Michelle Nehoya, une citoyenne namibienne de 38 ans vivant à Windhoek, attend un visa pour se rendre au Canada depuis plus de deux ans. Elle voulait absolument se rendre au Québec pour rendre visite à sa tante et à ses cousins, qu'elle n'avait pas vus depuis près de dix ans.
Pour obtenir un visa, elle a dû remplir de nombreux formulaires. Elle a notamment dû fournir des relevés bancaires de six mois, une lettre d'invitation et un historique détaillé de ses déplacements.
Comme il n'y a pas d'ambassade canadienne en Namibie, elle a dû se rendre en Afrique du Sud pour soumettre ses données biométriques, ce qui impliquait de donner ses empreintes digitales et de se faire photographier.
À ce jour, la demande lui a coûté près de 500 dollars et aucun visa n'est en vue.
Cette expérience n'est pas rare pour les Africains qui se rendent dans les pays occidentaux.
Selon Henley and Partners, sept des dix pays où le taux de refus de visa Schengen était le plus élevé en 2022 se trouvent en Afrique.
« La procédure a été longue et frustrante », explique Michelle. « Ils ne m'ont pas expliqué pourquoi cela prenait autant de temps ».
Toutefois, si sa famille au Québec décide de se rendre en Namibie, elle ne sera pas confrontée aux mêmes difficultés et aux mêmes coûts que Michelle.
Les citoyens canadiens peuvent actuellement entrer en Namibie sans visa. Mais cela est sur le point de changer.
Il y a quelques mois, le gouvernement namibien a annoncé qu'à partir d'avril 2025, les ressortissants canadiens, ainsi que ceux de 32 autres pays, devront obtenir un visa pour entrer en Namibie.
Le haut-commissaire britannique en Namibie, Charles Moore, a déclaré qu'il respectait le droit de la Namibie d'imposer un régime de visa pour tout pays qu'elle souhaite.
« Le Royaume-Uni a malheureusement imposé un régime de visa à la Namibie l'année dernière en raison du nombre de demandeurs d'asile que nous recevions. Cela a eu un impact sur nos relations avec la Namibie », explique-t-il.
Pour certains Namibiens, cette annonce était attendue depuis longtemps.
« Je pense que c'est juste. On a l'impression que la Namibie se défend », déclare Michelle.
Les jeunes Africains ont soutenu cette initiative sur les réseaux sociaux.
« C'est bien pour la Namibie. On voit tout ce qu'il faut faire pour obtenir un visa pour certains de ces pays. Vous auriez l'impression d'avoir obtenu une qualification académique », a posté Louise Siwale sur la plateforme de médias sociaux X.
En juin 2024, le prix des visas Schengen de courte durée est passé de 80 à 90 euros pour les adultes, et en octobre 2023, les frais de visa pour le Royaume-Uni sont passés de 100 à 115 livres sterling.
Le rapport montre également que près d'un tiers des Africains qui demandent un visa pour l'espace Schengen en Europe voient leur demande rejetée, soit 10 % de plus que la moyenne mondiale.
Même lorsque les visas sont approuvés, les voyageurs africains disent que leurs expériences à la sécurité des frontières les mettent mal à l'aise et les font se sentir indésirables.
Fin 2022, la directrice du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), Winnie Byanyima, a attiré l'attention sur ce problème en publiant un message sur les médias sociaux : « Je suis à l'aéroport de Genève, on me refuse presque l'embarquement, tous les documents sont examinés encore et encore, des appels sont passés... J'embarque en dernier. »
Selon lui, les nouveaux visas pourraient également aider l'industrie du tourisme, en garantissant que les visiteurs fassent appel à des entreprises locales.
« Il est arrivé que des visiteurs amènent leurs propres guides d'Allemagne, d'Italie ou de France, parce qu'il n'y avait pas de restrictions en matière de visas. Désormais, cette pratique sera contrôlée », explique-t-il.
Si l'impact sur l'industrie touristique namibienne reste à évaluer, pour des voyageurs comme Michelle, il est important que la réciprocité des visas soit plus équitable.
« Les gens viennent en Namibie et l'adorent. Mais nous voulons aussi voir ce qui se passe de l'autre côté », dit-elle.
« Ce serait bien d'aller au Canada, aux États-Unis ou au Royaume-Uni et d'obtenir un visa à l'arrivée. Mais pour l'instant, nous devons tout planifier longtemps à l'avance.