Le Parti socialiste sans frontières (PSF), un parti d'opposition au Tchad, a dénoncé l'enlèvement de son secrétaire général, Robert Gam, par des agents des services de renseignement. Cette déclaration intervient après la mort en février de son président, Yaya Dillo, tué par des militaires de la garde présidentielle.
Le secrétaire général du PSF, Robert Gam, a été « enlevé » vendredi 20 septembre, a déclaré le lendemain dans un communiqué Mahamat Alifa Yousouf, le coordinateur général de la formation. « Après la visite politique des camarades du parti Les Patriotes au siège du PSF, le secrétaire général Robert Gam a été porté disparu, » écrit-il. « Il fait l’objet de harcèlement et d’intimidations depuis l’assassinat odieux » du président Yaya Dillo, poursuit le texte.
Face à la presse le 21 septembre en fin de journée, Fatime Adoume Youssouf, l’adjointe de Robert Gam, a relaté « la présence de trois véhicules, vitres teintées, non immatriculés » et de « quelques motos suspectes » le 20 septembre sur les lieux. « Il est clair que le secrétaire général, Robert Gam, a été enlevé par des agents de services de renseignement, » a-t-elle ajouté.
Yaya Dillo, président du PSF et cousin du président Mahamat Idriss Déby Itno, a été tué le 28 février par des militaires de la garde présidentielle dans l’assaut du siège de son parti, deux mois avant l’élection présidentielle à laquelle il était candidat. Le pouvoir a nié « toute exécution », invoquant la nécessité d’appréhender Yaya Dillo, suspecté d’avoir mené une « attaque » contre les services de renseignement et tenté de faire libérer un responsable de son parti qui avait été arrêté.
Une vingtaine de proches de Yaya Dillo ont été interpellés le jour de sa mort et sont toujours « détenus au secret », selon Amnesty International. Le 14 septembre, Robert Gam a exigé en conférence de presse leur « libération immédiate », menaçant autrement d’« organiser des contestations » sous un mois.
Mi-septembre, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a dénoncé une multiplication des arrestations et des détentions hors procédures par les services de renseignement. Le 6 mai dernier, Mahamat Idriss Déby Itno a été élu président à l’issue d’un scrutin boycotté par une partie de l’opposition.
L'enlèvement de Robert Gam survient dans un contexte de répression accrue contre les opposants politiques au Tchad. Les militants du PSF et les observateurs internationaux dénoncent une détérioration des droits de l'homme et une escalade des tensions politiques dans le pays.