Ce que l'on sait de la mission de réduction des coûts d'Elon Musk

Un groupe consultatif nouvellement créé et dirigé par l'homme le plus riche du monde est à l'origine d'un grand nombre des efforts les plus radicaux visant à remodeler le gouvernement américain dans les semaines qui ont suivi le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Elon Musk, à qui Donald Trump a demandé de diriger le département de l'Efficacité gouvernementale, est à la tête des efforts visant à s'emparer de l'accès au système de paiement fédéral, à démanteler une agence d'aide au développement international et à proposer un ultimatum à des millions de travailleurs fédéraux : démissionner ou risquer d'être licenciés.

Connue sous le nom de « Doge » - qui semble être un clin d'œil à la crypto-monnaie préférée d'Elon Musk, le dogecoin - l'initiative de réduction des coûts a été annoncée pour la première fois par Trump après sa victoire en novembre.

Cette semaine, M. Trump a laissé entendre qu'il n'y avait pas grand-chose au sein du gouvernement fédéral qui soit hors de portée de Doge.

« Tout est fertile », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, lorsqu'on l'a interrogé sur le champ d'action du nouvel organisme.

Il a également fait allusion aux prochaines cibles de Doge : les ministères de la Défense et de l'Éducation.

« Il (Musk) se penchera assez rapidement sur l'éducation et sur l'armée », a déclaré le président.

Mais malgré les changements radicaux déjà en cours, beaucoup de choses restent floues sur le fonctionnement de Doge et sur les autres programmes fédéraux qui pourraient être soumis à son examen. Voici un aperçu de ce que nous savons sur cet organe consultatif.

Il ne s'agit pas d'un service gouvernemental

Doge devait initialement être dirigé par Musk et Vivek Ramaswamy, un financier qui s'est présenté à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle, mais qui s'est ensuite désisté et devrait maintenant se présenter au poste de gouverneur de l'Ohio.

Bien que le nom de Doge contienne le mot « département », il ne s'agit pas d'un département gouvernemental officiel - le type d'organisme qui doit être créé par une loi du Congrès et qui emploie généralement des milliers de personnes.

Le Doge semble plutôt fonctionner comme un organe consultatif, dirigé par l'un des plus proches alliés de M. Trump et disposant d'une ligne directe avec la Maison Blanche.

Dans un article d'opinion publié dans le Wall Street Journal en novembre, Musk et Ramaswamy ont déclaré qu'ils « serviraient en tant que bénévoles extérieurs, et non en tant que fonctionnaires ou employés fédéraux ».

Ils ont promis d'aider l'équipe de transition de Donald Trump à recruter les membres de l'équipe Doge, qui fourniront des conseils à la Maison Blanche sur les réductions de dépenses et dresseront une liste des réglementations qui, selon eux, ne relèvent pas de l'autorité légale des agences.

« Le Doge présentera cette liste de réglementations au président Trump, qui pourra, par une action exécutive, suspendre immédiatement l'application de ces réglementations et lancer le processus d'examen et d'annulation », ont-ils écrit.

En février, la désignation d'Elon Musk a semblé changer lorsque la Maison Blanche a déclaré aux journalistes qu'il était considéré comme un employé spécial du gouvernement non rémunéré.

Le gouvernement américain définit ce rôle comme « toute personne qui travaille, ou est censée travailler, pour le gouvernement pendant cent trente jours ou moins au cours d'une période de trois cent soixante-cinq jours ».

Pour certains partisans de ce nouvel organe, le statut d'outsider du Doge - ainsi que son mandat quelque peu vague - sera un avantage.

« Ils sont un peu plus détachés de la bureaucratie elle-même et des systèmes qui ralentissent les processus ici, a déclaré à la BBC le sénateur républicain Kevin Cramer, du Dakota du Nord. Je pense que l'absence de paramètres fait partie de ce qui les rendra efficaces. »

Des coupes, des coupes et encore des coupes

Les détails ne semblent pas encore arrêtés, mais l'image générale est claire : les dirigeants de Doge veulent une réforme radicale du gouvernement, par le biais de coupes importantes.

Elon Musk a déclaré que son effort de réduction budgétaire n'atteindrait probablement pas son objectif initial de 2 milliards de dollars américains (1 270 milliards de francs CFA) d'économies, ce qui représenterait environ un tiers des dépenses annuelles du gouvernement fédéral.

« Je pense que nous devrions dépenser l'argent du public de manière judicieuse », a déclaré M. Musk alors qu'il s'apprêtait à rencontrer les législateurs en décembre.

Il a ajouté que Doge réduirait les réglementations fédérales, superviserait les licenciements massifs et fermerait complètement certaines agences.

Lors de sa candidature infructueuse à la nomination présidentielle, M. Ramaswamy a proposé de fermer le département de l'éducation, le FBI et l'IRS.

Prenant la parole lors d'un gala tenu à Mar-a-Lago, Vivek Ramaswamy a remercié Trump « de s'assurer qu'Elon Musk et moi sommes en mesure de commencer les déportations massives de millions de bureaucrates fédéraux non élus hors de la bureaucratie de DC ».

"Et je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion de connaître M. Elon, mais il n'apporte pas un ciseau, il apporte une tronçonneuse, et nous allons l'utiliser contre cette bureaucratie, a déclaré M. Ramaswamy. Ça va être très amusant."

Jusqu'à présent, le groupe a été critiqué pour avoir accédé à une base de données sensible sur les paiements aux États-Unis, y compris pour les employés du gouvernement, pour avoir poussé les employés vétérans à démissionner et pour avoir fermé l'USAID - l'agence gouvernementale responsable du développement international.

Il y a une bataille juridique en cours concernant la vie privée et l'accès accordé à Doge. Début février, le Trésor américain a accepté de limiter temporairement son accès.

Doge est sous pression

Même avant qu'il ne soit vraiment opérationnel, l'expiration de Doge avait été fixée - 4 juillet 2026.

« Un gouvernement plus petit, avec plus d'efficacité et moins de bureaucratie, sera le cadeau parfait pour l'Amérique à l'occasion du 250e anniversaire de la Déclaration d'indépendance », a déclaré M. Trump en annonçant le nouveau corps.

Certains alliés de Trump espèrent que Doge reflétera la Commission Grace, un organisme du secteur privé établi par le président Ronald Reagan en 1982 pour réformer la bureaucratie fédérale et contrôler les dépenses.

Au cours de ses deux années de mandat, la Commission Grace a soumis plus de 2 500 recommandations à la Maison Blanche et au Congrès. Mais la plupart n'ont jamais été mises en œuvre.

Les critiques s'interrogent

Les promesses audacieuses de M. Musk ont suscité une certaine incrédulité parmi les experts, qui disent que l'ampleur et la portée de son mandat frôlent l'impossible.

Elaine Kamark, chercheuse principale en études de gouvernance à la Brookings Institution, a déclaré à la BBC que les efforts pour rationaliser les dépenses gouvernementales "peuvent être réalisés".

Mme Kamark a souligné son travail à la tête de la National Performance Review de l'administration Clinton, un effort pour réduire les dépenses gouvernementales dans les années 1990 qui a permis d'économiser plus d'un milliard de dollars américains (635 milliards francs CFA) et de réduire de 250 000 le nombre de personnes dans la fonction publique fédérale.

La notion de réduire d'un tiers les dépenses du gouvernement - comme M. Musk s'y est engagé - est "ridicule", a-t-elle déclaré. Environ deux tiers du budget total sont obligatoires et incluent des programmes populaires comme la Sécurité sociale et Medicare.

« Vous ne pouvez pas toucher aux paiements de la Sécurité sociale des gens, ni à leurs paiements de retraite pour les anciens combattants ni aux remboursements de Medicare des gens sans obtenir des modifications législatives... Ils n'ont pas le pouvoir d'en adopter aucune de ces mesures », a-t-elle déclaré.

Mais certaines parties de Doge ont attiré des éloges de la part de sources inattendues.

En décembre, Bernie Sanders, un sénateur indépendant du Vermont qui siège avec les démocrates, a déclaré que M. Musk « a raison » concernant les coupes proposées dans le budget de la défense.

Le représentant démocrate Ro Khanna de Californie a déclaré qu'il soutenait également les réductions des dépenses du Pentagone.

Depuis, tous deux ont critiqué les efforts de Doge. Khanna a accusé Elon Musk sur CNBC de violer la Constitution en agissant "unilatéralement" sur les coupes.

Sanders a déclaré sur Twitter en février : "Un milliardaire non élu ne peut tout simplement pas fermer les agences fédérales autorisées par le Congrès à sa guise."

Le député démocrate Jared Moskowitz de Floride est devenu le premier de son parti à rejoindre le caucus House Doge, un caucus du Congrès chargé de réduire les dépenses gouvernementales, mais qui ne rend pas directement compte au conseil consultatif Doge.

« Réduire les dépenses gouvernementales inefficaces ne devrait pas être une question partisane », a-t-il déclaré dans une déclaration de décembre.

Avec des reportages supplémentaires de Jessica Parker et Cai Pigliucci