Ayant fait de la communication l’une de pierres angulaires de son management, le directeur général de Cameroon water utilities (Camwater), Blaise Moussa, de passage au Salon de l’action gouvernementale (Sago), il y a quelques jours, s’est voulu fort disert sur cette entreprise dont il a la charge.
Tout en mettant en exergue les chiffres et les statistiques, le message que le Dg a de prime à bord voulu passer la rampe auprès des populations est celui de l’urgence qu’il y a pour les Camerounais à prendre massivement des abonnements Camwater. Toutes choses qui permettraient alors à cette entreprise, non seulement de se maintenir à flot, mais également d’améliorer davantage la qualité de ses services, pour leur grand bien.
« Qu ’ est-ce que nous attendons pour aller vers Camwater, pour prendre un abonnement ? L’Etat fait tout pour produire de l’ eau potable », s’est demandé, face à la presse, Blaise Moussa. Ce d’autant plus que, d’énormes efforts consentis par l’Etat pour assurer l’alimentation en eau potable dans les milieux urbains et péri-urbains ne semblent pas être pris en compte par les populations qui traînent le pas souscrire à des abonnements sur lesquels fait fond Camwater pour mener à bien le new-deal managérial institué par son directeur général, dès sa prise de fonction, après sa nomination le 30 septembre 2022.
« Camwater, c ’ est 60 forages industriels dont la capacité de production est au moins exprimée en m3, soit de 20 à 200 m3 ; deux barrages de retenue d’eau et 117 centres équipés. Nous disposons de 43 stations de reprise. Notre capacité de production est de 858000 m3 par jour et la capacité de stockage cumulé 282000 m3. La longueur du réseau de 7827 km », indiquait le Dg.
Toutes choses qui placent, en termes d’investissements en ce qui est de la production d’eau potable, le Cameroun loin devant certains pays africains comme la Côte d’Ivoire ou encore le Ghana. Il faut dire que, si tant est vrai que certains défis qui justifient le coefficient important des pertes d’eau sont à relever, à l’exemple de l’incivisme et du vandalisme sur le réseau, du manque de normalisation des équipements de construction des réseaux, le nombre d’abonnés, soit 550000, pour un potentiel d’au moins 3 millions d’abonnés, est bien en deçà des attentes de Camwater.
Un nombre qui est très inférieur à celui enregistre en Côte d’Ivoire qui compte 28 millions d’habitant, et celui du Ghana 34 millions. Le Cameroun bien sûr en compte 25 millions. Les taux de desserte en Côte d’Ivoire et au Ghana étant respectivement de 80% et 77% contre seulement 34% pour le Cameroun.
A cette allure, « Camwater va avoir de la peine à être viable sur le plan comptable, financier, économique et technique et va fonctionner en deçà du coût moyen à cause du nombre d’abonnés », avertit Blaise Moussa, le Dg de cette structure.
Les tiroirs
Les populations sont donc appelées à plus d’efforts pour un réconfort, histoire de combler le gap dans la desserte entre le Cameroun et les pays cités supra. Pour autant, l’Etat et le top management de cette entreprise restent déterminés à ranger définitivement dans les tiroirs de l’oubli les sempiternels problèmes d’eau potable que ce pays a connus ces dernières années. C’est ainsi que par exemple, la capitale Yaoundé bénéficie aujourd’hui de 185000m3 d’eau par jour produite par Nkolnyada 135000 m3 et la Mefou 50000 m3.
Dans de brefs délai, 300.000 m3 s’ajouteront par jour dans la ‘’ ville aux sept collines’’. Quant aux problèmes liés aux normes de ses équipements, Camwater prévoit de bâtir dans le cadre de la politique de l’import-substitution des usines pour les éléments de construction des réseaux et des branchements au Cameroun.
En perspective cette entreprise a pensé à traduire, sur les plans micro-sectoriels, la production sur une capacité de mise à disposition de l’eau potable à travers un document appelé Programme prioritaire quinquennal d’investissement 2023-2027. « Ceci dans le but de développer les infrastructures constituées de production, de distribution, de stockage, ainsi que celles de commercialisation de l’eau potable pour un accès beaucoup plus assuré de l’eau potable aux populations », soutient le Dg.
Ainsi donc, il est question entre 2023 et 2025 d’achever les projets en cours et finaliser la maturation des projets, à même temps qu’il faut engager les travaux pour lesquels le processus de maturation et d’instruction auront abouti. C’est dans cette perspective que s’inscrivent les raccordements actuels des quartiers Mbankolo, Tsinga, et Nkomo au projet PAEPYS qui capte l’eau à distribuer depuis le fleuve Sanaga.
De 2025 à 2027, elle pourra « intensifier les actions de desserte en eau potable portées par la mise en œuvre effective des projets d’ envergure déjà maturés lors de deux premières années et pour lesquels les ressources sont disponibles », dixit le top manager, Blaise Moussa.
Milieu urbain
Toutefois, il faut rappeler que la Camwater est chargée de la gestion des biens et droits affectés à la production de l’eau potable en milieu urbain et péri-urbain ; mais également de l’exploitation du service public de production, de transport, de distribution et de commercialisation de l’eau potable.
C’est à elle qu’incombe la construction et la gestion des infrastructures liées au service public de l’eau potable et d’assainissement ; tout comme la gestion du patrimoine hydraulique de l’Etat en milieu urbain et péri-urbain, ainsi que le contrôle de la qualité d’exploitation du service public de production, de transport et distribution de l’eau potable. Fort de ces missions, Camwater a fait du développement durable de l’eau potable son leitmotiv, en droite ligne de la politique gouvernementale.
Conscient que, comme aime à le dire Blaise Moussa en pastichant le président de la République, Paul Biya, l’eau potable est au centre de tous les enjeux pour les populations et que « tant que les Camerounais mourront de soif, son combat ne sera pas terminé ». Suffisant alors pour que ce combat pour la production et la distribution en eau de qualité et en quantité soit inscrit dans le cadre de la SND 30.