Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a procédé, le 16 août, à un remaniement en nommant notamment un nouveau Premier ministre. Mais c’est l’influence de son fils et vice-président, Teodorín Obiang, qui en sort consolidée, révèle Jeune Afrique.
Manuela Roka Botey, première femme à occuper la fonction de Premier ministre en Guinée équatoriale, n’aura tenu que dix-huit mois. Le 16 août, elle a été remplacée par Manuel Osa Nsue Nsua, selon un décret signé par le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui avait accepté la démission de son gouvernement quelques jours plus tôt, rapporte Jeune Afrique.
Le chef de l’État n’avait pas été tendre en actant le départ de sa cheffe de gouvernement. « Il est évident qu’il y a eu une incapacité collective à apporter des solutions efficaces à des problèmes critiques tels que l’économie, la cohésion sociale et la lutte contre la corruption », avait-il déclaré.
Manuela Roka Botey paie son échec à relancer l’économie du pays, où les investissements étrangers se font rares. Les partenaires occidentaux traditionnels se détournent peu à peu de Malabo, en partie du fait de l’activisme diplomatique de l’opposition, et les solutions chinoises ou russes peinent à prendre le relais, selon Jeune Afrique.
Souhaitant mettre l’accent sur la relance économique dans son nouveau gouvernement, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a un temps envisagé de nommer à sa tête celui qui était jusque-là ministre de l’Économie et des Finances, Lucas Abaga Nchama. Celui-ci avait l’avantage d’avoir été gouverneur de la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC).
Mais, selon nos informations, Lucas Abaga Nchama a finalement été écarté en raison de son penchant pour les partenariats avec les Occidentaux, lesquels n’ont plus le vent en poupe à Malabo, notamment en raison des déboires judiciaires de Teodoro Nguema Obiang Mangue, dit Teodorín, condamné en France dans l’affaire des biens mal acquis, révèle Jeune Afrique.
En outre, l’ancien gouverneur de la BEAC n’entretient pas de très bons rapports avec le fils du chef de l’État. Celui-ci a donc favorisé la nomination d’un autre spécialiste de l’économie, plus proche de lui, Manuel Osa Nsue Nsua. Ce dernier était jusqu’ici gouverneur de la Banque centrale de Guinée équatoriale.
Soucieux de ne pas froisser la communauté bubi, dont est issue Manuela Roka Botey, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a permis l’ascension d’un autre Bubi, Gaudencio Mohaba Messu, le président de l’Assemblée nationale. Il est nommé premier vice-Premier ministre, chargé du ministère du Commerce, de la Promotion des entreprises et de l’Industrie.
Alfonso Nsue Mokuy, deuxième vice-Premier ministre, chargé des Droits humains, a lui été maintenu à son poste. Ce nouveau gouvernement, dont le nombre de membres a été restreint, aura la lourde tâche de redresser l’économie du pays et de trouver de nouveaux partenaires économiques, notamment en Chine et en Russie, selon Jeune Afrique.
Malabo espérait bénéficier d’un rapprochement avec Moscou, après les visites en Russie du président Obiang et de son fils. Ceux-ci avaient plaidé auprès de Vladimir Poutine et de sa diplomatie pour l’organisation à Malabo d’un sommet Afrique-Russie, initialement prévu fin juillet ou début août 2024.
Malgré les efforts des Obiang, y compris lors de la visite en Guinée équatoriale du président biélorusse, Alexandre Loukachenko, l’organisation de cet événement – dont la précédente édition avait eu lieu à Saint-Pétersbourg en juillet 2023 – est toujours en stand-by, les autorités équato-guinéennes faisant face au silence de leurs homologues russes, rapporte Jeune Afrique.