La Guinée pourra-t-elle organiser la présidentielle en 2025 ?
Le porte-parole du gouvernement guinéen a émis jeudi 30 janvier, devant des journalistes lors d'un déjeuner de presse, des doutes sur la possibilité d'organiser une élection présidentielle cette année. Pourtant, les dirigeants militaires de la Guinée avaient évoqué des scrutins avant fin 2025.
Sous pression internationale, la junte qui a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2021 s'était initialement engagée à organiser un référendum constitutionnel et à transférer le pouvoir à des civils élus avant fin 2024, mais aucune de ces promesses n'a été tenue.
Mamady Doumbouya annonçait également sa volonté de recueillir l'avis d'un panel d'experts guinéens sur l'avant-projet de Constitution afin de disposer d'une Constitution solide.
« Dès le premier trimestre de l'année 2025, je signerai un décret fixant la date du scrutin pour le référendum constitutionnel après l'élaboration du code électoral », ajoutait le général Doumbouya.
L'objectif de toutes ces étapes était clairement défini : "continuer à poser les jalons forts pour des élections générales, dans des délais qui assurent une organisation sans faille" durant l'année 2025.
Dans cette même logique, début janvier, le porte-parole du gouvernement Ousmane Gaoual Diallo avait indiqué que le pays ouest-africain pourrait organiser des élections présidentielle ou législatives cette année, après un référendum qui se tiendrait "probablement en mai".
Mais monsieur Diallo a déclaré la semaine dernière qu'il serait "impossible de réaliser toutes les élections en 2025".
Il a précisé que le processus débuterait par un référendum constitutionnel qui aurait lieu "avant la fin du premier semestre".
C'est un préalable, car, pour l'heure, la Guinée ne dispose pas d'organe chargé d'organiser les élections, puisque toutes les institutions avaient été dissoutes en 2021 lors du coup d'état.
« On ne peut pas, à ce stade, parler de l'organe de gestion des élections dans le pays alors que la Constitution doit créer cet organe », explique Gaoual Diallo.
Pour lui, il faut d'abord un cadre juridique pour encadrer l'organisation du référendum constitutionnel.
« Et une fois la Constitution adoptée, elle va décliner les différentes institutions et lois organiques qui vont être issues d'elle pour permettre d'aller », ajoute-t-il.
Le porte-parole du gouvernement justifie également cette impossibilité par la forte pluviométrie en Guinée entre les mois de juillet et septembre, avec des pluies torrentielles et des inondations, ce qui empêcherait une bonne organisation des scrutins.
Gaoual Diallo garde cependant l'espoir d'organiser "peut-être deux grandes élections majeures cette année", sans préciser lesquelles.
« Nous pensons que s'ils sont de bonne foi, en trois mois on peut tenir l'ensemble des élections ; l'élection présidentielle, les élections communales et les élections législatives peuvent se tenir en même temps et le même jour, si on est de bonne foi », estime-t-il.
Le membre des forces vives de la nation pense que le double discours du gouvernement reflète "la mauvaise foi des autorités" qui, selon lui, n'ont pas l'intention d'organiser ces élections. L'objectif étant de se maintenir au pouvoir.
Même réaction au sein du Parti socialiste de Guinée. Son premier secrétaire, Thierno Bayo Saïdou, affirme que les autorités actuelles de la Guinée "ne veulent pas aller aux élections".
Bayo Saïdou pense que la Guinée peut tenir le pari d'organiser toutes les élections cette année.
"Sur le plan matériel, il n'y a pas de problème. Sur le plan des compétences, on a des gens formés aujourd'hui qui ont fait au moins deux à trois élections, qui savent ce que c'est », déclare-t-il.
Pour lui, il suffit simplement d'une décision politique pour enclencher le processus.
En outre, Bayo Thierno Saïdou suggère d'aller aux élections avec le fichier électoral de 2018. Précisons que ce fichier avait été contesté puis accepté par l'opposition après les audits de la CEDEAO et de l'OIF.
Rafiou Sow renchérit en ajoutant "qu'il faudrait se référer à l'ancien fichier électoral et organiser ces élections, mais autour d'une table, que ce cadre de dialogue décide de la mise en place d'un organe chargé des élections."
Le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, comme d'autres partisans du général Doumbouya, a précédemment apporté son soutien à une éventuelle candidature présidentielle du chef de la junte.
Mais le général Doumbouya, qui a depuis prêté serment comme président, a réitéré à plusieurs reprises son engagement à ne pas se présenter.