Le Nigeria en quête de réconciliation avec ses voisins du Sahel

Dans un contexte marqué par une recrudescence de l'insécurité dans le nord du pays, le président nigérian Bola Tinubu multiplie les initiatives pour renouer le dialogue avec les pays voisins du Sahel. L'objectif : ramener le Niger, le Mali et le Burkina Faso au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et renforcer la coopération régionale en matière de sécurité.

La nomination stratégique de Mohammed Mohammed à la tête de l'Agence nationale de renseignement nigériane s'inscrit dans cette démarche. Fort d'une expérience diplomatique au Soudan et en Libye, ce dernier a pour mission de rétablir la confiance, notamment avec le Niger, pays voisin partageant plus de 1 600 km de frontière avec le Nigeria.

Cette initiative intervient après une période de tensions, marquée par la menace d'une intervention militaire nigériane au Niger suite au coup d'État de 2023. La création de l'Alliance des États du Sahel (AES) par le Niger, le Burkina Faso et le Mali, en réponse à leur exclusion de la Cedeao, a accentué la fragmentation régionale.

Le général Christopher Musa, chef d'état-major de l'armée nigériane, a récemment effectué une visite à Niamey pour renouer le dialogue. "Le Nigeria et le Niger sont des frères. Bien qu'il y ait eu un hiatus dans nos relations, nous sommes ici pour nous assurer que nous reprenons là où nous nous sommes arrêtés", a-t-il déclaré.

Cette volonté de réconciliation est motivée par l'urgence sécuritaire. Selon un rapport du cabinet SBM Intelligence, pas moins de 7 568 personnes ont été enlevées lors de 1 130 incidents entre juillet 2023 et juin 2024, principalement dans les États frontaliers du Niger.

Face à cette situation, le Nigeria semble privilégier désormais une approche axée sur la coopération sécuritaire plutôt que sur la promotion de la démocratie. "Nous voulons réaffirmer au gouvernement militaire du Niger que nous restons déterminés à coopérer avec lui", a souligné le général Musa.

Alors que le président Tinubu a fait du retour des pays du Sahel au sein de la Cedeao l'une de ses priorités, ces initiatives diplomatiques et sécuritaires témoignent d'une volonté de dépasser les clivages pour faire face aux défis communs de la région. L'avenir dira si cette nouvelle approche permettra de restaurer l'unité et la stabilité dans cet espace sahélien en proie à de multiples crises.