Cameroun: 'on joue au basketball malgré notre handicap'

Basket Handicapé1 Depuis deux ans ils ont décidé d’organiser leur propre tournoi de basketball

Sat, 22 Sep 2018 Source: www.camerounweb.com

En cet après-midi du mois d’août, le terrain de basket du centre de réhabilitation des personnes en situation de handicap d’Etoug-Ebé est en ébullition. Car il vibre aux rythmes des matchs de basketball organisés par Samuel Tulag, le président de l’Association des Jeunes Handicapés pour l’Avenir. La trentaine révolue, ce sportif en situation de handicap a parcouru plusieurs kilomètres à bord de son tricycle, en piteux état, pour organiser cet événement qui a ressemblé quatre équipes de basketball d’handicapés. « Je suis très heureux que les quatre équipes aient répondu à mon invitation malgré les difficultés » se réjouit-il.

Samuel Tulag n’est pas à son premier coup d’essai. Depuis deux ans, il veille à ce que les siens puissent prendre part à ce tournoi de basketball. Assis sur son fauteuil roulant, il s’assure que tout se déroule comme prévu, avant son entrée sur l’air de jeu. « Je suis obligé d’être à la fois joueur et organisateur vu que nous ne sommes pas nombreux » explique-t-il. Une tache difficile à assurer quand on est un sportif en situation de handicap.

Un parcours du combattant

Samuel Tulag, avait un seul objectif en initiant ce tournoi : permettre aux siens de vivre leur passion. Car pour lui, le handicap n’est pas une fatalité. Depuis la première édition de ce tournoi, Samuel Tulag et ses coéquipiers n’ont reçu aucun soutien des autorités en charge du sport au Cameroun. « Nous avons une fédération qui n’a malheureusement pas de moyens pour organiser un championnat national. Nous avons donc décidé d’organiser notre propre championnat avec les moyens de bord », nous confie-t-il. Pour rééditer ce tournoi, ils ont dû faire de petites cotisations entre membres. En plus de ce problème, ils sont constemment confrontés aux préjugées des uns et des autres. « Dans ma famille, on s’interroge toujours de l’utilité de l’activité sportive que je mène. Pour certains je suis purement et simplement un bon à rien vu que je pratique régulièrement ce sport ». rapporte-il. Des propos dure dont sont malheureusement victimes au quotidien ces personnes en situation de handicap. Lesquels sont pour la plupart sans emploi.

A cette discrimination dont ils font l’objet, s’ajoute le manque d’équipements et d’infrastructures adéquats pour la pratique de leur sport. Le matériel roulant qu’ils utilisent aujourd’hui est en piteux état. « Vous aurez pu constater l’état dans lequel se trouve les fauteuils roulants avec lesquels on joue. Ils sont dans un état de dégradation avancé » souligne Alain Manda coéquipier de Samuel Tulag. Les fauteuils roulant qu’ils utilisent pour cette compétion datent en fait de plusieurs années. Ils ont été utilisé par leurs prédécesseurs, qui aujourd’hui âgés ne peuvent plus fournir les mêmes efforts qu’avant. « Nous marquons plusieurs de pause, chose qui n’est pas normal, pour réparer les pannes de nos fauteuils roulants vétustes » conclut-il avec un brin d’humour. La fédération camerounaise de basket pour personne en situation de handicap est impuissante face à cette situation.

Du pain sur la planche

Selon le rapport mondial sur le handicap rendu public par l’organisation mondiale la santé, les personnes handicapées représentent 15% de la population mondiale et 80 % de ces personnes vivent dans une pauvreté extrême. Au Cameroun leur nombre est estimé à un plus de 200 000. Des efforts sont cependant entrepris pour réduire ces inégalités comme le prescris le 17 ème Objectifs de développement durable. À ce jour des actions pour garantir une éducation de qualité sans inclusion ont été entreprises par les autorités Camerounaises. Mais rien n’a cependant été fait pour permettre aux personnes en situation de handicap de s’épanouir à travers le sport. Une situation qui n’entame pas la détermination des membres de l’Association des Jeunes Handicapés pour l’Avenir du Cameroun. Lesquels comptent sur l’expérience de leur nouveau sélectionneur, Ngobè François Xavier, pour changer la donne

Depuis sa nomination comme sélectionneur de l’équipe national de basketball des personnes en situation de handicap du Cameroun, Norbert François Xavier est constamment sur les terrains de basketball. Sa mission, détecter de nouveaux talents qui viendront renforcer la sélection nationale. « Je compte former une équipe compétitive. Car je compte avec elle prendre part à des compétitions internationales ». Une mission ardue qui n’effraie pas cet ancien joueur de basketball sur fauteuil roulant, car il peut compte sur une pépinière qu’il est entrain de former avec l’ l’Association des Jeunes Handicapés pour l’Avenir du Cameroun.



Le sélectionneur national Ngobè François Xavier

Yannick et Joseph, deux membres de l'association



Samuel Tulag en jaune, en plein match

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