Les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont vivement critiqué les récentes déclarations de Bankole Adeoye, commissaire de l’Union africaine (UA) chargé des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité. Ce dernier avait condamné le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) lors de la 65e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Cédéao, tenue le 7 juillet 2024 à Abuja, au Nigeria.
Adeoye avait qualifié ce retrait d’« inacceptable » pour l’Union africaine, affirmant son attachement à une Cédéao unie. En réponse, les ministres des Affaires étrangères de l’AES ont dénoncé ces propos comme une ingérence inappropriée dans les affaires intérieures de leurs pays. Abdoulaye Diop du Mali, Karomoko Jean-Marie Traoré du Burkina Faso et Bakary Yaou Sangaré du Niger ont rappelé que leur retrait de la Cédéao est une décision souveraine, conforme aux dispositions du Traité révisé de 1993.
Les chefs de la diplomatie de l’AES ont fustigé l’attitude du commissaire de l’UA, la qualifiant de contraire au devoir de réserve et à l’obligation d’impartialité. Selon eux, cette position ignore les réalités sur le terrain et les raisons légitimes qui ont motivé leur retrait, notamment les sanctions jugées illégales et inhumaines imposées après les récents coups d’État, ainsi que l’incapacité de la Cédéao à les soutenir dans leur lutte contre le terrorisme et l’insécurité.
Les ministres ont également accusé la Cédéao de se laisser influencer par des puissances étrangères, notamment la France, et ont souligné le précédent de la Mauritanie, qui a quitté la Cédéao en 2000 sans provoquer de telles réactions. Ils demandent à la Commission de l’UA de justifier ses déclarations en se fondant sur des décisions concrètes des organes politiques de l’organisation.