Deux semaines après l'ouverture du procès, la sentence est tombée. Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et chef de l'Alliance Fleuve Congo (AFC), a été condamné à la peine capitale pour « crimes de guerre », « participation à un mouvement insurrectionnel » et « trahison ». Le verdict a été rendu le 8 août en présence de Constant Mutamba, le ministre de la Justice.
Le procès, qui s'est tenu à la prison militaire de Ndolo à Kinshasa, a jugé vingt-six personnes, dont seulement cinq étaient présentes. Les autres, y compris Corneille Nangaa et les principaux leaders du M23, ont été jugés in absentia. Le procureur avait requis la peine de mort contre Nangaa et la plupart de ses co-accusés.
La justice militaire a accusé Nangaa d'entretenir « des liens avec une puissance étrangère, le Rwanda, et avec ses agents, pour entreprendre des hostilités contre la RDC » et d'avoir « porté atteinte à l’intégrité territoriale de la RDC ». Selon la justice congolaise, Nangaa n'a pas pris « les mesures nécessaires » pour empêcher les combattants du M23 placés sous sa direction de commettre leurs actes de violence.
Bertrand Bisimwa, président de la branche politique du M23, et Sultani Makenga, commandant militaire du mouvement, ont également été condamnés pour « crimes de guerre », notamment pour « enrôlement d’enfants mineurs » et « homicide volontaire ». Dix-sept autres prévenus, dont le major Willy Ngoma, porte-parole militaire des rebelles, et l'ancien député Jean-Jacques Mamba, ont été condamnés pour les mêmes motifs.
Les cinq prévenus en détention, dont Éric Nkuba, conseiller politique et stratégique de Corneille Nangaa, ont été condamnés à la peine de mort pour « trahison » et « participation à un mouvement insurrectionnel ». Nkuba avait été arrêté en Tanzanie et avait ensuite cité les noms de plusieurs soutiens présumés de l'AFC, dont celui de l'ex-président Joseph Kabila.
Ce verdict intervient alors que les rebelles et leurs alliés de l'armée rwandaise ont pris le contrôle de plusieurs localités dans le Nord-Kivu, malgré l'entrée en vigueur d'un nouveau cessez-le-feu le 4 août. Les prévenus présents au tribunal ont révélé que Nangaa et ses alliés avaient été logés en Ouganda par Muhoozi Kainerugaba, fils du président Yoweri Museveni et chef de l'armée ougandaise.
Corneille Nangaa, contacté par Jeune Afrique, a déclaré : « Je ne reconnais pas les institutions de Kinshasa, et ce qu’ils font là-bas ne m’engage pas. » Le 25 juillet, il a été placé sous sanctions par le Trésor américain et, le lendemain, par l'Union européenne, qui a également ciblé sa plateforme politico-militaire.