Sur le marché postal camerounais aujourd’hui, les opérateurs illégaux en activité sont plus nombreux que les opérateurs évoluant dans la légalité.
Ceci est le résultat de la longue période de sensibilisation qui a démarré depuis 1999 avec la loi libéralisant ce secteur. L’administration postale, en l’occurrence, le ministère des Postes et Télécommunications (Minpostel) a attendu pendant 16 ans que les promoteurs des entreprises de messagerie et de transfert de fonds se rapprochent d’elle pour remplir les formalités exigées avant d’exercer le contrôle sur ces deux segments de marché.
Au cours de cette année 2015, ils sont à peine une soixantaine à avoir introduit des dossiers dans ce sens au Minpostel. Les derniers agréments délivrés à des opérateurs privés dans le secteur postal camerounais remontent au 09 octobre 2014. Ils étaient à l’époque au nombre de six : Messagerie et Tourisme pour l’Afrique (MTA), Express Exchange, Esico, Touristique Express et Sao Money.
Au Minpostel, les conclusions sont déjà tirées : ces opérateurs tant attendus n’ont pas la volonté de se conformer à la réglementation en vigueur. Raison pour laquelle l’administration postale a décidé de siffler la fin de la récréation. Surtout qu’au Minpostel, l’année 2015 a été placée sous le signe de la régulation. Dès le 1er août prochain, toutes les entreprises qui ne se seront pas conformées à la réglementation seront systématiquement fermées.
Avant d’y arriver, des équipes de la Brigade de contrôle des activités postales du Minpostel sillonnent depuis bientôt un mois, les différentes régions du pays dans ce qui est convenu d’appeler la campagne de répression contre les clandestins qui règnent pour l’heure en maîtres dans un secteur où les gains sont certains.
Dans la seule ville de Douala, des mises en demeure ont été servies à 33 opérateurs à qui il est reproché des installations anarchiques, des conditions de travail inappropriées et la concurrence déloyale. C’était le 02 juin dernier, lors d’une descente des équipes de la Brigade de contrôle des activités postales de la délégation régionale du Minpostel du Littoral.
Sur les 120 opérateurs privés exerçant dans la capitale économique, à peine une dizaine (sept exactement) a obtenu, entre fin 2014 et début 2015, des agréments. D’ici à ce que les résultats de cette campagne de répression soient connus, le cas de Douala illustre le malaise du secteur et l’urgence de l’assainir, une bonne fois pour toutes afin d’assurer à toutes les entreprises les conditions d’une saine concurrence.
Début janvier 2015, les statistiques du Minpostel faisaient état de 107 opérateurs exerçant dans la messagerie, 85 dans le transfert de fonds et 10 menant les deux activités. Soit un total de 202 opérateurs privés partageant ce marché avec la Cameroon Postal Services (Campost), opérateur public postal.
A la même date, parmi ces 202 structures, seulement 23 étaient reconnues. 37 étaient engagées dans le processus de légalisation tandis que les 140 restantes évoluaient complètement en marge de la réglementation. Aujourd’hui, le challenge dans le secteur postal est l’amélioration de la qualité des services postaux sans oublier le volet régulation.
Dans son message lors de la célébration de la Journée panafricaine de la poste le 18 janvier dernier, Younouss Djibrine, SG de l’UPAP (Union panafricaine des postes) pour justifier le thème « Régulation postale, facteur de stimulation de la croissance et d’amélioration de la qualité », avait déclaré : « Pour les opérateurs publics postaux (dits opérateurs désignés), ces enjeux couvrent à la fois les obligations du service universel, la viabilité financière et la compétitivité face à une concurrence souvent déloyale et impitoyable. Pour relever ce triple défi, ils ont donc besoin d’une régulation, mais surtout d’une bonne régulation du marché ».
A son niveau, le Cameroun a révisé son approche. La phase de la sensibilisation, du laisser-faire et des moratoires vient de laisser place à la répression. Il est temps d’en découdre avec les hors-la-loi. Les opérateurs ayant déjà reçu des mises en demeure disposent de 15 jours pour se conformer.
Passé ce délai, c’est la pose des scellés au siège de la direction générale, suivie de la fermeture systématique de toutes les agences à travers le territoire à compter du 1er août prochain. Une répression qui, on l’espère, ira jusqu’au bout cette fois, tout en tenant compte du sort des clients qui, pour certains, restent encore sur leur faim en ce qui concerne la qualité du service.