Cela fait exactement 365 jours, soit un an, que la République du Niger a pris un nouveau virage ouvrant la voie à une indépendance pleine et totale. Un chemin, certes épineux mais qu’elle a décidé de suivre quand même.
Nous sommes au 26 juillet 2023, tôt le matin, des bruits de bottes ont été entendus à Niamey, la capitale nigérienne. Entre scepticisme, certitude et crainte, chacun retenait son souffle. Tard dans la nuit, la confirmation fut faite. Le président Mohamed Bazoum a été déposé sans effusion de sang par le Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie CNSP avec à sa tête le General Abdourahame Tiani. Le Niger venait d’enregistrer son cinquième coup d’état depuis les indépendances. Ces militaires censés être dans les casernes, étaient en colère et ont décidé de prendre la gouvernance du pays. Ils reprochaient à Mohamed Bazoum, la dégradation de la situation sécuritaire et la crise économique qui secoue le pays.
Ce cinquième coup d’état au Niger loin de tétaniser la population, l’a plutôt galvanisé. Les Nigériens étaient descendus par milliers dans les rues de Niamey pour saluer le nouvel homme fort du pays et son équipe. Confusion dans les palais occidentaux, joie dans les rues de Niamey.
Dans la foulée, la CEDEAO fragilisée par les nombreux coups d’Etat constitutionnels qu’elle a tolérées voire béni, trouve ainsi l’occasion de montrer ses muscles après les coups d’Etats intervenus au Mali en guinée et au Burkina Faso.
Elle convoque un sommet le 30 juillet pour infliger au Niger de lourdes sanctions jugées illégales et inhumaines . La CEDEAO avec à sa tête le président Bola TINUBU, a ordonné un blocus économique sur le Niger, privant également la population d’eau, de médicament, d’électricité et de produits de première nécessité.
L’organisation sous régionale est même allée plus loin en exigeant le retour de Bazoum au pouvoir sous peine d’une intervention militaire pour le faire. OUI ! La CEDEAO était prête à faire la guerre au Niger. Sans le savoir, cette institution sous régionale venait de creuser sa propre tombe puisque cette option militaire brandit ne faisait pas l’unanimité au sein des pays membres.
Le Togo, la Guinée, le Liberia et la Sierra leone s’étaient fermement opposés à cette idée qui risquait de plonger la sous-région dans une insécurité totale.
Mais d’autres pays comme le Sénégal, la Cote d’Ivoire, le Benin soutenus par les occidentaux, étaient impatients de marcher sur Niamey avec leurs troupes.
Très rapidement, la sous-région devient un champ de bataille ou chacun devait choisir son camp.
Les gouvernements de Bamako et Ouagadougou, ont averti de leur côté que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali.
Cette sortie du Mali et du Burkina Faso en soutien au Niger, était en réalité le début de la mise en place d’une coalition tripartite qu’ils appelleront plus tard l’Alliance des Etats du sahel AES.
Un an après ces évènements, où en est le Niger ? Le pays s’est il isolé comme l’ont prédit certains pays occidentaux ? Le chaos et le désespoir se sont-ils emparés des populations nigériennes ?
Apres avoir ensemble avec le Mali, le Burkina Faso tourné dos à la CEDEAO, car disent-ils instrumentalisée par les puissances étrangères et devenue une menace pour les états membres, le Niger a fait un grand ménage au niveau de ses partenaires internationaux. Dès ses premières sorties, le CNSP a dénoncé les efforts de déstabilisation et de violations des frontières nigériennes par la France. Il a aussi dénoncé tous les accords militaires et de défense signés avec la France, ex-puissance coloniale, et a mis à la porte ses soldats fin 2023. Le rétropédalage des américains après le coup d’état au Niger n’a pas été suffisant pour garder leur place au Niger. Les paroles condescendantes, l’imposition de partenaires, les ingérences dans les affaires intérieurs, ne sont plus les bienvenues au Niger. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les forces américaines plieront également bagage d’ici fin septembre 2024, quittant notamment leur base de drones à Agadez après celle de Niamey. Les militaires allemands ne sont pas une exception. Ils ont été également priés de plier bagage.
Un an après le renversement du régime de Bazoum, les autorités nigériennes ont pris une série de mesures pour consolider et renforcer la position anti-impérialiste à travers notamment l’arrêt des exportations d’uranium et d’or vers l’Europe, la révocation de tous les accords militaires avec la France et la suspension des plateformes médiatiques françaises France24 et RFI pour diffusion de fausses informations.
Le pays Niger aura réussi ce qui paraissait impossible, en surmontant les défis avec force et détermination. L’intransigeance des autorités militaires n’a jamais faibli. Malgré les sanctions économiques, le Niger continue par respecter ses engagements envers ses partenaires nationaux et internationaux.
. Le Niger envisage d’ailleurs la construction d’un nouvel oléoduc qui relierait ses champs pétroliers d’Agadem à ceux du Tchad, contournant ainsi le Bénin qu’il accuse d’héberger des bases militaires françaises et de comploter contre sa souveraineté.
La collaboration avec les organisations internationales ont quant à elles repris. La Banque mondiale de son coté, vient d'approuver 214 milliards de francs CFA 326 millions d’euros et le FMI a annoncé le versement de 70 millions de dollars au Niger dans le but de renforcer la stabilité macro-économique du pays d'une part et financer la transition écologique de l'autre. Sur le plan sécuritaire, les forces armées nigériennes engagent déjà des victoires grâce à la coopération entre les pays de l’AES et la collaboration avec des pays étrangers comme la Russie, la Turquie.
Un an après les évènements du 26 juillet 2024, les sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest CEDEAO, bien que levées en février dernier, ont laissé des cicatrices profondes. « C’est dans les moments difficiles qu’on connait ses vrais amis » dit-on. Le Niger pourra-t-il renouer avec ces chefs d’état qui étaient prêts à lui faire la guerre pour réinstaller Bazoum ?
Un an après, Bazoum qui avait appelé les occidentaux pour déstabiliser son pays pour le faire revenir , est toujours bien gardé dans sa résidence. Les appels pour sa libération se font de moins en moins entendre. Son immunité a d’ailleurs été levée ouvrant la voie à un procès pour complot contre l'autorité de l'Etat et haute trahison. TOUT LAISSE !
La stratégie de la CEDEAO pour faire ramener Bazoum n’aura pas marché. La CEDEAO désormais sur la voie de la désintégration prône le dialogue et recherche des stratégies pour faire revenir les pays de l’Alliance de l’alliance des Etats du Sahel en son sein. Pourra-t-elle survivre sans l’AES ? Et ces trois pays pourront ils survivent sans elle ?
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger à travers la confédération Alliance des Etats du Sahel ont dit NON à l’indépendance qui se biberonne au compte-goutte pour décider de traire elle-même sa vache laitière. Ces Etats veulent que leurs rapports avec les autres soient des plus sains et des plus respectueux, loin de toute condescendance. Les populations du Niger, Mali et Burkina Faso qui ont compris que le combat est la seule chose qui donne l’espoir de vaincre l’adversité, et que la victoire s’obtient après de nombreux sacrifices, se tiennent debout malgré tout. Le 1er sommet de l’AES en est une preuve.
Une question reste posée : La confédération AES, réussira-t-elle là où la CEDEAO a échoué ?
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