L’année 2015 aura été «une année aussi difficile que la précédente» pour la grande majorité des entreprises, selon le Groupement interpatronal du Cameroun (GICAM).
Au terme d'une assemblée générale ordinaire tenue jeudi dans la métropole économique, Douala, le président du plus important regroupement des milieux d'affaires, André Fotso, a déclaré que l'environnement global des affaires restait la principale préoccupation des chefs d'entreprises exerçant dans le pays.
Invoquant un sentiment malheureusement «très mitigé», il a déclaré que l'évaluation de la mise en œuvre de la vingtaine de recommandations issues du Cameroon Business Forum (CBF), la plateforme de dialogue public-privé, révèle des performances largement en dessous des attentes, malgré la formalisation récente, par décret du Premier ministre, de ce cadre de concertation.
«Le Cameroun figure désormais parmi les 20 économies considérées comme étant celles où il est le plus difficile de développer des affaires. Plus encore, notre pays est en recul dans presque tous les domaines de la facilitation des affaires», a constaté M. Fotso, parlant d'un signal très négatif que les milieux d'affaires considèrent «comme un véritable revers mais qui en réalité ne surprend pas beaucoup», la difficulté à implémenter des réformes étant désormais réputée malgré les bonnes intentions affichées et les nombreuses annonces.
En 2015, a soutenu le président du GICAM, les principales difficultés rencontrées par les entreprises se résument en une baisse des activités, de fortes tensions de trésorerie, la persistance d'une forte concurrence déloyale des importations et du secteur informel, la sempiternelle question de manque d'énergie électrique ainsi que les obstacles sur les exportations dans la sous-région.
Pour l'année finissante, la croissance du produit intérieur brut (PIB) du Cameroun devrait toutefois à nouveau avoisiner les 6%, grâce au bon comportement de certains secteurs tels que les bâtiments, les travaux publics, les services financiers (banque et assurance), l'augmentation de la production pétrolière, le commerce général, la téléphonie mobile ainsi que les grands chantiers d'infrastructures.
Pourtant, selon André Fotso, l'évolution de la croissance du pays reste largement en deçà de l'ambition affichée de gagner au moins un point de croissance chaque année, «ce qui montre l'urgence d'un sursaut en termes de réformes structurelles que nous ne cessons d'appeler de tous nos vœux pour espérer réaliser nos objectifs d'émergence dans les délais annoncés», c'est-à-dire à l'horizon 2035.
Le GICAM exige ainsi l'aboutissement de la loi sur les zones économiques et la publication rapide de ses textes d'application, l'implication à 40% au moins des entreprises nationales dans la réalisation des grands chantiers, le lancement d'une nouvelle dynamique pour l'amélioration du climat des affaires dans le cadre du CBF avec en ligne de mire l'amélioration du classement du Cameroun sur les échelles internationales, la prise en compte des entreprises existantes dans l'application de la loi d'incitation de l'investissement privé.
Le patronat insiste aussi sur l'intensification de la lutte contre la concurrence déloyale et l'adoption de mesures y relatives, la protection de la jeune industrie nationale, l'adoption d'une loi coercitive sur les délais de paiement, l'accompagnement pour la mise à niveau et la certification des entreprises, l'accélération des procédures pour une libre circulation effective des personnes et des biens en Afrique centrale, le développement et la promotion de systèmes financiers et de structures spécialisées adaptées à l'environnement des affaires.
Le GICAM a ainsi tiré la sonnette d'alarme sur le processus d'intégration «qui piétine et recule» en Afrique centrale, «alors que d'autres avancent à grands pas».
Le patronat a par ailleurs admis 37 entreprises et organisations en son sein depuis début 2015, en même temps que 45 en étaient exclues pour non paiement de leurs cotisations depuis 2012,