Depuis quelques jours, se développe une intense activité de construction sur la plage de Ngoyè à Kribi, initié par le Programme de compétitivité des filières de croissance (PCFC), une émanation du Ministère de l’économie, du Plan et de l’aménagement du territoire, qui a cru bon de venir planter sur la plage un projet sur financement de la Banque Mondiale à hauteur de 2 667 192 205 frs CFA pour la 1ère phase.
Un projet attribué aux étrangers
Le projet consiste en la création des aires de jeux, des aires pour l’organisation de foires et spectacles, des aires de sport, des aires de caravaning, un espace débarcadère pour pêcheurs, des espaces de bureaux, boutiques, restaurants panoramique ouvert 24h/24. Le dit projet est né dans la tête d’un « expert » en tourisme MAHEND, parachuté au PCFC et qui y fait la pluie et le beau temps.
Qui ont attribué le marché à un cabinet tunisien (STUDI International) pour le montage du projet et à des chinois TINAYUAN Construction group LTD. Il ne s’est trouvé aucun cabinet ni société de construction au Cameroun avec des Camerounais pour la réalisation du projet.
La communauté riveraine ignorée
Les études d’impacts environnementale et sociale ont été bâclées, les populations n’ont pas été consultées, ni les organisations de la société civile locale telles que le Syndicat patronal des Industries de l’hôtellerie et du Tourisme (SPITH), ou la Plate Forme du Tourisme de la Forêt Modèle Campo Ma’an.
Mais le PCFC, brandit un certificat de conformité environnemental e qui n’est que de complaisance quand on sait que cette activité, prévue par la loi est bien encadrée. L’écotourisme dont ce sont gargarisés les différents responsables du Ministère du tourisme et des loisirs et les experts du PCFC, n’est qu’un brouillage verbeux pour faire passer la sauce. Quelles populations, quelles communautés sont parties prenantes dans le projet pour parler d’écotourisme.
Le PCFC, argue qu’il s’agit de mettre en place un office intercommunal de tourisme qui devra gérer dans quelques mois, (à la fin des travaux) le site et tous les investissements proposés. L’office est il crée ? Que néni, quel en sera sa composition ? Quelle sera la répartition des places dans le conseil d’administration de cet office, d’abord entre les communes, et ensuite avec le secteur privé ? Personne ne le sait. Quel est le profil du candidat devant gérer cette méga structure ? Là encore le flou reste entier. Mais les travaux sont lancés.
En toute illégalité
Sur la plage de Ngoyè, alors que la loi foncière de 1973, interdit toute construction à moins de 50mètres de la dernière vague, le projet du PCFC est carrément les pieds dans l’eau avec des constructions en matériaux définitifs pour les puisards, les fosses sceptiques, un forage etc… sur un écosystème extrêmement fragile qu’est la plage. On va y implanter deux immeubles R+2 pour des bureaux.
Quel raisonnement peut légitimer la construction de toutes ces structures sur ce même espace ? N’y avait-il plus de terrains à Kribi pour mette les bureaux à l’intérieur des terres et laisser les aires de jeux sur la plage ? Sont ce là les recommandations de nos « experts « en tourisme ? Dans quel pays a-t-on vu la construction des bureaux pieds dans l’eau ? On nous promet, un espace caravaning.
Est-ce que les camerounais au jour d’aujourd’hui possèdent des caravanes qu’ils viendront implanter sur ce site quand on connait la dangerosité de cette plage de Ngoyè qui a connue de nombreux cas de morts par noyage ? Le Délégué du Gouvernement de Kribi, le Préfet de L’Océan ont pris à plusieurs reprises des arrêtés y interdisant la baignade. L’implantation du projet du PCFC, aurait rendu subitement le lieu sur ?
Un projet « éléphant blanc »
La forte érosion qui depuis des années ronge la plage de Ngoyè est si manifeste qu’on n’y trouve plus que quelques rares cocotiers. Les badamiers nombreux jadis, ont presque tous disparus. Nos éminents « experts », nous expliquent qu’ils vont prévoir des murets là où il faudrait construire des brises vagues en mer pour ralentir cette érosion qui dépasse largement le cadre de Kribi, puisqu’elle rentre dans l’augmentation du niveau de la mer dû aux changements climatiques.
Il est donc à craindre, que ce projet du PCFC, un de plus, soit à comptabiliser dans les cinq ans à venir parmi les éléphants blancs qui n’auront servis à rien, ni à la ville de Kribi, ni aux populations, mais dont les faramineux salaires auront été gonflés les poches des fonctionnaires de Yaoundé et leurs complices qui sont logés à la Banque Mondiale.