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Une grève complique les travaux de la Can 2016

Les Travailleurs Réclament Deux Mois De Salaire Grève sur un chantier de la Can 2016

Tue, 6 Sep 2016 Source: newsducamer.com

Stade annexe numéro deux ce 06 septembre 2016. Il est un peu plus de 10h. Le soleil a fini de libérer ses rayons. Les rues ont repris leurs usagers et tournent à plein régime. Tout semble rouler à la normale ici à l’Omnisport. Des hommes en casques et chasubles, visibles derrière la clôture de fortune du chantier font des va-et-vient. Au bas des escaliers devant abriter les sièges, aucune trace d’une bétonnière. Sur la pelouse, un groupe d’hommes et de femmes, courbés, s’attèlent à débarrasser le gazon de mauvaises herbes. Des maçons construisent les toilettes.

Et pourtant, l’attention est attirée par des pancartes posées sur les murs de sécurité du chantier de construction de l’un des stades d’entraînement de la Coupe d’Afrique des nations féminines (Can) Cameroun 2016. «Deux mois sans salaire, on vit comment ? », «Comment vivre sans son salaire ?», «Deux mois sans salaire ; nous parents, élèves, on fait comment ?», «Comment organiser une Can sans stade ?». Il est aisé de comprendre la situation à partir de ces récriminations.

Les ouvriers d’International logistic solution (ILS), entreprise chargée de construire les gradins et la clôture de ce stade annexe, sont en grève. «Ça fait deux mois que nous n’avons pas reçu nos salaires. Et je suis élève, je dois aller à l’école, mais je n’ai pas encore mon argent», explose un ouvrier. «Nous devons inscrire nos enfants, et il nous tourne. Tous mes enfants sont encore à la maison», en rajoute un autre. «Personne ici n’a le contrat de travail, mais ce n’est pas un problème puisque nous étions d’accord sur les conditions de travail. Nous qui travaillons la nuit par exemple, devons aller de 17h à 2h, mais il arrive souvent qu’on prolonge à 6h, mais là ce sont des heures supplémentaires qui sont payées. Nous avons des gangs, des bottes, des casques, bref la ténue de travail requise. Même comme on s’occupe nous-mêmes des blessures que nous contractons», ajoute René Balthazar Ondoa.

Entre patriotisme et réalisme

C’est une succession de rendez-vous qui met le feu aux poudres. «Il dit qu’il ne paie qu’en début et en fin de semaine. Mais depuis deux mois on ne comprend rien. Mardi il nous a donnés rendez-vous, et après il a dit qu’on doit attendre la fin de la semaine. Samedi, il a demandé qu’on attende, pare qu’il est à la banque ; et que même dimanche matin nous serons payés. Et après il me demande d’appeler les gars pour hier lundi. A 10h30, il me rassure qu’il arrive avec l’argent ; et à 13h le message change. C’est moi qu’il envoie au front contre les collègues», se plaint Anicet Ebassa, porte-parole des employés d’ILS. A ‘intention de Jean Phyllipe Obama, le délégué régional des sports pour le Centre, commissionné dare-dare par le secrétaire général du ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep).

L’homme maniera la carotte pour apaiser les tensions : «Notre pays a décidé d’offrir une Can de qualité à l’Afrique et nous sommes pris par les délais. Continuons à être responsables. Posez vos problèmes sans faire des bruits et des casses», a conseillé l’ancien directeur du stade Ahmadou Ahidjo. «Nous allons continuer à œuvrer afin que ce problème trouve solution. Nous sommes tus Camerounais ; personne n’a intérêt à ce que notre pays manque ce rendez-vous», a-t-il conclu.

Le patron de ILS, Georges Nguéma, est introuvable et injoignable. Un de ses collaborateurs trouvés sur place est aussi amer que les employés. «Si j’avais reçu de l’argent, je le leur aurais donné. Je ne suis ni au sommet, ni à la base, je ne sus que des consignes. Moi-même qui vous parle là, je suis dans la même situation». Entre temps, il n’y a plus de bétonneuse sur le chantier. «Les deux que vous voyez sont en panne. Celle qui était ici, son propriétaire l’a démontée, faute d’avoir été payé», renseigne-t-on.

Source: newsducamer.com