Le nouveau Premier ministre d’Emmanuel Macron est rattrapé par son passé. L'affaire du bombardement de Bouaké, qui a secoué les relations entre la Côte d'Ivoire et la France, est à nouveau sous les projecteurs des médias français. Ce drame, survenu le 6 novembre 2004, aurait coûté la vie à dix personnes, dont neuf soldats français, et a fait 38 blessés.
Vingt ans plus tard, les répercussions de cet événement tragique continuent de hanter la sphère politique française, notamment pour Michel Barnier, ancien ministre des Affaires étrangères, qui se retrouve aujourd'hui sous le feu des critiques.
Aucune action concrète entreprise
À l'époque, le bombardement, réalisé par des forces ivoiriennes pilotées par un mercenaire biélorusse, a engendré une forte réaction de la France, mais également un sentiment d'impunité qui s'est installé par la suite. Des suspects avaient été arrêtés par les autorités togolaises peu après les faits, mais aucune action concrète n’a été entreprise pour obtenir leur extradition.
Pourtant, « Ni les ministres alors en poste, Michèle Alliot-Marie à la Défense, Michel Barnier aux Affaires étrangères, Dominique de Villepin à l'Intérieur, ni l'Élysée, ne s'activeront pour demander leur extradition, annihilant toute chance de remonter jusqu'aux commanditaires », écrit L'Obs.
Ce silence du gouvernement français d’alors soulève encore des questions sur les responsabilités politiques et l'engagement de l'État à faire la lumière sur cette affaire, d’autant plus que la cour d'assises de Paris a condamné les auteurs de l'attaque par contumace en 2021.
Michel Barnier pourrait rendre des comptes
Dans un contexte où la transparence et la responsabilité sont de plus en plus exigées par le public français, les révélations du livre d'Emmanuel Leclère, "Bouaké. Hautes Trahisons d'État", jettent un nouveau regard sur les dysfonctionnements judiciaires entourant cette affaire. Le livre met en avant les obstacles qui ont empêché l'émergence de la vérité, révélant un système entaché par le secret-défense et des décisions politiques contestables.
Selon L'Obs, les familles des victimes, qui attendent toujours des réponses, pourraient être incitées à demander une commission d'enquête parlementaire. En France, les commissions d'enquête parlementaire, instruments d'information et de contrôle efficaces dont les conclusions sont susceptibles d'infléchir l’action gouvernementale, pourraient bien forcer Michel Barnier à rendre des comptes sur son rôle dans l'affaire du bombardement de Bouaké.