Le Cameroun et le Nigéria en finale de la CAN 1984
Dimanche 18 mars 1984, à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Le président Félix Houphouët-Boigny a décrété l’entrée gratuite au stade qui porte son nom à l’occasion de la finale de la 14e édition de la CAN.
L’affiche proposée ne manque pas de piment : elle oppose le Cameroun, tombeur de la Côte d’Ivoire en phase de poule, au Nigeria. Emmenés par deux jeunes talents appelés à entrer dans l’histoire, Stephen Keshi et Rashidi Yekini, les Green Eagles ont écarté l’Egypte en demi-finale, à l’issue des tirs au but. Le Cameroun, grâce à Joseph-Antoine Bell, en a fait de même avec l’Algérie.
Le Nigeria ne dispose que de joueurs locaux
Au coup d’envoi, le Cameroun, entraîné par le Yougoslave Rade Ognanovic, se présente avec quelques pros : Aoudou (Cannes), Mbida et Milla (Bastia) sans oublier Jojo Bell (Arab Contractors, EGY). Quant au Nigeria, il est dirigé pour la première fois de son histoire à la CAN par un technicien natif du pays, Festus Onigbinde.
Après avoir terminé derrière l’Algérie (et devant le Malawi et le Ghana) en poule, cette équipe constituée exclusivement de joueurs provenant du championnat national (Shooting Stars Ibadan, New Nigerian Bank, Enugu Rangers, Leventis United) est prête à défier le favori.
Un match débridé
Il faut chaud et lourd cet après-midi, dans la cuvette des bords de la lagune Ebrié. Mais le Nigeria se lance immédiatement à l’assaut des buts de Bell. Le Cameroun, surpris, est dépassé. Henry Nwosu, la perle du New Nigerian Bank, file sur la côte gauche et centre en retrait. Bell se déchire.
Le vétéran Muda Lawal, héros et vainqueur de la CAN 1980, qui a suivi, pousse au fond des filets (1-0, 11e). Les Aigles verts dominent les débats. Jusqu’à la demi-heure de jeu. Coup franc pour le Cameroun à l’entrée de la surface : Mbida passe à René Ndjeya, le stoppeur des «Nassaras» de l’Union de Douala, qui égalise d’une frappe tendue (1-1, 32e).
L’avènement d’une génération camerounaise dorée
En seconde période, le Cameroun retrouve ses esprits, et impose le rythme à la rencontre, sous la conduite de son capitaine, le «Docteur» Théophile Abega, qui sera recruté par le Téfécé à l’issue de cette CAN. A dix minutes de la fin, le stratège du Canon de Yaoundé sollicite Roger Milla pour un une-deux, perce la défense nigériane et bat Okala (2-1, 79e).
Sonné, le Nigeria vacille. Milla enfonce le clou et embarque deux adversaires, avant de transmettre à Ernest «Bouboule» Ebongué, 21 ans, son successeur au Tonnerre de Yaoundé. Ce dernier, lancé, entre dans la surface et expédie un boulet de canon dans la lucarne d’Okala (3-1, 84e). C’est terminé : les Lions indomptables décrochent le premier de leur quatre sacres continentaux. L’avènement d’une génération exceptionnelle. Le Nigeria de Keshi et Yekini patienta jusqu’en 1994.
La feuille du match
A Abidjan (stade Félix Houphouët-Boigny)
CAMEROUN – NIGERIA : 3-1 (1-1). 50 000 spectateurs. Arbitre : M. Bennaceur (TUN). Buts : Ndjeya (32e), Abega (79e), Ebongué (84e) pour le Cameroun ; Mudashiru Lawal (10e) pour le Nigeria.
CAMEROUN : Joseph-Antoine Bell – Charles Toubé, René Ndjeya, François Doumbé Léa, Isaac Sinkot – Théophile Abega, Grégoire Mbida, Ibrahim Aoudou – Ernest Ebongué, Roger Milla, Bonaventure Djonkep (Emmanuel Kundé, 84e). Entr. : Rade Ognanovic.
NIGERIA : Patrick Okala – Paul Kingsley, Stephen Keshi, Sunday Eboigbe, Yisa Sofuluwe – Mudashiru Lawal, Ademola Adesina (Paul Okoku, 83e), Humphrey Edobor – Bala Ali (Clement Temile, 45e), Henry Nwosu, James Etokebe. Entr. : Festus Adegboye Onigbinde.
