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Massacre du 28 septembre en Guinée : l'ancien chef militaire guinéen Moussa Dadis Camara est jugé pour la tuerie

L'ancien chef militaire guinéen Moussa Dadis Camara est jugé pour la tuerie

Mer., 28 Sept. 2022 Source: www.bbc.com

Les avocats de l'ancien président guinéen, Moussa Dadis Camara, déclarent qu'il a été envoyé en prison avant son procès pour son rôle présumé dans le massacre d'un stade il y a 13 ans.

Ses coaccusés seront également détenus jusqu'à la fin du procès, qui débute mercredi.

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"C'est avec le cœur serré que nous avons assisté à cette injustice qui a consisté à embarquer nos six clients et à les conduire à la maison centrale où ils seront retenus sûrement tout le temps de la procèdure", s'est exprimé l'un des avocats sur BBC Afrique.

L'ancien dirigeant militaire de la Guinée, Moussa Dadis Camara, est jugé pour son rôle présumé dans l'un des pires massacres du pays, qui a eu lieu il y a exactement 13 ans.

Selon des témoins oculaires, des soldats ont tiré sur des manifestants lors d'un rassemblement contre la junte dans un stade de la capitale, Conakry.

Dans le chaos qui a suivi, plus de 150 personnes ont été tuées. Plus de 100 femmes et jeunes filles ont également été violées.

Le capitaine Camara, jugé avec 10 anciens fonctionnaires, a nié les accusations.

Il veut "laver son nom qui a été traîné dans la boue", a déclaré son avocat à la BBC.

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Le capitaine Camara est accusé d'avoir assumé la responsabilité du commandement des soldats qui ont commis les crimes présumés.

Le jour de la tuerie, les forces de sécurité auraient bloqué les sorties du stade pour tenter d'arrêter le rassemblement, avant d'ouvrir le feu. Certains manifestants ont été abattus ou attaqués à l'arme blanche, tandis que d'autres ont été piétinés.

Le procès, longtemps retardé, sera le premier impliquant des violations des droits de l'homme de cette ampleur en Guinée, selon l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch.

"Nous réclamons justice"

L'attente a été difficile pour les victimes, mais elles se disent heureuses que le procès se poursuive.

"Nous demandons justice, rien d'autre que la justice", a déclaré l'une des victimes de viol à la BBC.

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"J'ai été violée [et] agressée... par un soldat", a déclaré Anissa, qui n'est pas son vrai nom.

"Je ne peux plus lever mon bras", a ajouté cette femme de 63 ans, ancienne membre d'un parti d'opposition.

"J'ai eu l'omoplate cassée, le pied fendu, ils ont dû le recoudre. Mes hanches étaient fendues".

Elle a déclaré qu'elle était encore marquée émotionnellement par ce qui lui était arrivé et qu'elle n'aimait pas retourner sur les lieux de son agression - le stade.

"Même aujourd'hui, cela me fait peur. Ce sont les cicatrices qui reviennent. C'est le traumatisme qui revient. Alors je ne peux pas, je ne peux vraiment pas".

Les victimes de viol sont souvent stigmatisées en Guinée. Cela pourrait expliquer pourquoi de nombreuses victimes d'agressions sexuelles dans le stade ne se sont pas manifestées.

Le capitaine Camara, 58 ans, a pris le pouvoir en 2008 à la mort du président de longue date, Lansana Conté. Il a été évincé et a fui le pays peu de temps après les tueries de Conakry et après une tentative d'assassinat. Depuis lors, il vivait au Burkina Faso avant de rentrer en Guinée dimanche.

Après le départ du capitaine Camara de Guinée, une enquête a été diligentée pour établir les faits entourant la tragédie - elle s'est déroulée de 2010 à 2017. Au cours de cette période, certains auteurs présumés ont été inculpés, dont le capitaine Camara.

En 2018, un comité a ensuite été mis en place pour organiser le procès, mais des inquiétudes ont été soulevées quant au manque de progrès car il ne se réunissait pas régulièrement.

C'est l'actuel chef de la junte militaire - le colonel Mamady Doumbouya - également arrivé au pouvoir après un coup d'État en 2021, qui a ordonné la tenue du procès en 2022.

Source: www.bbc.com