L'organisation des droits humains, Human Rights Watch a demandé au gouvernement militaire de la République du Niger d'abandonner toutes les charges et de libérer le militant des droits humains du pays, Mousa Tchangari.
Tchangari est l'une des personnes récemment arrêtées et détenues par le gouvernement militaire du Niger depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2023.
Le communiqué publié par Human Rights Watch indique que des organisations de défense des droits humains telles qu'Amnesty International et l'Organisation mondiale contre la torture « ont rapporté en détail comment les autorités du Niger restreignent les droits humains des lanceurs d'alerte, des journalistes, de l'opposition politique et de ceux dont les opinions diffèrent de celles des gouvernement depuis son arrivée au pouvoir. »
A lire aussi sur BBC Afrique :
Que signifie pour les victimes le Tribunal spécial de la CEDEAO pour juger les violations des droits de l'homme en Gambie sous Yahya Jammeh ?
"Je défendrai toujours les homosexuels car on les jette en prison comme des chiens" - Alice Nkom, avocate camerounaise
Que deviendra Africa Corps, l'ex-Wagner, si la Russie perd ses bases en Syrie ?
L'une des craintes des pays et des autorités internationales lorsqu'un coup d'État se produit dans un autre pays est l'incertitude quant à la protection de la liberté d'expression et des droits de l'homme.
Ces dernières années, les régimes militaires de divers pays du monde ont été accusés d'opprimer les populations et de les empêcher de s'exprimer librement ou de violer certains de leurs droits à la vie.
La République du Niger, le Burkina Faso et le Mali sont tombés aux mains de l'armée après une série de coups d'État survenus dans ces pays ces dernières années, ce qui a semé la confusion diplomatique dans la région de l'Afrique de l'Ouest et tendu les relations entre ces pays et l'Occident.
En matière de droit à la liberté d'expression, qui le gouvernement nigérien a-t-il arrêté depuis le coup d'État de juillet 2023 ?
Ousmane Toudou, Journaliste
Le 13 avril 2024, Ousmane Toudou, journaliste et ancien conseiller en communication de l'ancien président Mahamadou Issoufou, puis de Mohamed Bazoum, renversé est arrêté.
Dans les jours qui ont suivi le coup d'État de juillet 2023, Ousmane Toudou a appelé tous les démocrates à s'opposer à la prise de pouvoir militaire dans un message diffusé sur les réseaux sociaux.
Après plus de six mois d'enquête, le procureur en chef de la cour d'appel de la ville de Niamey a demandé le classement de l'affaire.
De même, le juge d'instruction du tribunal militaire a ordonné le non-lieu.
Mais contre toute attente, le commissaire du gouvernement a fait appel de cette décision.
Ousmane Toudou est actuellement détenu à la prison de Kollo, qui dépend du gouvernorat deTillabery.
Idrissa Soumana Maiga, rédacteur en chef du journal L'Enquêteur
Quelques jours plus tard, le 24 avril 2024, le directeur de la publication de L'Enquêteur, Idrissa Soumana Maiga, a été arrêté après que son journal ait publié un article qui accusait la Russie d'avoir installé des dispositifs d'écoute électronique dans les bâtiments publics.
Les autorités nigériennes ont déclaré qu'il avait été arrêté parce qu'il représentait un « danger pour la sécurité nationale ».
Mais Idrissa Soumana Maiga a recouvré la liberté le 9 juillet 2024.
Serge Mathurin Adou, journaliste
Mi-septembre, un journaliste nigéro-ivoirien, Serge Mathurin Adou, qui vit à Niamey, a été inculpé de "danger pour la sécurité nationale".
Il a été arrêté et détenu dans une prison au Niger, soupçonné de tentative d'incitation à la violence au Burkina Faso.
Fin septembre, le ministre de la Défense du Burkina Faso, Mahamoudou Sana, avait accusé ce journaliste d'être de ceux qui ont écrit des « complots » et des « tentatives d'incitation à la violence » contre son pays.
Serge Mathurin a été détenu au secret pendant deux mois aux mains des forces de sécurité nigériennes.
Il n'a été entendu que le 13 novembre. Le chargé d'affaire de l'ambassade de Côte d'Ivoire au Niger, Victor Akiesse, a confirmé que Serge Mathurin Adou était bel et bien vivant malgré les deux mois qu'il a passés en prison.
« En effet, notre frère est à Niamey et les autorités de ce pays ont décidé de le traduire en justice au Niger. a t-il indiqué.
Inculpé du crime d'atteinte à la sécurité nationale, il a été conduit à la prison civile de la ville de Birni N'Gaouré, dans le gouvernorat de Dosso, où il est toujours détenu.
Pourquoi la junte nigérienne retire la nationalité à 9 personnes
Ce que les dirigeants de l'AES décident pour les citoyens de la CEDEAO
Samira Sabou, journaliste
Selon les informations, le 30 septembre 2023, des personnes se présentant comme des agents de sécurité ont arrêté Samira Sabou, une journaliste alors qu'elle rendait visite à sa mère .
Il a fallu sept jours pour savoir où se trouvait Samira Sabou. Au début, les agents chargés de l'application des lois de la ville de Niamey ont nié l'avoir arrêtée, mais le 7 octobre, elle a été transférée à la brigade criminelle de la police de la capiale, où son avocat et son mari lui ont rendu visite.
Le 11 octobre, elle a été accusée d'avoir fourni des informations susceptibles de mettre en danger l'ordre public et a été libérée le 13 octobre 2023.
Que signifie l’accord de coopération militaire entre le Niger et le Nigeria pour la sécurité au Sahel ?
Comment les groupes armés financent leurs activités en Afrique de l'Ouest
Moussa Tchangari, Société Civile
Tchangari est un leader de la société civile et à la tête d'une grande organisation non gouvernementale au Niger appelée Alternative Espaces Citoyens.
Il a été arrêté dans la soirée du mardi 3 décembre, à son retour d'un voyage à l'étranger, comme l'ont indiqué ses proches.
"Moussa Tchangari, secrétaire général du groupe Alternative Espaces Citoyens, a été emmené par des hommes armés vers un lieu inconnu avant que son avocat ne déclare qu'il est sous la garde des autorités antiterroristes."
En janvier 2024, la Maison de la Presse, association de journalistes privés et publics du Niger, a été suspendue par les autorités de transition et remplacée par un comité intérimaire dirigé par le secrétaire général du ministère de l'Intérieur.
Où sont Mohamed Bazoum et sa famille ?
Mohamed Bazoum, et son épouse sont détenus au palais présidentiel de la capitale du pays, depuis le renversement de son gouvernement le 26 juillet 2023.
Après avoir passé plus de cinq mois en détention, le tribunal militaire a libéré le fils du président déchu, Salem Bazoum, qui avait quitté le pays pour le Togo après les efforts de réconciliation déployés par les dirigeants locaux.
Le 13 août, les autorités ont annoncé leur intention de poursuivre Bazoum pour « trahison » et menace à la sécurité nationale, mais il n'a pas encore été présenté devant un juge.
Les Ministres de l'ancien régime
Outre Bazoum et sa famille, les autorités de la République du Niger ont arrêté certains responsables de l'ancien gouvernement, notamment des ministres.
Parmi eux, Sani Mahamadou Issoufou, ancien ministre du Pétrole et fils de l'ancien président Mahamadou Issoufou, Hamadou Adamou Souley, ancien ministre de l'Intérieur, Moutari, l'ancien ministre de la Défense ainsi que Ahmad Jidoud, ancien ministre des Finances.
En septembre, les autorités les ont transférés dans les prisons de Filingué Say, Kollo dans la région de Tillaberi et Niamey et les ont poursuivis devant un tribunal militaire pour atteinte à la sécurité nationale.
Lire aussi :
Comment une mine d'uranium est devenue un pion dans le conflit entre le Niger et la France
"Les assaillants nous ont surpris à l'aube et ont tué plus de 200 personnes dont des nourrissons, des personnes âgées et des femmes enceintes "
Au Niger, qui sont les principaux acteurs du coup d'État ?