L'affaire de corruption impliquant Glencore, le géant anglo-suisse du négoce et de l'extraction de matières premières, continue de faire des vagues, notamment au Cameroun indique le confrère Investir au Cameroun. Le 3 août 2024, l'avocat et homme politique camerounais Akere Muna a publié un message sur X (anciennement Twitter) annonçant son intention d'organiser une marche pacifique à Londres. L'objectif : exiger la divulgation des noms des Camerounais corrompus dans cette affaire.
En novembre 2022, Glencore a été condamnée par la justice britannique à payer une amende de 276 millions de livres sterling (162,73 milliards de FCFA) pour des actes de corruption visant à obtenir des contrats pétroliers dans cinq pays africains, dont le Cameroun. La société a admis avoir payé environ 79,6 millions de dollars (environ 50 milliards de FCFA) à des sociétés intermédiaires pour obtenir des avantages indus. Parmi les bénéficiaires présumés figurent des responsables de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et de la Société nationale de raffinage (Sonara), auxquels auraient été versés environ 7 milliards de FCFA.
Le 30 mai 2022, Adolphe Moudiki, administrateur-directeur général de la SNH, avait nié toute implication de la société dans ces pratiques, tout en sollicitant une enquête pour vérifier ces allégations. Toutefois, le 2 août 2024, la SNH a publié un communiqué indiquant que les dirigeants et employés de Glencore impliqués dans ces actes de corruption comparaîtront devant le Tribunal de Westminster à Londres le 10 septembre 2024. Une plainte a également été déposée devant le Tribunal criminel spécial (TCS) au Cameroun pour identifier les complices locaux.
« L’administrateur-directeur général de la SNH, le ministre Adolphe Moudiki, porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale que les dirigeants et employés de la société Glencore, auteurs des actes de corruption commis au détriment de la SNH, ont été identifiés, et comparaitront devant le Tribunal de Westminster à Londres, le 10 septembre 2024. Cette information, qui vient d’être rendue publique, marque une avancée significative dans la recherche de la vérité dans cette scabreuse affaire. La SNH, qui a introduit une plainte devant le Tribunal criminel spécial (TCS) le 6 novembre 2023, pour identifier les complices camerounais de ces actes de corruption, est confiante que l’issue de la procédure à Londres permettra l’accélération des enquêtes au niveau du TCS », peut-on lire dans un communiqué publié le 2 août 2024.
Akere Muna, fervent défenseur de la transparence et de la lutte contre la corruption, critique l'approche de la SNH et appelle à une action plus directe. Il encourage les Camerounais résidant au Royaume-Uni à se joindre à lui pour organiser une marche pacifique à Londres, visant à présenter une pétition au procureur général du Royaume-Uni.
« la SNH peut -elle expliquer pourquoi notre pétrole brut a été vendu avec une remise de 30 % en dessous du prix du marché ? De plus, pourquoi notre pétrole brut a-t-il été vendu à Vitol (un trader accusé de corruption en Amérique latine) avec une remise de 70% ? L’accord de plaidoyer avec le département de la justice des États-Unis exige que Glencore coopère pleinement avec les autorités d’enquête camerounaises. Par conséquent, la SNH devrait suspendre toutes les transactions avec Glencore, en raison de leur corruption avouée, et les contraindre à révéler leurs complices camerounais. Les coupables se trouvent au Cameroun, les transactions à l’origine de la corruption ont eu lieu au Cameroun, et pourtant ils s’attendent à ce que nous croyions que la solution viendra de Londres. Il est clair qu’une action doit être entreprise localement. Si les poissons ne peuvent se braiser, le peuple le fera. Nous prévaudrons, et la vérité prévaudra ».