Une analyse de la BBC a révélé l'ampleur des dégâts causés par neuf mois de combats entre le groupe armé libanais Hezbollah et Israël.
Des photos satellites, des images radar et des relevés d'activités militaires montrent que des communautés entières ont été déplacées, que des milliers de bâtiments et de vastes étendues de terres ont été endommagés à la frontière entre Israël et le Liban.
Les deux parties ont jusqu'à présent évité une guerre totale, mais les preuves montrent que les attaques quasi quotidiennes ont laissé des communautés dévastées en Israël et au Liban.
Les combats actuels ont commencé lorsque le Hezbollah a tiré des roquettes sur des positions israéliennes, en solidarité avec les Palestiniens selon le groupe, un jour après le début de la guerre entre Israël et Gaza. L'offensive militaire israélienne sur Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Les données recueillies par le projet américain Armed Conflict Location and Event Data Project (Acled) et analysées par la BBC suggèrent que les deux parties ont mené ensemble 7 491 attaques transfrontalières entre le 8 octobre 2023 et le 5 juillet 2024. Ces chiffres indiquent qu'Israël a mené environ cinq fois plus d'attaques que le Hezbollah.
L'ONU affirme que les attaques ont forcé plus de 90 000 personnes au Liban à quitter leur domicile, et qu'une centaine de civils et 366 combattants du Hezbollah ont été tués dans les frappes israéliennes.
En Israël, les autorités affirment que 60 000 civils ont dû abandonner leurs maisons et que 33 personnes ont été tuées, dont 10 civils, à cause des attaques du Hezbollah.
Il a quitté Aita el Shaab avec sa famille immédiatement après le début des hostilités en octobre de l'année dernière, mais il a déclaré qu'il y retournait presque tous les quinze jours, principalement pour assister à des funérailles.
« Chaque fois que j'y vais, j'ai l'impression que la situation a changé. Le spectacle de la destruction est tout simplement terrible », a-t-il déclaré à la BBC.
« Les maisons d'Aita sont devenues de simples structures. Celles qui ont été détruites ont été réduites à l'état de ruines. Celles qui sont encore debout sont inhabitables », a-t-il ajouté.
M. Tehini se souvient avoir vu la ville détruite par le passé, principalement lors de la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, mais il affirme que les bombes ont causé des dégâts bien plus importants cette fois-ci.
Il explique que toutes les infrastructures ont été endommagées, y compris le réseau électrique et le système d'approvisionnement en eau.
« Notre maison est encore debout. Mais ce n'est qu'une apparence. Tout est en ruine », a-t-il ajouté.
Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont déclaré à la BBC qu'elles avaient mené des frappes contre des cibles militaires pour « éliminer la menace que représente le Hezbollah pour Israël, ses citoyens et leurs maisons ».
L'ampleur des dégâts est illustrée par des images de la colonie de Katzrin, sur le plateau du Golan occupé par Israël. Une immense bande de terre brûlée, plus grande que la colonie elle-même, est apparue après un barrage de tirs de roquettes au début du mois de juin.
À environ 30 km au nord-est, vit Tzahi Gabay, un agriculteur et un membre de l'équipe d'intervention locale.
Il est l'un des rares Israéliens à être resté dans la zone frontalière. Sa femme et ses deux enfants, âgés de 5 et 7 ans, ont fui leur ville de Kfar Yuval, située à quelques mètres de la frontière, et vivent dans une petite chambre d'hôtel depuis neuf mois. M. Gabay ne les voit qu'une fois par semaine.
Il a vu de ses propres yeux les incendies qui ont dévasté de vastes zones du nord d'Israël.
« Craignant les tirs de roquettes, les gens ont négligé la végétation, qui s'est desséchée au printemps. Chaque drone, roquette ou missile tiré a immédiatement déclenché d'énormes incendies en Galilée. Toute la région brûlait. Nous avons dû combattre les flammes, éteindre les incendies, pour éviter des dégâts plus importants dans nos champs, dans nos entreprises », a-t-il ajouté.
Les incendies ne sont pas le seul danger.
Ses voisins, Barak et Mira Ayalon, ont été tués en janvier. Ils déjeunaient dans la cuisine lorsqu'un missile a traversé le mur de leur salon.
M. Gabay connaît cette famille depuis des années.
« Nous avons grandi ensemble. Retirer leurs corps dans cet état... Des gens que je connaissais bien... Ce n'était pas facile », soupire-t-il.
Si un petit nombre d'habitants de la ville sont restés pour maintenir leurs arbres fruitiers en vie, environ 90 % ont été évacués, sachant que les leurs ne produiront peut-être plus jamais de récolte.
Le Hezbollah n'a pas répondu à une demande de commentaire. Mais son chef, Hassan Nasrallah, a déclaré mercredi que la « persistance d'Israël à cibler les civils » pousserait les combattants du groupe à viser de nouvelles « colonies » avec des missiles et a averti Israël que ses chars seraient détruits s'ils pénétraient au Liban.
Lors d'une allocution télévisée le 10 juillet, il a réitéré son engagement à suspendre les attaques de son organisation si un cessez-le-feu était conclu entre Israël et le Hamas.
Le ministre libanais de l'agriculture, Abbas Hajj Hassan, a déclaré à la BBC que 55 villes situées de part et d'autre de la frontière avaient été touchées par les incendies provoqués par Israël.
Il a accusé Israël d'utiliser du phosphore blanc parmi d'autres munitions et de vouloir rendre la région stérile et abandonnée.
Le phosphore blanc est une substance chimique qui s'enflamme immédiatement au contact de l'oxygène. Il colle à la peau et aux vêtements et peut même brûler les os.
L'organisation internationale Human Rights Watch a vérifié l'utilisation de phosphore blanc sur plusieurs zones peuplées du Sud-Liban, dont al-Bustan.
Elle affirme que l'utilisation du phosphore blanc par Israël est « illégale et aveugle dans les zones peuplées ».
Les FDI contestent cette affirmation, affirmant que l'utilisation d'obus au phosphore blanc pour créer un écran de fumée « est légale en vertu du droit international ». Elles affirment que ces obus ne sont pas utilisés dans les zones densément peuplées « à quelques exceptions près ».