En conseil des ministres, le président du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, a mis en place, par décret, une structure nationale dédiée à la structuration de l’Alliance des États du Sahel (AES). Celle-ci est placée directement sous ses ordres.
Plus un mois ne passe sans que la confédération de l’Alliance des États du Sahel ne fasse la une des médias. « Nous avons pris un chemin de non-retour », prévenait d’ailleurs le Malien Assimi Goïta, en visite à Ouagadougou au mois de juin. En juillet, les dirigeants du Mali, du Niger et du Burkina Faso, trois pays dirigés par des militaires putschistes, se sont réunis à Niamey à l’occasion du premier sommet de l’organisation sahélienne.
La confédération AES, dont la première présidence tournante a été prise par Assimi Goïta, a pour objectif de mutualiser les actions des trois pays sur les plans diplomatique, économique et du développement. L’instance devrait mettre sur pied une banque d’investissement de l’AES, ainsi qu’un fonds de stabilisation. Puisqu’un siège indépendant spécifique à l’organisation n’a pas été prévu dans les textes constitutifs, des comités nationaux doivent être créés dans chacun des trois pays.
Ibrahim Traoré a été le premier à mettre en place cette structure. Adopté en conseil des ministres le 14 août, un décret présidentiel entérine en effet la « création, attribution, composition et fonctionnement » de cette commission nationale, la CN-AES. Placée sous l’autorité directe du président burkinabé, l’organe est « chargé de coordonner les actions entrant dans le cadre de l’opérationnalisation de la Confédération AES ».
Lors des prochaines réunions du collège des chefs d’État et des « sessions confédérales des conseils des ministres » – les gouvernements du Niger, du Mali et du Burkina Faso devraient donc se rassembler régulièrement -, le comité sera chargé de la préparation et du suivi. Le CN-AES devra mener des réflexions, être à l’initiative pour consolider la confédération et faire la communication de cette dernière. La composition du comité n’a pour l’heure pas été définie par Ibrahim Traoré.
Le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont quitté la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et affichent clairement leurs ambitions de sortir du franc CFA et de rompre leurs partenariats avec les pays occidentaux comme la France et les États-Unis, qu’ils accusent de maintenir une domination néocoloniale sur le continent africain. Vladimir Poutine se présente, à l’inverse, comme un allié de choix. Le même conseil des ministres a d’ailleurs adopté un autre décret témoignant du rapprochement de Ouagadougou avec Moscou.