Quel est votre petit commentaire là-dessus ?

Moi, je pense que c’est chacun qui connait comment il gère sa carrière et qui connait ce qui est bon pour lui. Aujourd’hui, s’il y a des joueurs qui désistent, je ne peux pas leur en vouloir, c’est leur carrière. Ils sont patrons de leur carrière, ils sont libres d’aller en sélection ou pas. Maintenant, qu’ils sachent que quand ils vont désister, ça va profiter aux autres. Je ne peux pas condamner X ou Y mais je dis comme on fait son lit, c’est comme ça qu’on dort. La vie c’est un choix…

Et si cette occasion permettait qu’on vous donne votre chance, seriez-vous prêt à rejoindre le groupe ?

Si on me donne ma chance, je dois la saisir, je vais la saisir. Un footballeur professionnel est toujours prêt. A l’heure où nous sommes là, si on me dit même maintenant que je suis convoqué, moi, je vais vous abandonner ici et je vais partir. C’est pour dire que c’est chacun qui décide de sa carrière. Eux ils ont décidé de ne pas partir mais loi, j’ai envie d’y aller. Donc, si on m’appelle, je vais partir, je vais aller apporter mes services à la nation. N’oubliez pas, je suis camerounais et je pense que je me dois de servir la Nation.

Est-ce qu’au-delà de ce contexte qui puisse vous profiter (deux gardiens se sont désistés : Onana et Ndy Assembe, NDLR), ne pensez-vous pas qu’il est vraiment temps qu’on vous donne votre chance, eu égard aux loyaux services que vous avez rendus dans les autres catégories de l’équipe nationale ?

Ecoutez, dans ma vie, je pense que rien ne se force. Parce que si les choses se forçaient, je pense que je serais peut-être dans cette équipe et peut-être même en train de jouer. Mais comme je l’ai dit, je suis quelqu’un de très patient, et seul Dieu connait comment il fait ses choses.

Maintenant, s’il arrive que je sois appelé et que la chance me soit donné de montrer de quoi je suis capable, je ne vais pas changer ma façon de faire. Je vais faire ce que Patrick Nyame a toujours montré dans les stades, les sélectionneurs verront et ils vont juger.

Source: cameroon-info.net