Le Premier ministre malien Choguel Maïga a annoncé mercredi 21 août une décision inattendue : la suspension de l'État de mettre fin à sa participation financière aux écoles catholiques est elle-même suspendue pour l'année scolaire 2024-2025. Cette annonce intervient après plusieurs semaines de tensions entre le gouvernement et l'Église catholique, rapporte Jeune Afrique.
Début août, face à la menace de suppression des subventions étatiques, les évêques avaient envisagé de licencier près de 1 600 enseignants et de fermer 138 établissements accueillant environ 40 000 élèves. Le président de la transition, Assimi Goïta, semble avoir tranché en faveur d'un compromis temporaire, évitant ainsi une crise éducative à la veille de la rentrée scolaire, précise le Magazine panafricain Jeune Afrique.
Choguel Maïga a justifié la décision initiale de suspendre le financement par deux raisons principales. D'une part, la situation financière du pays, marquée par une dette croissante envers ces établissements, passant de 52 millions de francs CFA en 2021 à plus de 2 milliards en 2024. D'autre part, l'adoption en juin 2023 d'une nouvelle Constitution prônant "l'égalité de traitement de toutes les religions et l'application stricte de la laïcité".
Cependant, cette annonce ne résout pas tous les problèmes. Kalifa Raymond Kamaté, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l'enseignement privé catholique, évoque "une satisfaction passagère". Les enseignants, qui font face à des retards de salaires et à l'absence d'allocations familiales, restent inquiets pour leur avenir au-delà de cette année de sursis.
Ce répit d'un an devrait permettre aux autorités et aux représentants de l'Église de négocier une solution durable. Les discussions porteront notamment sur l'examen des chiffres de la dette et sur l'interprétation de la laïcité dans le contexte malien.
Cette décision souligne les défis auxquels le Mali est confronté, entre contraintes budgétaires liées à la situation sécuritaire et maintien d'un système éducatif diversifié. Elle met également en lumière le rôle historique et la réputation d'excellence des écoles catholiques dans le pays, reconnues d'utilité publique depuis l'indépendance.