Accompagné de plusieurs ministres, dont celui de l’Économie, le président gabonais se rendra à Paris pour une visite de travail. L'un des points culminants de cette visite sera la rencontre avec le président Emmanuel Macron à l'Élysée le vendredi 31 mai. Les discussions porteront sur les relations bilatérales, le climat, les forêts, ainsi que la bonne marche de la transition gabonaise.
Libreville souhaite se démarquer des pays du Sahel comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui ont connu des coups d'État et le rejet des intérêts français. « Il est clair que notre transition n’a pas grand-chose à voir. Nous voulons montrer que notre situation est différente. Notre relation avec la France doit s’inscrire dans la normalité, au même titre que nos autres partenaires », a indiqué une source proche du dossier.
Certains observateurs voient dans ce déplacement une volonté de Brice Clotaire Oligui Nguema de chercher une légitimité auprès de la France. Cependant, des sources proches du dossier soulignent que ce n'est pas le principal objectif, rappelant que le président gabonais a déjà été reçu à l'ONU et par de nombreux chefs d'État. La France, qui a vu ses relations avec certains pays africains se détériorer, a également un intérêt à maintenir des liens solides avec le Gabon.
Sous l’ancien président Ali Bongo, les relations franco-gabonaises avaient connu des périodes de tension. Libreville avait même rejoint l'organisation du Commonwealth il y a deux ans, semblant s'éloigner de Paris. Cependant, le coup d'État d'août dernier n'a pas aggravé le refroidissement des relations. Au contraire, les deux pays ont maintenu des liens étroits, comme en témoigne la reprise des signaux de France 24 et RFI et la reprise des activités de la société française Eramet dans la mine de Moanda.
Le président gabonais avait rencontré Emmanuel Macron en marge de la COP28 à Dubaï en décembre dernier. « Après le coup d’État, la France et l’OIF nous ont accompagnés sans nous exclure. Bien sûr qu’avec la France, il y a une histoire avec des hauts et des bas. Et s’il y a des ajustements à faire, nous les ferons, mais nous ne sommes pas dans une logique pseudo-révolutionnaire panafricaniste. Paris n’a aucune raison de s’inquiéter », a déclaré une source proche de la présidence gabonaise.
Les 29 et 30 mai, Brice Clotaire Oligui Nguema participera au forum économique Gabon-France, organisé pour l'occasion. Ce forum réunira des patrons des deux pays et comprendra plusieurs tables rondes pour discuter de la situation économique du Gabon, des opportunités d'affaires, et pour échanger avec les décideurs et investisseurs.
La base militaire française au Gabon, installée au camp de Gaulle depuis 1960, sera également un sujet de discussion. « Aucune fermeture n’est prévue, mais ce n’est pas un enjeu pour nous. Paris modifie son dispositif militaire en Afrique. Quand il y aura une décision finale, nous renégocierons nos accords dans l’intérêt des deux parties », a indiqué une source.
Durant son séjour, le président gabonais rencontrera également la diaspora gabonaise à Paris le samedi 1ᵉʳ juin. Le lendemain, il se rendra dans la Somme pour participer aux commémorations de la bataille d’Airaines de juin 1940, rendant hommage au capitaine gabonais Charles N’Tchoréré et aux Tirailleurs Sénégalais.
Cette visite officielle s'achèvera le 2 juin, marquant le retour du président Oligui Nguema au Gabon.