Le député Jean Michel Nintcheu fustige le montant de l’aide d’urgence octroyée par le président Paul Biya aux victimes des inondations dans le département du Mayo Danay, situé dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Avec un total de 350 millions de FCFA alloués pour près de 200 000 personnes touchées, le montant distribué par victime se limiterait à 1750 FCFA, un chiffre que l’élu qualifie d'« insultant » et « inacceptable ».
Les récentes inondations, survenues dans cette région entre août et septembre 2024, ont causé des ravages considérables. Le bilan provisoire, communiqué par le préfet du Mayo Danay, fait état de 11 morts, 200 000 personnes impactées, 103 000 hectares de cultures détruits, 185 écoles primaires inondées, 13 lycées touchés, 8 000 maisons détruites, et plus de 1 178 têtes de bétail perdues. Face à cette situation dramatique, les autorités locales ont lancé un appel à l’aide humanitaire.
Jean Michel Nintcheu a réagi vivement à cette annonce d’aide d’urgence, s’interrogeant sur la provenance des fonds et sur l’utilisation des budgets alloués à la protection civile. « Pourquoi ne pas mobiliser les 6 milliards de FCFA annuels prévus pour la direction de la protection civile ? », s’est-il insurgé, rappelant que ces fonds, censés répondre à des urgences comme celles-ci, totalisent 78 milliards de FCFA sur une période de 12 ans. Le député a également évoqué le chapitre 65 du budget général de l’État, destiné à couvrir des charges imprévues, et qui aurait consommé plus de 4000 milliards de FCFA entre 2010 et 2021.
Ces inondations, qui frappent périodiquement l’Extrême-Nord depuis 2012, révèlent selon Nintcheu une mauvaise gestion des infrastructures hydrauliques et agricoles dans la région. La digue du Logone, construite pour protéger les riverains et les cultures, se trouve aujourd’hui en mauvais état, bloquée par des herbes et algues, empêchant une régulation efficace de l’eau. « Pourquoi ne pas avoir pris des dispositions pour vider une partie du lac de Maga avant la saison des pluies ? », interroge le député, rappelant les dégâts à venir si de nouvelles pluies surviennent, comme le prévoient les météorologues pour les mois de septembre à novembre.
Jean Michel Nintcheu souligne également la dégradation de la Société d’Expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua (Semry), créée en 1971, et qui, selon lui, souffre de mauvaise gouvernance depuis l’accession de Paul Biya au pouvoir en 1982. Le député conclut en appelant à un changement radical de gouvernance pour mettre fin à ces tragédies récurrentes. « La seule issue pour nos compatriotes de l’Extrême-Nord est de transformer ces inondations meurtrières en torrent républicain pour évincer les gouvernants actuels en 2025, ou avant », écrit-il.