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Vers la fin des ‘sorciers blancs’ des sélections africaines de foot?

Sorciers Blancs Afrique Seedorf Ce phénomène du recours à des entraîneurs blancs pose aussi problème

Sun, 12 Aug 2018 Source: Sandro CAPO CHICHI

En juin 2018, notre confrère Yasmina Bennani de AJ+ créait la polémique en critiquant violemment le choix du Français Hervé Renard comme sélectionneur de l’équipe de football du Maroc.



Malgré ses propos outrancièrement virulents, Yasmina Bennani a permis de ré-ouvrir un vieux débat, celui des ‘sorciers blancs’.

‘Sorciers blancs’

‘Sorcier blanc’, c’est un surnom régulièrement donné à des sélectionneurs blancs, souvent français, d’équipes nationales africaines depuis Claude Le Roy. ‘Sorcier’ renvoie à ‘l’acculturation’ de ces entraîneurs en Afrique, qui y connaissent suffisamment bien les particularités culturelles pour y réussir. Cette appellation pose évidemment problème dans la mesure où elle enferme la conception du succès chez les populations africaines sur l’incantation et pas sur le raisonnement.

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Ce phénomène du recours à des entraîneurs blancs pose aussi problème dans la mesure où il renforce le stéréotype des bêtes physiques noires incapables de réussir sans l’intervention intellectuelle de Blancs.

Si ce stéréotype a été remis en question par les succès (parfois relatifs) des Africains Stephen Keshi et Aliou Cissé à la tête des sélections nigériane et sénégalaise en 2010, 2014 et 2018, le recours à des Noirs à la tête de sélections africaines reste peu fréquent.

Seedorf au Cameroun

La donne est peut-être en train de changer avec l’arrivée, à la tête de ce qui est peut-être la meilleure sélection africaine de l’histoire, à savoir le Cameroun, du Néerlandais Clarence Seedorf. Ce changement n’est pas nécessairement du à une ouverture d’esprit, mais plutôt à l’augmentation, de génération en génération, des joueurs noirs dans les grands clubs européens. De nombreux joueurs passant régulièrement, après leur retraite, sur le banc des entraîneurs, il est normal que plus d’entraîneurs noirs, comme Seedorf, s’y retrouvent. En outre, Seedorf n’a été engagé qu’après que les négociations avec le technicien suédois Sven-Göran Eriksson ne soient tombées à l’eau.

Légende du football international en tant que joueur, Seedorf a dirigé depuis 2014 trois équipes : le Milan AC, le club chinois de Shenzhen et celui, espagnol, du Deportivo La Corogne. A chaque fois, l’expérience a tourné court, ne durant que quelques mois.

Seedorf, qui remplace le Belge Hugo Broos, a nommé comme adjoint son compatriote et ancien coéquipier Patrick Kluivert.

Le Noir occidentalisé, le nouveau ‘sorcier blanc’?

La voie de Seedorf avait déjà été empruntée, notamment par le très court passage du Français d’origine guyanaise Bernard Lama à la tête de la sélection du Kenya. Clarence Seedorf est un Noir, mais il n’est pas un Africain. Ne s’agit-il pas d’une nouvelle sorte de sorcier blanc, mais à la ‘peau noire’?

Bien qu’il n’ait pas connu de bons résultats en tant qu’entraîneur jusqu’à présent, Seedorf était connu, en tant que joueur, pour son intelligence tactique et sa vision du jeu. Son passage dans les plus grandes équipes du monde l’a rendu parfaitement familier avec le football de haut-niveau. Cette situation l’en démarque de beaucoup de ‘sorciers blancs’, comme Claude Le Roy ou Hervé Renard, qui n’ont été que des joueurs et entraîneurs dans des environnements moyens en Europe. Espérons qu’il s’agisse-là d’une valeur ajoutée pour l’équipe du Cameroun.

La nomination d’un Noir non-africain comme Seedorf à la tête du Cameroun aura l’avantage, en cas de succès, de remettre en question le stéréotype du joueur noir performant comme un poulet sans tête et dont la tactique ne peut être apportée que par un Blanc. Certes, Seedorf est européen et transmettra un savoir principalement européen aux Africains. Mais il faut reconnaître, au delà de la nécessité de combattre les clichés, que la science de la tactique du football est aujourd’hui la mieux développée en Europe. Il ne s’agit pas d’un témoignage de supériorité intellectuelle des Européens sur les Africains, mais du résultat d’infrastructures sportives plus développées sur le vieux continent. Le Cameroun a donc tout à gagner de l’arrivée de Seedorf, qui on l’espère amènera les lions indomptables et l’Afrique du football au sommet. Pour cela, il devra aussi faire preuve de patience et d’une capacité de gestionnaire d’hommes face à des joueurs et une fédération qui en ont malheureusement déjà fait fuir plus d’un…

Source: Sandro CAPO CHICHI