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Traite des footballeurs : 'l’initiative de faire parler Samuel Eto’o est capitale'

Martin Camus Mimb décrypte le passage d'Eto'o à l'ONU

Thu, 28 Sep 2023 Source: www.camerounweb.com

Le consultant sportif Martin Camus Mimb revient sur l'initiative de Samuel Eto'o visant à sensibiliser sur la traite des footballeurs, un problème qui commence souvent au sein des familles. Il évoque deux expériences personnelles : en 2006, lors de la Coupe d'Afrique des Nations en Égypte, des jeunes footballeurs camerounais avaient été abandonnés par leurs agents après avoir pris de l'argent à leurs familles.

Malgré l'initiative d'offrir des billets d'avion pour leur retour, certains avaient préféré rester de peur des moqueries de leur quartier s'ils rentraient sans succès. En 2008, lors d'un tournoi en France avec un centre de formation, certains jeunes ont été recrutés pour jouer sous le couvert du centre, mais ils ont commencé à disparaître un par un. Un de ces jeunes a expliqué qu'il avait été endetté par sa mère qui croyait qu'il réussirait en football. Il préférait mourir que de rentrer au Cameroun, mais il a réussi à s'enfuir.

« Au delà du folklore et d’autres débats inutiles, l’initiative de faire parler un footballeur de la dimension de Samuel Eto’o est capitale pour percer l’abcès d’un phénomène qui part des familles mêmes. Des parents face à l’obsession d’avoir des « pros » dans leurs familles, vendent leurs propres enfants à crédit! Je vais vous parler de deux expériences. En 2006, je suis en Égypte à la Can. On y retrouve des jeunes footballeurs camerounais partis du pays avec espoir de faire carrière. Des agents sont venus les abandonner, après avoir pris de l’argent à leurs familles. Nous prenons l’initiative avec quelques amis, de leur proposer de rentrer au Cameroun en faisant des mains levées pour leur offrir des billets d’avion retour. Ils dorment vingt et plus dans des réduits d‘à peine cinq mètres carrés. Notre initiative, se heurte à leurs peurs. L’un d’eux nous dira exactement ceci: « Quand j’ai vu la situation, j’ai rappelé mes parents pour leur dire que je voulais rentrer. Ils m’ont dit de rester et de me battre, parce que si je rentre, tout le quartier va se moquer d’eux. On sait que je suis à mbeng ». Speechless ! », a écrit Martin Camus Mimb.

« En 2008, j’accompagne un centre de formation connu à un tournoi en France. Je découvre après que le promoteur a recruté des volontaires qui veulent aller jouer sous ke couvert de son centre. Les stagiaires qu’il avait n’avaient pas de possibilité. Nous arrivons en France, et des jeunes commencent à disparaître en plein tournoi, un par un. Un des jeunes disparu et rattrapé par la police après, vient dans ma chambre. Ce qu’il me dit est glaçant. Il me dit que sa maman est une braiseuse de poissons, qui s’est endettée à la tontine, en lui disant ceci: « Va te battre, c’est ta part d’héritage. » Il m’a dit , quitte à mourir, il ne pourrait jamais rentrer au Cameroun. Et il a réussi à s’enfuir. On est rentré avec à peine cinq gamins, sur la dizaine au départ », poursuit il avant de conclure « Les familles obsédées par la réussite en football, font tout et n’importe quoi, aidées par des aventuriers qui se font appeler « Managers ». Je lance bientôt, une formation pour les parents des jeunes footballeurs. Objectif, leur donner les codes et les clés, pour détecter les aventures dangereuses. La proposition de Samuel Eto’o, de créer une Carte d’identité du footballeur avec des données biométriques de traçabilités, est un début efficace pour combattre ce phénomène.»

Source: www.camerounweb.com