Les combats entre les rebelles du M23 et les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) se poursuivent dans l'Est du pays. Depuis le début de cette année, on assiste à une intensification du conflit dans cette partie du pays.
Les affrontements se déroulent autour de la ville de Goma. Bahala Shamavu Innocent, chef d'un syndicat local, a déclaré à la BBC que « la ville de Goma est prise en étau, la ville est étouffée ».
« Il n'y a plus d'entrées, il n'y a plus de sorties... cette population souffre énormément ».
Même son de cloche chez Espoir Ngalukiye, membre du parti d'opposition Ensemble pour la République. « À Goma, nous ne sommes pas vraiment en sécurité. Personne qui vit à Goma ne peut vous dire qu'il n'a pas peur ».
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On peut voir des gens s'échapper avec des matelas et autres effets personnels. Ils fuient vers Goma et les autres localités où les conflits n'ont pas encore atteint.
Une situation humanitaire préoccupante
La situation dans l'Est de la RDC inquiète. Selon Médecin Sans Frontière (MSF) qui a réagi ce jeudi, depuis le début de l'année, « les affrontements armés dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu, se sont étendus vers le territoire de Kalehe au Sud-Kivu. L'intensification des combats a eu un impact sur la population civile qui fuit les territoires affectés ».
Les activités médicales de l'ONG sont également impactées, surtout dans les structures sanitaires de Numbi et Minova au Sud-Kivu.
« Entre le 3 et le 18 janvier, les équipes MSF ont déjà traité plus de 270 blessés à l'hôpital général de référence (HGR) de Minova et au centre hospitalier (CH) Numbi. Depuis le 19 janvier, MSF a réduit ses activités dans ces deux structures médicales », indique l'ONG humanitaire.
Médecins Sans Frontière fait savoir également que la plupart des patients hospitalisés à l'HGR de Minova ont fui, suivant le déplacement massif de la population.
Selon le Bureau régional des Nations Unies pour la coordination des Affaires humanitaires (OCHA), les blessés et les autres patients ont été réorientés vers les structures sanitaires à Goma pour les soins spécifiques.
MSF poursuit son appui au personnel du ministère de la santé à Numbi et Minova avec des équipes réduites, continuant à répondre aux besoins des populations.
Pour MSF, la situation évolue rapidement dans la région, indiquant avoir sorti une partie de son staff de Kiniezire où est basée sa coordination pour les projets de Numbi et Minova.
Des rapports des Nations Unies et d'autres organisations humanitaires font état d'hôpitaux débordés à Goma à cause de l'arrivée des dizaines de blessés occasionnés par ce conflit.
Des dirigeants locaux ont déclaré à la BBC que plus de 200 civils ont été tués dans les zones conquises par le M23.
Deux enfants sont morts après la chute de bombes sur un camp de personnes déplacées, selon les Nations Unies.
Situation sécuritaire dans l'Est de la RDC
Les affrontements armés concernent notamment les territoires Masisi au Nord-Kivu, Kalehe, Numbi, Minova au Sud-Kivu.
Ngungu dans le territoire de Masisi, une ville clé à l'Est de la RDC, tombée dans les mains des rebelles pendant quelques semaines, a été reprise il y a quelques jours par l'armée congolaise et ses alliés, les Wazalendo.
Mardi dernier, les FARDC ont annoncé avoir également repris le sud du territoire de Lubero, en contenant et repoussant les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, tout en soulignant que les combats se poursuivent avec « l'ennemi qui a fait une percée sur Bweremana dans le Nord-Kivu et Minova dans le Sud-Kivu ».
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Ville commerciale clé dans l'Est de la RDC, la chute de Minova, selon les informations, rapprochent les rebelles à moins de 40 Km dans la capitale provinciale, Goma, près de la frontière avec le Rwanda.
Ce jeudi, le M23 a annoncé la prise de la ville de Sake (27 km à l'ouest de Goma) et a déclaré qu'il était en route pour prendre Goma. Mais l'armée régulière et ses alliés se sont déployés vers Sake pour stopper l'avancée des rebelles, selon les autorités militaires.
La situation sécuritaire, très suivie par les autorités congolaises, a amené le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi à écourter son voyage en Suisse et convoquer une réunion du Conseil supérieur de la défense ce vendredi.
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Revenu de Davos en Suisse où il a participé au Forum économique mondial, le président de la République démocratique du Congo a convoqué dans l'urgence une réunion de crise jeudi soir avec le Premier ministre, Judith Suminwa ainsi que les chefs du personnel de la sécurité et de la Défense.
Selon un communiqué de la présidence de la RDC, Félix Tshisekedi préside ce vendredi à une réunion du Conseil supérieur de défense et du Conseil des ministres à Kinshasa afin de faire le point sur la situation qui prévaut « dans la province du Nord-Kivu, où le Mouvement du 23 mars (M23) se rapproche de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu ».
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La réunion analysera l'escalade et la violence des combats, l'insécurité et la crise humanitaire dans l'Est du pays.
Au cours de la rencontre, selon le communiqué de la présidence, le président Tshisekedi devrait annoncer des mesures pour sécuriser Goma et faire face à l'aggravation de la crise humanitaire.
Des réactions pour un arrêt des combats
Selon les Nations unies, au moins 400 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays ont été forcées de fuir leurs maisons cette année seulement, en raison des récents combats opposant le M23 aux forces de la coalition gouvernementale.
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a demandé la fin immédiate des hostilités, mettant en exergue le bilan dévastateur pour les civils. Il a ensuite condamné l'extension de l'offensif des rebelles du M23 et mis en garde contre le risque accru d'un conflit régional plus large.
M. Guterres a par ailleurs appelé « tous les acteurs à respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo et à mettre fin à toutes les formes de soutien aux groupes armés ».
Le ministère congolais de la Communication et des Médias a rassuré dans un communiqué que les autorités militaires ont pris toutes les dispositions « pour récupérer les autres entités occupées par l'ennemi ».
Il a lancé un appel à la population de ne pas céder à la panique, mais de renforcer la vigilance en dénonçant « tous les infiltrés qui opèrent autour d'elle ».
Quid du Rwanda ?
L'ONU, dans un rapport, a déjà indiqué que le Rwanda soutient les rebelles du M23 dans les conflits contre la RDC. Les autorités rwandaises rejettent les conclusions de ce rapport.
Depuis 2021, le M23 soutenu par le Rwanda, a pris le contrôle de vastes étendues de l'est de la République démocratique du Congo, riche en minerais. En conséquence, des centaines de milliers de personnes ont été déplacées.
L'année dernière, après une tentative de prise de la ville de Goma, les combats ont une accalmie à la faveur d'un accord de cessez-le-feu en juillet. Mais les rebelles ont repris en octobre dernier, de violents affrontements qui se sont poursuivis jusqu'au début de cette année.
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